Les OST de Trigun sont les plus indiquées pour s'initier à la musique de Tsuneo Imahori. On y détecte déjà une certaine tendance à essayer divers effets surprenants, sans que cela ne déroute trop l'oreille. D'un point de vue mélodique, la plupart des pistes se réfèrent en général soit au monde du jazz, soit au western, soit au bon vieux rock d'antan. Imahori est à l'aise dans tous les genres différents, sans point faible. Toutes ces références se trouvent réunies par le recours à l'électronique, jamais envahissante et utilisée à très bon escient.
Les instruments classiques tels que la flûte, la guitare, la batterie, le saxophone, croisent sans problème les nappes de son électronique et les rythmes electro. Ce mélange des genres empêche que l'on ne s'ennuie, mais surtout, il nous prouve en permanence à quel point Imahori est doué, à quel point il est capable de passer de références modernes à une ambiance musicale volontairement désuette, mais réorchestrée de façon excellente et surprenante.
Les morceaux d'anthologie sont légions. "No Beat" évoque très bien ce que pourra livrer plus tard le guitariste sur Texhnolyse (très électronique), "Big Bluff" est un morceau très calme d'un classicisme parfait, avec pourtant une petite touche Imahori, un léger traînement dans certains sons, qui montre que le compositeur aime trafiquer tout ce qu'il fait, même très légèrement. "Blue Funk" sent bon le western dégingandé avec sa guitare criante et son rythme gouailleur, tandis que "Cynical Pink", très bizarre, n'en parvient pas moins à s'enfoncer dans le crâne de l'auditeur.
Il y a tellement de bons morceaux que ça ne sert à rien de tous les commenter...
Je finirais par évoquer simplement l'une des chansons les moins cucul que j'ai pu entendre dans le vaste monde de la j-pop ultra-sucrée : "Sound Life". La voix quelque peu formatée de la chanteuse se trouve complètement prise dans un rythme très surprenant, avec une guitare sèche et des sonorités résonnantes, si bien qu'après la désagréable première impression d'avoir encore affaire à une chanson de j-pop minable, on finit par s'y prendre, et par ne plus pouvoir la séparer du reste du disque : une réussite discrète mais remarquable.
Encore un disque excellent de Tsuneo Imahori, qui ne parvient pas à faire dans le médiocre. Cette musique s'écoute très bien toute seule, je n'ai pas vu Trigun, mais j'aurais presque envie de m'y mettre après avoir entendu ça.
