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Place aux kunoichi !

» Critique du manga Y Jû M par Shizao le
28 Décembre 2014

Y十M ou The Yagyu Ninja Scrolls est un manga inspiré de la série des Ninpôchô de Fûtarou Yamada, l'auteur Segawa Masaki a adapté une de ces histoires qu'est Y十M en manga après Basilisk. Il peut donc être considéré comme une séquelle à Basilisk puisque l'univers est le même et il y a également un personnage commun aux deux histoires, il n'est cependant pas nécessaire d'avoir lu/vu Basilisk pour comprendre The Yagyu Ninja Scrolls.

Une fois n'est pas coutume, ce sont les kunoichi qui sont mises en avant, à priori le début du manga ne le laisse pas présager : un samouraï, sept femmes innocentes issues d'un autre clan de samouraï, où sont les ninjas là-dedans ? Si l'on fait un minimum de recherche sur l'histoire de Yagyû Jûbei Mitsuyoshi (wikipédia suffit largement) on peut voir que durant sa vie de samouraï, il a été soupçonné d'être un ninja pendant une douzaine d'années et c'est justement sur cet aspect que l'auteur s'est concentré : pour que sept jeunes femmes qui ne connaissent rien de l'art du combat puissent se venger de sept guerriers puissants et aguerris, les différentes techniques ninjas sont parfaites, si le manga ne le dit pas explicitement, on peut tout de même voir que les sept héroïnes se comportement comme des kunoichi : déguisements, attaques surprises, stratégies, discrétion... Jûbei fait ainsi en sorte de former de vraies kunoichi capables d'atteindre leurs objectifs, mais soyons réaliste ça ne peut pas se faire en un claquement de doigt et il reste donc le personnage principal, lui aussi use des techniques ninjas. A l'image de Basilisk on voit l'affrontement de deux camps : d'un côté Jûbei et ses sept élèves, de l'autre Akinari, un daimyo, et ses "Sept lances" qui sont les auteurs du massacre du clan Hori, le fameux clan auquel appartient les jeunes femmes.

On est rapidement plongé dans l'histoire, c'est avant tout un manga d'action, les combats se basent sur la stratégie, la différence avec Basilisk c'est qu'il y a moins de place pour la fantasy (bien qu'elle soit présente) et Y十M a un côté plus traditionnel, les combats se font avant tout au katana. Dans le développement des affrontements, le manga laisse peu de place au hasard, c'est bien calculé, Jûbei et ses élèves sont capables d'exploiter la moindre faille pour mettre au point un plan : environnement, météo, caractère d'un ou plusieurs personnages, contexte politique... Les objectifs du groupe d'Hori sont élevés et au fur et à mesure du récit j'étais curieux de voir comment un samouraï/ninja expérimenté et sept kunoichi débutantes vont faire pour mettre à mal les sept lances d'Aizu. Le défi est d'autant plus grand que Jubei ne s'autorise pas à tuer Akinari ou un guerrier des sept lances, il laisse cette tâche aux sept femmes d'Hori, estimant qu'ainsi la vengeance sera "pure" en quelque sorte.

D'un point de vue global c'est un manga complet sur son thème principal : les femmes. Et là aussi l'image des deux camps est utilisé, le camp d'Akinari les maltraitent (viols etc...) tandis que Jûbei les respecte et les aide, le manga propose des développements variés sur l'aspect mental, des femmes faibles, d'autre plus fortes, sournoises voir violentes, cela reste dans un contexte médiéval donc à cette époque, l'homme est vu comme "supérieur" (utilisation du suffixe sama par exemple, trafique de femmes) bien que ça ne soit pas toujours le cas (hommes violés...).

Sur l'aspect physique, la différence entre les principaux protagonistes féminins est évidente, en revanche pour les personnages féminins lambda ça n'est pas vraiment le cas, toutes des brunes avec la même coiffure. Masaki Segawa utilise une technique de dessin particulière (à l'aide d'un ordinateur) et cela peut donner de très belles planches, sombre au niveau du charadesign, légèrement plus clair au niveau de l'arrière plan, les personnages se fondent bien dans ce décor réaliste.

Cependant malgré l'époque, les comportements des personnages et les évènements du manga montrent bien que Fûtaro Yamada voulait mettre en place une satire du misogyne qui devait être tout sauf rare à cette époque. Ainsi certains hommes pervers sont tournés en ridicule et certaines femmes se montrent intimidantes voir effrayantes, mais pas que, les évènements peuvent être vu sous différents angles et du coup l'histoire parait à la fois réaliste mais originale selon le point de vue où l'on se place. Et la satire de l'homme misogyne se voit notamment à travers le groupe d'Akinari : pervers, brutaux, trop sûrs d'eux... Et malgré ses faiblesses ils n'en reste pas moins intelligents lorsqu'ils sont lucides, ainsi leur crédibilité est sauve et la force qui leur est prêtée ne m'a pas semblé exagérée.

Au milieu de ces hommes et femmes qui vendent chèrement leur peau pour leur survie, le héros, Yagyû Jûbei. Issue d'un célèbre clan de samouraï, les Yagyû qui sont des proches du shogun et ont donc un statut social important, son double statut de samouraï-ninja est original et intéressant, les deux fonctions sont pourtant bien différentes et l'intérêt autour de ce personnage est de le voir combiner les deux. Le ninja doit être malin voir sournois, agit dans l'ombre, tente de réussir sa mission peu importe ce qu'il en coûte alors que le samouraï classique suit la voie du bushido (code d'honneur), se bat souvent en face en face et use moins de la ruse.

Jûbei se pose comme le juste milieu entre les personnages extrémistes du manga : les femmes qui détruisent les hommes, les hommes qui voient les femmes comme des objets... Jubei, lui, est un homme qui respecte les femmes. Voici donc ce que l'on peut interpréter comme étant son code d'honneur en revanche il n'hésite pas à être sournois, Jûbei est un personnage très malin, que ça soit en un contre un ou à un contre plusieurs ou pour agir dans l'ombre (infiltration, attaque surprise...), le Yagyû possède les caractéristiques des deux fonctions qu'il occupe, l'action n'en est que plus intéressante car face à un défi qui semble insurmontable, Jûbei se pose comme la plaque tournante d'un projet fou dont la réussite est loin d'être garantie. Il apporte également une touche d'humour à la série, se montrant souvent moqueur à l'égard de ses adversaires.

Pour conclure, je dirais qu'Y十M est un très bon manga qui se déroule à un rythme plutôt soutenu et qui offre un bon mélange action/stratégie avec un peu de fantasy, une intrigue intéressante même si elle a du mal à tenir sur la longueur et des personnages principaux plutôt variés.

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

Shizao, inscrit depuis le 28/12/2014.
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