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The Bugle Call : le renouveau de la Dark Fantasy?

» Critique du manga The Bugle Call par Matchoss le
21 Juin 2025

Cela vous dit de lire un peu de vrai Fantasy, de revenir aux bases, pas de réincarnations, pas de transport vers un autre monde, juste un univers fantastique qui mêle Europe Médiévale, êtres aux pouvoirs étranges et immenses tours énigmatiques qui surplombent le paysage? Puis, si on se rapproche un peu de la Dark Fantasy, ce genre littéraire qui a connu ses heures de gloire et qui manque cruellement de nouvelles œuvres à se mettre sous la dent, vous êtes partant? Et bien, parlons alors de The Bugle Call.

Pour faire de la bonne fantasy, rien de mieux qu’un protagoniste qui débute son histoire dans une troupe de mercenaires. Certes, c’est un classique du genre, mais c’est toujours mieux que le jeune gamin élu qui doit sauver le monde d’un roi-démon. Notre protagoniste, Luka, fait partie des Branchu. Ce sont des personnes avec un bout de branche sur le corps qui leur confère des pouvoirs tant qu’ils sont à portée d’une Tour. Il n’a qu’un rêve : devenir ménestrel. La musique, c’est sa passion. Seul problème, sa troupe s’est faite décimée par le Pape qui lui propose de mettre ses pouvoirs à son service et de devenir le commandant des armées papales afin d’affronter la Couronne de Fleurs. Mais, sauver le monde, très peu pour lui, à la limite sauver ses proches c’est jouable; quitte à sacrifier quelques soldats au passage. Ce n’est pas qu’il soit dénué de morale, mais il a grandi au sein d’une troupe de mercenaires où l’on cherche avant tout à survivre. Et surtout, sa particularité de Branchus, fait qu’il a toujours été rejeté par la plupart des hommes, ce qui ne l’incite pas à faire preuve d’une grande empathie envers des inconnus. Au final, on a un point de départ assez sombre pour notre protagoniste, mais qui amène un vrai développement pour sa personnalité qui évolue au fur et à mesure des rencontres avec ses autres camarades Branchus et des liens qu’il crée avec eux.

Le côté Dark Fantasy, je vous laisserais juger. Il est mis en avant par l’éditeur, mais je trouve qu'on n'est pas totalement dans le genre, on y met un pied. On a des thématiques qui s’en rapprochent. Le monde est dur, les faibles sont balayés au gré des conflits des puissants. Mais, c’est le Moyen Age, la civilisation est encore bien en place, on n’est pas dans un monde apocalyptique, même s’il pourrait le devenir au vu des pouvoirs de la faction ennemie. On a bien aussi le héros un peu sombre à la vie difficile. Mais, l’ambiance générale ne rentre pas totalement dans le cadre de ce que j’imagine comme de la Dark Fantasy. On est plus sur du Vinland Saga auquel on aurait ajouté des individus avec des pouvoirs que sur du Berserk et ses représentations du Mal. Mais cela n’empêche pas bien sûr d’avoir un récit plutôt mature qui aborde la cruauté de la guerre et de l’époque médiévale. J’aimerais que le récit parvienne à aller un peu plus loin sur cet aspect et dépasse le simple récit de combats et de batailles sur lequel il semble se diriger. Et aussi, s’il pouvait aussi développer le côté musical qui est très sous-exploité, ce serait parfait.

L’univers est assez fascinant. On est clairement dans une Europe Médiévale alternative qui voit s’affronter les états pontificaux et le royaume d’Angleterre bien que les noms soient différents et la situation politique bien différente. Il est assez possible de tracer des parallèles entre notre histoire Du coup, quand l’essentiel des conflits de ses premiers tomes se passe dans une France Alternative (avec Limoges pour capitale), c’est déjà assez facile de s’identifier et d’accrocher. Mais surtout, c’est la partie fantastique qui fascine. On a ces gigantesques tours, ces monolithes immenses et mystérieux, sources de pouvoirs et de savoirs, convoités par les puissances de ce monde. Et bien sûr les Branchus, ses êtres aux pouvoirs surnaturels ayant un bout de branche qui leur pousse sur le corps. Leurs pouvoirs sont présentés de manières originales avec en premier lieu celui de Luka et sa capacité à diriger les gens au son de sa trompette et de la lumière qu’il produit. Un pouvoir purement utilitaire qui n’est pas là pour jouer en première ligne.

C’est là qu’on va parler de l’autre point fort de la série : l’usage des pouvoirs et la stratégie militaire. L’auteur pose clairement des limites aux pouvoirs des Branchus. Tout n’est pas possible, la volonté ne suffit pas à dépasser ses limites, on est pas dans un shonen (pour le moment en tout cas). Puis avec le pouvoir particulier du héros, ça impose un cadre particulier où les pouvoirs sont utilisés de manières stratégiques et coordonnées que ce soit lors des affrontements entre armées ou face à un autre Branchu. Il en ressort un sentiment de maîtrise du système de pouvoir et d’une réelle réflexion sur le potentiel de chacun d’entre eux.

Par contre, je suis un peu moins convaincu par les personnages. Luka étant un peu distant, il n’est pas facile de le prendre d’affection. Il gagne des points car il n’est pas naïf et il paraît comme réellement intelligent.
La troupe qui l’entoure est composée de personnages sympathiques avec leurs défauts. Ils font un peu bande de bras cassés, mais il manque un peu de liant entre eux. Ils ont du mal à se démarquer et ne donnent pas un groupe très mémorable par rapport à ce qu’on peut voir ailleurs.
Cependant, les antagonistes dans l’ensemble sont bien travaillés, on sent que l’auteur se plaît à les développer. Ils bénéficient de plus d’attention, ce qui n’est pas pour me déplaire même si ça déséquilibre un peu le récit.
Il reste bien sûr le personnage du Pape, le nouvel employeur de Luka. C’est le manipulateur par excellence, est-ce un salaud ou non? C’est un peu le cœur de l’intrigue et ce qui nous tient en haleine. C’est le genre de personnage qu’on adore détester. Il est pour le coup vraiment fascinant.

Côté dessin et mise en scène, je trouve qu’on a du bon boulot. Il y a de belles trouvailles visuelles pour mettre en avant le pouvoir de Luka. Les faisceaux de lumière sont un moyen simple mais efficace pour nous faire comprendre l’action que ce soit pendant les combats rapprochés ou sur les plans d’ensemble des batailles. Il y a aussi un petit côté granuleux et sale du trait qui renforce le côté sombre de l’univers. Par ailleurs, le dessin s’améliore assez nettement au fur et à mesure des tomes.

En conclusion, je ne sais pas si The Bugle Call est le nouveau porte-étendard de la Dark Fantasy actuelle. Je ne sais pas si c'est vraiment de la Dark Fantasy. Mais, c’est une proposition très intéressante en termes de fantasy médiévale qui s’appuient sur un univers intéressant, un système de pouvoir original et des stratégies bien pensées. Nous avons le droit à de belles promesses, mais j’attends que l'œuvre gagne un peu en profondeur et exploite un peu plus ses personnages secondaires.
Bref, on a un très bel emballage pour avoir un très bon récit, il ne reste plus qu’à transformer l’essai!

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

Matchoss, inscrit depuis le 15/03/2021.
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