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No, death can't touch the crooked young.

» Critique du manga Naruto par LesMaximonstres le
29 Novembre 2014

Il est aujourd'hui possible de placer «Naruto» dans deux optiques différentes. La première est un constat objectif, disséquant avec précisions les qualités scénaristiques, visuelles et morales de l’œuvre puis analysant ses défauts dans le même cadre. Le résultat d'un tel procédé amènerait à un verdict consensuel et avec lequel la plupart sera d'accord. La série de Kishimoto est moyenne, décevant à peu près autant qu'elle a pu enthousiasmer, alternant par phase un chelsea smile des grands jours et une ganache nauséeuse, la tête au dessus de la cuvette, devant tant d'indigestion.

Mais voilà, il y a cet «autre Naruto». Ce Naruto de d'affect, du sentimentalisme qui nous a quelque part quasiment tous suivi dans une période s’échelonnant de cinq à quinze ans selon l'âge du lecteur. Le manga n'est pas un monstre inégalable en terme de qualité graphique (les trames se vident au fur et à mesure que les tomes s'empilent), narrative ou autres considérations techniques toutefois il est indéniable que nous somment devant un monument gargantuesque en ce qui concerne l'influence populaire et d'attachement. Faisons simple: qui n'a jamais été ému devant un chapitre particulièrement tragique? Qui n'a jamais été soufflé par la puissance dévastatrice d'un personnage? Qui n'a jamais rêvé de pouvoir activer son Sharingan dans la rue? Autant de preuves que l'impact émotionnel est définitivement présent et puissant au cour de chaque moments clefs et même parfois dans quelques scénettes apparemment anodines.

Bien sûr, sur le dernier axe est (trop) long. Bien sûr, certains partis pris de Kishimoto déçoivent. Bien sûr, en bon Nekketsu, les aventures du petit Uzumaki sont policées, bien pensantes et sincèrement moralisatrices. Mais est-ce là l'important? Je ne pense pas. Je prends le manga comme une œuvre de grand spectacle diablement efficace bourrée d'effets spéciaux, de rebondissements et délicieusement adolescente. Ce dernier point est important: la force d'un Shônen est aussi de remuer nos années lycée, de nous remémorer ces promesses perdues, ces amourettes sous-jacentes, ces tensions entre élèves. Sans s'orienter dans un climat scolaire pourtant courant dans le manga, Naruto réussit à synthétiser ce genre de ressentis. Et si ça rappelle à l'adulte que je suis ce genre de moments, imaginez à quel point l’œuvre est au plus proche de celui qui est adolescent au cours de la lecture intégrale. On trouve aussi une belle kyrielle de symboliques, notamment dans la figure de Dieu, la figure de l'adversité aux multiples facettes ou dans quelques anachronismes diffusé à l'occasion, ancrant volontairement le décor dans un aspect passé, certes, mais pas passéiste.

Les valeurs transmises par les protagonistes et antagonistes sont assez clichés mais elles sont finalement une approche assez sincère du sentiment humain. Même si on pourra reprocher la facilité et une certaine forme de complaisance vis-à-vis des ennemis (combien de méchants sont vraiment méchants? Pas tant que ça, en faisant le compte...), l'auteur reste sincère dans son envie de transmettre un message positif. Si on le prend au second degré, ce poncif présent à chaque recoin peut même donner un apport humoristique à la série. Oh allez, combien d'entre-vous rétorquent «Allez, on se croirait dans Naruto!» quand leur conjoint ou ami sort un phrase à l'eau-de-rose. L'humour, parlons-en. Il est l'ingrédient présent et servant à dédramatiser la situation et il est franchement réussi même s'il est plus occasionnel que dans d'autres séries du genre. Masashi Kishimoto fonctionne à coup de punchlines, glissant ça et là une réplique comique bien sentie qui fait bien souvent mouche.

Je suis franchement curieux de savoir ce que les générations futures penseront de cette série fleuve qui m'aura bercé. Peut-être qu'ils la verront comme une série longuette et parfois niaise mais peut-être aussi comprendront-ils l'aura qu'elle contient, la force de son univers imaginé de toute pièce et le rêve parfois cauchemardesque qu'elle nous aura décrit. Ce qui est sûr c'est que je garderais un sentiment de tendresse vis à vis de cette publication qui m'aura accompagnée un long (et parfois très bon) moment. 6,5 / 10, monté à 7 / 10 parce que l'adolescence est sacrée.

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

LesMaximonstres, inscrit depuis le 22/10/2014.
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