Babylonia - le fanservice passionné

» Critique de l'anime Fate/Grand Order - Absolute Demonic Front: Babylonia par Anon le
18 Avril 2020
Fate/Grand Order - Absolute Demonic Front: Babylonia - Screenshot #1

Pour comprendre d’où sort Fate/Grand Order : Absolute Demonic Front Babylonia, il faut se pencher un peu sur l’histoire de Fate, ou plutôt, sur l’histoire de la licence, qui commence à devenir sacrément complexe même pour ceux qui mettent régulièrement le nez dedans. Accrochez-vous, ça va être un peu long.

Fate Stay Night, premier du nom, est le visual novel dont part tout le souk, et dont les trois scénarios alternatifs se sont vus adaptés d’abord par le studio Deen. On lui doit la discutable adaptation de 2006 qui n’a pas très bien vieilli, et le film Unlimited Blade Works. Fate est un peu tombé dans l’oubli ensuite, jusqu’en 2010 où les studios Ufotable, dont on ne fait plus la réputation, ramènent sur nos petits écrans Fate/Zero, adaptation du roman préquel, suivi quelques temps plus tard par le reboot de Unlimited Blade Works, et finalement par la saga cinématographique Heaven’s Feel (techniquement finie même si le Covid repousse à l’infini la sortie du troisième volet). On a ici l’ensemble de base de la licence Fate.

Fate/Grand Order - Absolute Demonic Front: Babylonia - Screenshot #2Seulement voilà, Fate est depuis devenu un gigantesque réseau cross-media: jeux vidéos divers, mangas, spin-off se bousculent au portillon. Côté anime, on a vu débarquer des trucs potable sans plus (Fate/Apocrypha), des spin-off aberrants qui s’en sortent étrangement bien (Fate/Kaleid Liner Prisma Illya) ou des trucs tellement obscurs que même les fans hardcore s’y perdent (Last Encore). Pour le spectateur «anime-only» on ne va pas se mentir, c’est devenu compliqué de suivre les péripéties de Fate dans l’animation.

Là où c’est devenu encore plus compliqué, c’est quand on s’est aperçu qu’un certain jeu mobile, Fate/Grand Order pour ne pas le nommer, était une vraie usine à fric, et que ce serait quand même vachement bien de l’exploiter en anime. Seulement il y a un hic. Grand Order rassemble l’intégralité du lore et des personnages des séries Fate, sans parler de tout ce qu’il rajoute de lui-même au mélange, et par conséquent, Grand Order est long et compliqué. Et pas toujours très intéressant. Ainsi, la tentative risible d’adapter Fate/Grand Order: First Order, en OAV, n’a rencontré qu’un échec cuisant, et c’était bien parti pour s’arrêter là.

Fate/Grand Order - Absolute Demonic Front: Babylonia - Screenshot #3Sauf que la production elle insiste, et c’est ainsi que les fans du jeu ont pu choisir via un sondage l’arc narratif qu’ils voulaient le plus voir adapté en anime. Je vous passe les détails, mais on en est arrivés à la production de la singularité Camelot en films par Production IG (qui ne sont pas encore sortis à l'heure de cette critique), et donc de Babylonia en série par Cloverworks. Autrement dit, les deux dernières singularités (chapitres) du jeu. La fin de l’histoire, quoi. On peut pas en vouloir aux joueurs, les cinq singularités qui viennent avant ne sont pas franchement passionnantes.

Alors concrètement, si vraiment vous vous êtes mangé tous les Fate au point de vouloir tester Babylonia, sans jamais avoir touché à Grand Order, vous êtes probablement assez vénère pour aller lire les pages wiki nécessaire à la compréhension générale du délire. Mais dans les faits, Babylonia est avant tout un anime fait pour les fans, qui dégouline de fanservice, et qui se permet par dessus le marché d’être d’une qualité indéniable.

Fate/Grand Order - Absolute Demonic Front: Babylonia - Screenshot #4Le scénario est basique: dernier Master de l’humanité, Ritsuka Fujimaru se bat aux côtés de l’organisation magique Chaldea pour, grosso modo, rétablir des anomalies "Singularités" dans l’Histoire, qui risquent de mener à la destruction de l’humanité. La singularité de Babylonia l’emmène dans la cité d’Uruk, sous le règne de Gilgamesh, qui est en pleine guerre contre une alliance de déesses maléfiques. Et après, baston.

Le succès monstrueux de Babylonia tient à un argument imparable: le fanservice. Mais attention, je ne vous parle pas de fanservice à base de filles à poil et de plan culottes, mais de ce fanservice qui fait plaisir, celui où on vous développe vos personnages préférés, celui où on adapte en beauté les passages du jeu qui vous ont fait pleurer, celui où on sublime l’oeuvre originale. Par ailleurs très bien rythmé entre développement du casting, comédie et action, la série peut se vanter d’être solide; tout en restant globalement fun et décomplexée, elle parvient également à créer sa petite étincelle d’épique et de tragique propre à n’importe quel Fate qui se respecte. Après, bien sur, ça reste un scénario de jeu vidéo et on perçoit clairement les combats de mobs, les combats de boss, et le pouvoir magique de Fujimaru de draguer absolument chaque déesse qu’il va rencontrer, mais c’est fait de manière tellement qualitative que y’a pas moyen de se plaindre. La force de l’histoire repose aussi sur le charisme de ses personnages, avec en tête un Gilgamesh pour une fois gentil mais toujours aussi mélodramatique, et toute une bande de joyeux drilles que je vous laisse le plaisir de découvrir.

Le second argument imparable de Babylonia, c’est le budget. La question de l’animation est certainement un vrai poids pour un studio qui s’essaie à Fate, la fanbase ne démordant pas de la «qualité Ufotable». Cloverworks ne s’est pas démonté et l’animation ne se ternit par d’un iota sur la vingtaine d’épisodes, offrant des scènes de combat d’une puissance et d’une tension dramatique absolument géniaux, le final de la série tombant dans l’apocalyptique et la surenchère tellement badass que le coeur du fan n’en sortira pas indemne. A l’exception d’une CGI qui peine un peu à se mettre au niveau, tout transpire le travail bien fait. Quand on sait que la série est restée très longtemps en pré-production, on se rend compte d’une évidence que l’industrie a tendance à oublier: quand on laisse aux animateurs le temps et les moyens de faire leur travail, le résultat est propre. Visuels mis de côté, Babylonia s’offre également un vrai travail sonore, les bruitages étant souvent plus importants que les OST, ce qui participe à créer une ambiance très marquante (attention quand même si vous avez des écouteurs, ça peut faire mal).

De fait, c’est à mon sens la petite tragédie de cette série Fate: elle est probablement l’une des plus qualitatives, mais elle est aussi complètement hermétique, sauf si vous êtes capable de passer outre votre méconnaissance du lore pour aller vous enjailler devant ce pan exotique de la saga. Mais il semblerait que les joueurs de Grand/Order soient en tout cas un public suffisant puisque la singularité Solomon a été annoncée directement après la fin de Babylonia, et que maintenant qu’ils ont trouvé la bonne recette pour adapter le jeu, il n’y a pas de raison que ça s’arrête là. Babylonia semble donc annoncer une nouvelle ère pour Fate dans le monde de l’animation, alors que Fate/Stay Night tire définitivement sa révérence avec la fin de Heaven’s Feel. Toujours est-il que pour un fan, Babylonia était un vrai bonbon, et je veux bien en manger tout un paquet si on me le propose.

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

Anon, inscrit depuis le 28/07/2013.
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