Et s’achèvent, ainsi la vie, ainsi le rêve...

» Critique de l'anime Plastic Memories par Nakei1024 le
19 Juillet 2015

Les relations entre humains et cyborgs, un thème relativement classique dans la japanimation, les mangas ou même le cinéma. Chacune de ces œuvres d’anticipation essaie d’apporter sa pierre à l’édifice face à des problématiques qui, bien qu’encore abstraites, seront probablement d’actualité dans quelques années. Qu’il s’agisse de conflits, de romances ou de sujets plus complexes encore, ce ne sont pas les thématiques qui manquent, et celle de PM ne manque pas d’intérêt.

Le sujet abordé est donc celui de la limite de durée de vie de ces « machines » très proches de nous, tant physiquement que psychologiquement. La technologie et les méthodes de production étant ce qu’elles sont, les cyborgs du récit ont une durée de fonctionnement optimal de 9 ans. Au-delà de cette période, leur IA commence à entrer en dégénérescence et peut à terme poser un danger mortel pour le propriétaire. Dans ces conditions, il est nécessaire de procéder à sa récupération en vue d’une destruction ou de l’installation d’une nouvelle intelligence totalement vierge.
Le problème, c’est qu’on est loin d’avoir affaire à un simple robot électroménager dont on peut se débarrasser sans problème. 9 ans, c’est une période finalement assez longue, et les cyborgs sont conçus pour simuler avec un réalisme saisissant les émotions humaines. Bref, a-t-on en face de soi des machines jouant un simple rôle jusqu’au terme de leur existence ou des êtres cybernétiques dotés d’une réelle conscience, avec de vrais sentiments ?

L’anime peut donc se voir comme une expérience fictive mettant en scène différents « échantillons » représentant un large panel de personnalités, tant pour les clients que leurs cyborgs. Des jeunes, des vieux, des enfants ou des grandes sœurs comblant le plus souvent un vide affectif, qu’il soit naturel ou accidentel, voici le lot quotidien des équipes de récupération, jouant ainsi le rôle d’un Ikigami. Il devient alors intéressant d’observer les réactions de chacun de ces « duos », ceux qui acceptent avec résignation, ceux qui s’enferment dans le déni ou, plus compliqué, ceux qui essaient carrément de se soustraire à la récupération, malgré les risques bien réels encourus une fois que la mémoire de la machine commence à défaillir.
Et à la fin de ces multiples tests, un essai final vient conclure l’expérience, via le duo Tsukasa/Isla. Le premier est une jeune recrue fraîchement intégrée aux équipes de récupération : le candidat idéal pour que le spectateur puisse s’identifier à lui, et découvre progressivement les tenants et aboutissants de la problématique. La seconde est une cyborg dont on devinera assez rapidement (un simple petit calcul sera nécessaire) qu’elle approche à grands pas de la fin de son service. Malgré des débuts difficiles, les deux vont très vite s’attacher l’un à l’autre, dépassant le simple cadre de la relation professionnelle pour arriver à quelque chose de bien plus profond. Une fois le pot aux roses découvert, il faudra donc faire un choix : continuer à considérer Isla comme une personne à part entière, ou comme une simple machine qui va bientôt partir au recyclage ? Comment gérer la douleur d’une séparation inéluctable et faire en sorte que celle-ci se déroule le plus en douceur, en se basant (en partie) sur ce qui a été vécu avec les précédents clients.
Il devient alors impossible pour le spectateur de rester neutre, de considérer les évènements de manière subjective, et ce qui était une simple expérimentation se transforme en un véritable drame humain. L’empathie qu’on avait pu ressentir pour les multiples protagonistes croisés auparavant explose littéralement à l’écran, et l’on se retrouve happé dans l’histoire sans même avoir les moyens de résister.
Voici donc comment on arrive peu à peu à une histoire véritablement touchante, loin d’être dénuée de crédibilité, qui prendra rapidement le spectateur aux tripes.

Mais l’anime rate selon moi partiellement sa cible pour diverses raisons. La première étant une réalisation finalement assez banale qui empêche de rentrer totalement dans l’ambiance dramatique. Je peux comprendre (et saluer) l’ajout de passages plus légers et comiques pour dissiper une atmosphère un peu trop lourde, mais je pense qu’un peu plus d’efforts auraient pu être consentis de ce point de vue pour coller davantage à l’histoire qui se joue.
Puisqu’on parle du design, était-il nécessaire de faire d’Isla une sorte de clone de Hatsune Mikku, d’autant que son aspect d’adolescente tout juste entrée dans la puberté rend sa relation avec Tsukasa (jeune adulte) quelque peu dérangeante. Je pense que j’aurais eu moins de mal avec une apparence plus mature, on aurait gagné en crédibilité.
L’anime se concentrant presque exclusivement sur ce duo, la plupart des autres membres du bureau de récupération se contenteront malheureusement de jouer un rôle générique. Il y a bien Michiru et son cyborg d’apparence enfantine (encore), mais ce sont de véritables clichés sur patte, surtout Michiru qui, en vraie tsundere qu’elle est, pourrait créer une sorte de triangle amoureux à tout moment, mais finalement non… Elle reste assez sagement dans son coin, malgré le fait que les producteurs rappellent régulièrement (et maladroitement) que ses sentiments vis-à-vis de Tsukasa sont loin d’être aussi innocents qu’elle le prétend.
Enfin, l’anime aborde en les survolant un peu trop quelques problématiques parallèles, comme les voleurs de cyborgs, ciblant les machines en fin de vie. A aucun moment on ne nous explique vraiment ce qu’ils retirent de ces « enlèvements » et l’utilisation qui est faîte des machines défectueuses ayant basculé dans la folie. Je m’attendais à ce que cela devienne justement l’une des grandes problématique de l’anime (le détournement des cyborgs), en parallèle de l’histoire de Tsukasa et Isla. Eh bien j’ai dû ronger mon frein…
J’aurais tout autant aimé assisté à la manière dont sont démantelés, recyclés et/ou reprogrammés les giftias retirés du marché : ne serait-ce que pour voir s’ils sont là aussi traités comme d’anciennes personnes douées de consciences, ou comme de simple tas de ferrailles qu’on laisse rouiller sans plus de cérémonie, malgré les services et l’affection qu’ils ont pu donner du temps de leur mise en fonction.

Bref, Plastic Memories est pour moi une bonne surprise et un anime qui a su sans peine me faire éprouver de l’empathie pour ses principaux personnages. Malheureusement, sa réalisation correcte mais loin d’être au top, certains choix concernant les protagonistes et des problématiques intéressantes traitées de manière bien trop superficielle m’empêchent de le considérer comme une œuvre véritablement marquante. Dans un style similaire, Eve no Jikan était bien plus abouti, en seulement 6 ONA.

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

Nakei1024, inscrit depuis le 05/01/2007.
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