Critique de l'anime El Cazador de la Bruja

» par Starrynight le
26 Juillet 2007
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Dans la famille Bee Train, je demande un duo de jeunes filles qui n’ont a priori rien en commun, avec les éléments suivants : au moins l’une des deux ferait passer Calamity Jane pour une paralytique, la plus petite vit dans un état de perpétuel torpeur, montre progressivement des capacités extraordinaires et semble attirée pour une raison qu’elle ignore par une mystérieuse destination, une organisation secrète tire les ficelles dans l’ombre et une musique signée Yuki Kajiura. Après Noir et Madlax, le studio Bee Train a ressorti les bonnes vieilles recettes de grand-mère et a donné naissance à El Cazador de la Bruja. Hélas, c’est la montagne qui accouche d’une souris.

Malgré un cocktail qui – au moins sur le papier – ne manque pas de saveur et qui, pour moi, a fait ses preuves (Noir), la sauce ne prend plus, le plat est des plus insipides et je me suis enfui de la cantine avant la fin. Le staff en charge du projet m’a donné l’impression d’avoir laissé tous les ingrédients cités plus haut au placard et d’avoir voulu préparer quand même la cuisine en mettant n’importe quoi pour combler le manque. Et quand je dis « n’importe quoi », je pèse mes mots.

D’abord les personnages : Nadia sait flinguer, certes, mais est aux antipodes du charme de Mireille (Noir) et Madlax (idem) : elle est cruche, pas drôle et lassante. Ellis est autant frappée du syndrôme de Rei Ayanami que Kirika et Margaret (Noir et Madlax respectivement), mais son cerveau est pour le coup réellement en veilleuse. Sa voix est idiote et elle passe pour une débile mentale. Or, ce genre d’histoire tourne avant tout autour d’un duo charismatique. Là, c’est franchement loupé, les deux filles ont autant de charisme qu’une moule sur son rocher.

Ensuite vient le scénario … euh, le quoi ? Ah oui, l’histoire. C’est simple, elle peut quasiment se résumer par la phrase (extraite du synopsis) « Elles poursuivent leur voyage ensemble vers une mystérieuse destination dans le sud. » On the road again, again.

Le premier épisode est, comme il se doit, rempli de personnages divers et d’autant de promesses : hop on croise bidule, quelques minutes consacrées à machin, etc. On sait que peu à peu vont se tisser les liens entre les différents personnages et on attend la suite. Dix épisodes plus tard : tiens revoilà bidule pendant 30 secondes, mais c’est y pas machin, là, qui a articulé deux mots et s’est gratté l’oreille ? Ok, on a compris maintenant que A travaille pour B et que C est aux ordres de D, mais à part ça, on n’a pas avancé d’un pouce. Et pendant ce temps que font nos deux héroïnes ? Elles foncent vers on ne sait où, pour on ne sait quelle raison et appliquent avec assiduité le précepte shadok : « quand on ne sait pas où on va, le mieux est d’y aller et le plus vite possible ». On the road again, again.

Comme si rater les deux personnages principaux ne suffisait pas, les autres personnages constituent pour la plupart un beau ramassis de clichés et d’idiots (ascendant « sert à rien »). Catégorie numéro 1 : ceux qui reviennent régulièrement mais qui ne font pour ainsi dire rien : entre autres une gamine au visage poupin tout droit sortie des animes les plus niais qui puissent exister, une employée de bureau qui voulant fouiller le bureau de son chef et se retrouvant bloquée dans la trappe du conduit de ventilation trop étroit pour elle, s’exclame « zut, j’ai trop mangé ce midi » (fin de l’apparition du personnage dans cet épisode, la suite au prochain, si, si, c’est vrai) et son chef qui arbore un sourire enjoleur et carnassier pour bien qu’on comprenne que c’est un beau salaud, que c’est lui le méchant et que, pour la peine, il se fera buter par les héroïnes au dernier épisode.

Catégorie numéro 2 : les « one-shot », c'est-à-dire ceux qui sortent de nulle part, ne servent à rien pendant un épisode (à part donner la réplique aux héros) et repartent aux oubliettes dans les vingt minutes qui suivent. Là aussi, le staff de la série n’a reculé devant aucun sacrifice : des nonnes cliché de chez cliché, une jeune fille qui creuse des galeries à longueur de journées dans un coin paumé et désertique parce qu’il y a dix ans, papa lui a dit « creuse mon enfant et le ciel t’aidera » et qu’il ne lui est même pas venu à l’esprit de songer à peut-être remettre en question ce dogme établi, un méchant aux cheveux violets avec un gros casque audio (c’est cool de zigouiller en musique, il faut croire) qui lui va comme une mitre d’évêque à un pingouin, la liste est longue, mais il n’y en a pas un pour rattraper les autres.

Néanmoins, le fond est atteint avec la scène où deux bandits tirent sur des piles d’assiettes sur une étagère. Que croyez-vous qu’il arriva ? Les assiettes ne bougent pas d’un pouce, simplement il y a des trous, comme s’ils avaient tiré sur un mur. J’avoue que tant d’incohérence m’a laissé baba. Dans l’histoire, ils doivent même réussir à faire des impacts de balle sur l’air entre les assiettes. Il fallait être au bout du rouleau pour proposer un truc pareil et au bord du suicide pour l’accepter.

Ignorant tout ce remue-ménage (enfin ce serait bien, si le ménage se remuait justement), Yuki Kajiura signe une composition à la patte reconnaissable à dix lieues mais a réussi à ajouter quelques éléments nouveaux qui contribuent à l’ambiance western de l’anime : guitares sèches, harmonicas, flûtes de pan, etc. Mais que cela ne tienne, branchons l’autoradio, suivons Nadie et Ellis sur leur route en ligne droite jusqu’à l’horizon et … on the road again, again.

Bref, pour résumer cette longue diatribe, à partir d’éléments qui me plaisent a priori (j’ai un faible pour les femmes séductrices et tueuses … dans les animes) et des deux-trois premiers épisodes qui annonçaient une suite pas trop mal, on a droit à une histoire bateau et cousue de fil blanc, avec des ficelles aussi grosses que des amarres et une activité égale à l’encéphalogramme d’une paramécie. Une grosse déception pour moi. Bee Train a prouvé qu’une fois ça passe (Noir), deux fois ça lasse (Madlax) et trois fois ça casse (El Cazador). Il est plus que temps de changer de recette.

Verdict :3/10
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A propos de l'auteur

Starrynight, inscrit depuis le 18/06/2006.
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