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Quand combats et fantasy riment avec ninjas et tragédie

» Critique du manga Basilisk par Shizao le
05 Janvier 2015

Basilisk, un manga court mais intense adapté du roman Kôga Ninpô Chô de Fûtaro Yamada relatant une guerre de clans tout ce qu'il y a de plus classique entre les Iga d'un côté et les Kôga de l'autre. Une haine vieille de 400 ans scellée par un traité de paix par la famille du ninja Hattori Hanzou, mais voilà que ce traité vole en éclat pour le bien de la famille Tokugawa qui décide d'opposer les deux clans dans une guerre ninja, une vraie (coucou Naruto), afin de nommer son successeur, chaque clan représentant un des deux fils.

Entrons dans le vif du sujet, les deux clans se détestent mais se ressemblent : chacun a des sentiments (amour, amitié, haine...) mais ils agissent en vrais ninjas, des assassins efficaces et calculateurs lorsqu'il s'agit du combat. Les stratégies et luttes de pouvoirs très différents fusent, les deux clans ont un but très simple : détruire l'autre, cette histoire de shogunat n'est qu'un prétexte pour rompre le traité de paix qu'on leur a imposé mais nous verrons que des éléments plus complexes s'ajoutent à l'intrigue. A commencer par la relation entre les deux leaders de Kôga et Iga : Gennosuke et Oboro. Le premier est un leader charismatique, vu comme un ninja très puissant et respecté tandis qu'Oboro est une femme fragile, qui souhaite la paix mais ses camarades d'Iga ne lui en reste pas moins fidèles.

Au-delà des combats, les auteurs n'ont pas hésité à développer les vingt ninjas présents sur le champ de bataille malgré le peu de chapitres (34), le manga fait dans l'efficacité : c'est développé, l'intrigue arrive à son terme sur un rythme forcément soutenu avec une guerre très bien menée et qui tient en haleine le lecteur via bon nombre de rebondissements dans le déroulement des affrontements. Surtout concernant les différents pouvoirs des ninjas, ils ne servent pas uniquement à nous en mettre plein les yeux, ils ont un rôle clé dans le scénario et rien n'est laissé au hasard, pas d'incohérence à l'horizon. Ces fameux pouvoirs nommés logiquement ninjutsu collent bien aux atouts dont a besoin un ninja, certains permettent de tromper l'ennemi, d'autres de fuir ou encore de surprendre l'adversaire, bref, tout ce qui tourne autour de l'attaque surprise. La mentalité de l'histoire correspond parfaitement aux techniques ninjas, ici pas de restriction, le but est d'arriver à ses fins, peu importe la manière, lorsqu'il s'agit d'assurer la survie du clan, pas de chichi. Les combats sont rapides... Trop ? Non. Pourquoi ? Tout simplement car il s'agit de ninjas, le but n'est donc pas d'offrir de beaux combats qui trainent en longueur, le mot le plus juste ne serait d'ailleurs pas combats mais assassinats, la seule chose qui compte est de tuer l'adversaire et pour le tuer il faut partir avec un avantage certain avant d'attaquer et idéalement ne pas lui laisser l'occasion de répliquer. Le manga se veut très neutre sur les deux camps, c'est simple : il n'y a pas de méchants. On peut voir que du côté des Kôga les ninjas d'Iga sont vus comme des ennemis cruels qui pourrissent leurs vies et c'est la même chose de l'autre côté, pas de parti prit, juste une lutte sanglante dont le vainqueur récoltera les honneurs, d'abord ceux du Shogun mais surtout l'honneur d'avoir vaincu l'ennemi de toujours.

Les dessins sont atypiques, Masaki Segawa utilise notamment l'ordinateur pour incruster des éléments du décor et c'est fait à merveille, les personnages ont des cheveux très sombres qui contrastent avec leurs visages très blancs (comme n'importe quel personnage de manga ils sont forcément en noir et blanc, mais ici le contraste entre les deux couleurs est particulièrement voyant) ce qui donne un très beau résultat au niveau du charadesign. C'est d'autant plus appréciable que chaque ninja a une tête, une coupe de cheveux et des habits assez différents, on ne peut pas vraiment les confondre.

Basilisk, c'est un de ces mangas qui ne cherche pas à être original de par son univers ou son scénario. Je vous vois venir "mais alors ça sert à quoi de lire un truc où on se doute déjà de ce qui va arriver et qui sort pas de l'ordinaire ?" L'intérêt est tout simplement de connaitre le contenu de cette fameuse guerre, qui va se battre contre qui, qui mourra, qui survivra et comment les combats se dérouleront-ils ? On peut s'imaginer un puzzle parfaitement fait, encore faut-il savoir comment s'emboite les pièces. Et dans Basilisk la manière dont le scénario se met en place est particulièrement intéressante, c'est simple, je ne pensais pas à la fin car j'étais trop captivé par l'action bien ficelée que ça soit au niveau graphique ou par les techniques employés par les personnages, l'inventivité y est présente sans trahir l'esprit ninja et le rythme très rapide de la guerre me semble bienvenu car il symbolise bien la haine entre les deux clans : c'est rapide, pas de perte de temps, les sentiments oui, mais peu, car une fois en face du rival la plupart de ces shinobi deviennent cruels et sans pitié, après tout un vrai ninja ne s'embarrasse pas d'empathie et encore moins de pitié.

L'équilibre est donc bien présent pour moi, car comme dit plus haut il n'y a pas vraiment de "méchants" dans cette histoire : tel personnage en tue un autre en tirant une tête de méchant de l'histoire ? Ca n'est que vengeance par rapport au passé, et ça pour les Iga comme pour les Kôga, ça n'empêche pas de voir la tristesse de ceux qui perdent un proche, le côté humain est présent mais ne prend pas le pas sur la mentalité shinobi, donnant ainsi tout son réalisme et sa maturité au manga et formant un joli contraste avec les capacités des personnages qui apporte donc un côté fantasy... Et ça c'est assez original au final.

Passons aux cas les plus intriguants du manga : Iga Oboro et Kôga Gennosuke. Les futurs chefs des deux clans rivaux mais ils sont amoureux. Une relation impossible qui pèsera tout le long du manga et qui font de ces deux là des personnages atypiques comparés aux autres ninjas qui ont hâte de se sauter à la gorge pour en finir avec l'ennemi de toujours. Probablement que ces deux personnages vous inspireront quelque chose, à vous de voir pourquoi : trop niais ou touchants ? En tout cas moi j'ai été convaincu par Oboro et Gennosuke. Pas difficile pour le deuxième, son charisme et sa force faisant de lui un personnage que je trouve très classe au final, mais au-delà de ça le dilemme qui le torture est aussi intéressant à suivre et j'ai trouvé son comportement lors de ce conflit très satisfaisant. Quant à Oboro, c'est plus compliqué mais sous ses airs de boulet se cache mine de rien un personnage qui sort de l'ordinaire par rapport au contexte et dont l'évolution du comportement également est tout à son honneur, sans spoiler, la raison de son comportement niais est expliqué d'emblée et reste crédible à mes yeux par rapport à ce qui s'en suit.

Ce duo a pour moi apporté en grande partie la dimension humaine dont avait besoin le manga pour vraiment proposer une intrigue un peu plus mature qu'un simple règlement de compte entre clans. Si je devais reprocher quelque chose à Basilisk, ce serait un peu plus de développement au niveau des personnages en général, ce que l'animé a su faire sans trop freiner le rythme de la guerre, sans oublier l'opening, les endings et les ost qui donnent d'autant plus d'épaisseur à une ambiance déjà bien installée dans la version papier.

Pour finir, on peut dire que Basilisk c'est très bon malgré le peu de chapitres : une guerre basée sur des stratégies bien organisées, des persos avec des identités bien marquées, une romance qui a un vrai impact sur le scénario et un contexte historique sympa.

Verdict :9/10
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A propos de l'auteur

Shizao, inscrit depuis le 28/12/2014.
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