En chacun de nous sommeille un ogre.

J’ai visionné cet anime il y deux jours et depuis un certain malaise persiste. Alors, pour la première fois, je me lance dans la critique pour tenter d’analyser tout ça.
Je ne dirai rien concernant le graphisme, la qualité de l’image, la fluidité des mouvements : c’est de haute qualité ; beau et sombre à souhait.
Non, ce qui m’intéresse vraiment, c’est le fond, l’histoire que l’on a voulue nous raconter. Selon moi, il s’agit d’un conte dans lequel est mis à nu le cirque grotesque et cruel du monde. Je vais essayer de m’expliquer clairement.
Dans cet arc du manga, Ciel et son majordome démoniaque intègrent un cirque afin d’enquêter sur des disparitions d’enfants. Bien entendu, on sait d’avance que ce cirque n’est qu’une couverture et cache des activités suspectes. De fait, tout est là : sous l’apparence de la magie et de la féerie se dissimule la noirceur de l’âme humaine. Le monstre ou l’ogre, c’est l’adulte, qui ment, qui travestit pour attirer les enfants qui incarnent l’innocence et la pureté à jamais perdues. Cet ogre les brise, les dévore, sans jamais être rassasié. Pire, ceux qui ne sont pas supprimés, sont à leur tour pervertis et changés en monstres, comme les membres du cirque, comme Ciel. En effet, Ciel est un enfant, qui refuse d’en être un, qui ne peut plus en être un et qui au rire final aura perdu ses dernières illusions, en reconnaissant l’amère ironie du monde, ce cirque dans lequel chacun vit. A côté, Sebastian ferait presque pâle figure, démon toujours égal à lui-même, attendant simplement l’heure de dévorer l’âme qu’on lui a promise.
Alors, c’est vrai que pour atténuer un peu les choses, on a des gags, des personnages et des situations amusants. Mais à la fin, aucun personnage ne paraît plus vraiment comique, tant la mort est omniprésente et tant chacun a les mains rouges de sang.
Bien entendu, n’oublions pas que cette orgie est pour nous, les spectateurs avides de cruauté et de sensationnel. Et pour être servis, nous le sommes : morts, sang, membres arrachés, misère noire, nobles abjects… Alors oui, la preuve est faite : nous sommes bien tous des ogres !