DECA-DENCE — Halte aux décadences infernales

» Critique de l'anime Deca-Dence par Deluxe Fan le
24 Novembre 2020
Deca-Dence - Screenshot #1

Autrefois dominantes dans la conversation, les séries originales sont devenues de plus en plus rares dans une industrie devenue tellement averse aux risques qu’elle n’hésite plus à exécuter publiquement les productions originales qui sortent un tant soit peu de la norme. Pourtant, même si les industriels s’efforcent d’enterrer toute forme de créativité ou d’audace, certains auteurs tentent quand même de proposer un minimum de neuf.

Dans un futur lointain, la civilisation humaine a disparue, remplacée par des créatures monstrueuses appelées les Gadoll. Les derniers survivants de la race humaine ont trouvé refuge dans une forteresse mobile, le Deca-Dence, qui erre sans but à travers les continents dévastés. Le carburant qui permet au Deca-Dence de fonctionner est dérivé des Gadoll, ce qui oblige certains des habitants à risquer leur vie pour chasser les monstres.

Natsume est une jeune fille qui rêve de faire partie de ces chasseurs qui affrontent le danger à l’extérieur. Néanmoins elle est destinée à rester à quai et travailler à la maintenance sous les ordres de son patron taciturne Kaburagi. Les évènements vont toutefois s’emballer et pousser Natsume à se battre pour sa survie et pour dévoiler les secrets du Deca-Dence…

Deca-Dence - Screenshot #2Une histoire post-apocalyptique où les derniers survivants de l’humanité sont coincés derrière des murs et doivent se battre contre des monstres géants pour survivre et avec un personnage principal qui rêve d’explorer l’extérieur, ça vous rappelle quelque chose ? Je pense que tout le monde a compris où je veux en venir, et les producteurs de la série aussi ont sans doute accepté de financer la série sur la base d’un synopsis qui ressemblait beaucoup à une certaine franchise à succès.

Néanmoins c’est là que la série tire son épingle du jeu, puisque l’intrigue va très rapidement partir dans une différente direction. Le conflit entre humains et Gadoll et toute l’organisation du Deca-Dence ne représentent en réalité qu’une façade qui cache la véritable intrigue et le véritable propos de la série. On n’en dira pas plus ici, mais il faut saluer le choix des auteurs de partir d’un postulat connu voire cliché dans l’animation récente pour aller vers quelque chose qui se rapproche plus de la science-fiction proprement dite. On retrouve certains motifs typiquement japonais (notamment cette obsession pour les mondes virtuels sous forme de jeux vidéo) mais également des emprunts à la SF occidentale et particulièrement un certain film américain de 1999 avec Keanu Reeves dans le rôle principal, dont le titre commence par un M et finit par un X.

Deca-Dence - Screenshot #3La série se retrouve donc scindée en deux, avec d’un côté le parcours de Natsume dans le Deca-Dence et ses combats contre les monstres, et de l’autre l’intrigue autour de Kaburagi qui prend place dans un univers… particulier. C’est cet aspect de la série qui m’a intéressé le plus d’ailleurs, ne serait-ce que pour la rupture esthétique avec ce que l’on a communément l’habitude de voir dans ce type d’anime, mais également par la qualité de l’écriture du personnage de Kaburagi. Son conflit intérieur, ses décisions et sa résolution sont le moteur de la série et il vole la vedette à chacune de ses scènes ; et il est assez clair que c’est son histoire à lui que le réalisateur voulait raconter.

En parlant de ça, la série est produite par le jeune studio NUT composé entre d’autres d’anciens de Madhouse, tout comme le réalisateur Yuzuru Tachibana qui s’est fait connaître justement chez Madhouse en réalisant le court-métrage Death Billards puis la série télé Death Parade à l’âge de trente ans seulement. Il passera ensuite chez Bones pour réaliser l’adaptation à succès de Mob Psycho 100 ; autant dire que le mec est jeune mais aligne déjà un sacré CV. On ne peut pas dire que Tachibana soit le genre de réalisateur qui propose un « gimmick » particulier, mais les animes qu’il a réalisé ont pour point commun une certaine qualité technique qui se retrouve dans Deca-Dence avec des plans nombreux, variés, et une animation très compétente si on met de côté des monstres en 3D. Au passage le scénario est signé Hiroshi Seko, un des trois ou quatre scénaristes à peu près valables dans l’industrie actuelle, qui a bossé sur beaucoup d’adaptations parmi lesquelles Mob Psycho 100 justement, ou encore Vinland Saga et Jujutsu Kaisen récemment. Niveau série originale on a pu le voir à l’œuvre sur Kabaneri et Zankyo no Terror, et autant dire que Deca-Dence constitue son meilleur script original jusqu’à présent.

Lorsqu’on se désespère de trouver une série d’animation qui soit capable de raconter quelque chose sans être une adaptation de manga, de light novel ou de notice d’utilisation de lave-vaisselle on tombe sur quelque chose comme Deca-Dence qui nous rappelle qu’il y a toujours des raisons de croire. Le seul vrai défaut de cet anime finalement c’est que le premier et le dernier épisode sont les plus réussis ; mais c’est le genre de soucis que la plupart des séries rêveraient d’avoir. 7,5/10

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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