Critique de l'anime Blue Submarine No.6

» par Afloplouf le
14 Mai 2008
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Petit rappel avant d'entamer la critique de cette page d'histoire pour Gonzo. Jusqu'alors, le jeune studio Gonzo était sous-traitant pour d'autres ou réalisait des vidéos de jeux vidéos. Mais en 1997, il décide de faire ses premiers pas dans la grande cour de la japanime. Ils ne choisissent pas une œuvre connue, et encore moins consensuelle, mais un manga qui est autant un pamphlet écologiste que tolérant : Ao no Roku Go. Il frapperont les esprits par l'utilisation de CGI (le studio est alors pionner à cette échelle) et des choix artistiques quitte à ne pas plaire au grand public (déjà). Il est certain qu'au regard des productions actuelles la technique est encore imprécise, notamment pour l'incrustation des effets 3D. Mais les critiques avait alors salué ces OAVs pour ce qu'ils étaient : une révolution graphique et l'acte naissance d'un studio majeur de la japanimation.

Ceci étant bien en tête, on est tout de même en droit de critiquer cette œuvre. Parlons d'abord qualité technique et graphismes. Vous comprenez bien, d'une part parce qu'il s'agit d'OAVs et d'autre part parce qu'ils se voulaient la vitrine d'un studio tout neuf, que les gens de chez Gonzo ont porté un soin tout particulier aux qualités graphiques de l'anime. On a salué a l'époque les CGI ; au regard des standards actuels, il est certain qu'on reste plus dubitatif. Les CGI ne sont pas toujours bien incrustés ; par ailleurs, ils sont peut-être nombreux et certains trouveront à juste titre qu'il gâche un peu le message de Blue Submarine n°6. Du reste, les décors sont très bien rendus et les effets sur l'eau, par exemple, sont bluffants. J'apprécie de même les efforts sur le mécha-design qui est varié et original quoiqu'un peu singulier au premier abord. L'animation est elle aussi parfois saccadé, mais là encore les combats se démarquent encore par l'utilisation du fait que dans l'eau, on ne se bat sur un plan mais dans un espace, un volume. On retrouvera cette qualité, avec une plus grande maitrise dans Last Exile. Le chara-design a été très travaillé. Blue Submarine n°6 est l'histoire d'un combat entre deux races : les hommes et les hybrides. Le chara-design de ces derniers a été confié à Takuhito Kusanagi qui a signé des dessins dans une visée très artistique (déjà !) tandis que le chara-design des humains est l'œuvre de Range Morata. Ce dernier signera plus tard sur le chara-design de Last Exile. Il livre ici une copie de bonne facture. La confrontation de ces deux artistes est à mon sens le plus gros atout graphique de Blue Submarine n°6. Ils apportent une véritable identité visuelle.

Côté audio, c'est encore plus réussi. The Thrill a livré une OST de qualité propre à accompagner l'anime. Il n'y pas de générique de début, c'est dommage mais courant pour les OAVs. Par contre, le générique de fin est bien là. Minasoko, du même nom que le dernier OAV, est un ending entraînant et qui apporte une conclusion de grande qualité à chaque OAV. Le reste de la bande-annonce est donc bon ; plutôt lors des phases d'action que des moments plus intimistes. Par moment, j'avais l'impression que The Thrill manquait d'ambition pour cette OST. Pour ce qui est des combats, histoire de conclure ce paragraphe, ils sont soutenus par des pistes dynamiques et au rythme que certains reprocheront (pas moi) d'être un peu trop similaire au travail de Yôko Kanno sur Cowboy Bebop ce qui est élogieux mais un peu exagéré.

Deux heures. C'est à pas peu près le temps cumulé des 4 OAVs ; et quelque part, ça me semble un peu court. J'ai lu que Ozawa, l'auteur du manga, et Maeda, le réalisateur des OAVs, avait mis du temps pour se mettre d'accord. Comme je n'ai pas lu le manga, je ne peux pas vraiment juger de la fidélité de l'adaptation mais on pourra au moins se mettre d'accord pour dire que le temps est sûrement trop juste. Les personnages sont riches, profonds, pour autant qu'on puisse en juger en si peu d'épisodes. Mutio illumine ces OAVs, bien qu'elle reste muette. Je ne retiens pas tant les combats qui sont perfectibles sur un plan technique que les moments où le message prend le pas sur le divertissement. Malheureusement, pour se promouvoir, a eu un peu trop tendance à insister sur le dernier aspect.

Le point de départ de ces OAVs est une tribune écologiste. A priori donc, c'était mal parti. Je sais l'importance de l'écologie mais ça m'a toujours rapidement ennuyé en anime et ailleurs. Sauf quand c'est bien huilé. Mais ici, ce n'est pas tant ça qui fonctionne. En effet, la catastrophe écologique n'est qu'un prétexte, une toile de fond à un autre discours. L'homme est-il fondamentalement mauvais ? Est-ce la société qui est en cause ? Peut-on cohabiter avec l'autre quand tout nous sépare a priori ? Questions classiques s'il en est mais qui sont traitées ici avec finesse et hors des sentiers battus. La tolérance, maître mot de cette production Gonzo, n'est pas ici un mot creux.

Un petit mot sur l'édition française. Côté image, c'est impeccable, Dybex – alors Dynamic Vision – a sans doute bénéficié de masters impeccables. Les choses se gâtent côté audio. La bande sonore japonaise est bien restituée mais la piste française souffre d'un défaut de spatialisation évident ; la perte est considérable. Pire, quand bien même je suis loin de parler couramment japonais, je trouve la traduction très libre dans les sous-titres. Ne parlons même pas doublage VF où les acteurs-doubleurs manquent de conviction, c'est plat. D'un autre côté, 2001, année de la licence française des OAVs, c'est presque la préhistoire de la japanimation en France.

En définitive, Blue Submarine n°6 est une œuvre essentiellement divertissante – et pas trop mal réussie de ce côté là – mais dont la véritable richesse se niche dans les moments plus calmes et le message loin des conventions qui vaut le détour. On sent encore les balbutiements d'un studio encore assez novice mais déjà prometteur.

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

Afloplouf, inscrit depuis le 14/05/2008.
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