Critique de l'anime Ghost in the Shell 2

» par El Nounourso le
12 Août 2008
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9 ans après Ghost in the Shell (GITS) déboulait Innocence. Pas évident d’offrir une suite digne de ce nom à une œuvre aussi complexe, reconnue et encensée dans le monde entier.

J’imagine que ceux qui s’intéressent à Innocence ont déjà vu GITS 1, je ne m’embarrasserai donc pas de balises spoiler. Le premier volet s’achevait par la fusion de Kusanagi avec le Puppet Master. Cette fois, la femme cyborg n’est plus au cœur du récit, ce dernier étant centré sur Batou et son nouvel équipier Togusa. Les deux compères mènent l’enquête sur une affaire d’androïdes « de confort » agissant de façon inattendue. En effet, un certain nombre de ces marionnettes sexuelles ont assassiné leurs maîtres et se sont ensuite suicidées, un comportement suspect pour des êtres dénués de conscience. Dans son déroulement, l’enquête est plus classique que celle de GITS 1 (passage au commissariat de quartier, avis d’expert, confrontation avec les yakuzas du coin pour remonter à la source des crimes, etc.), ce qui la rend, en contrepartie, très efficace.

Ce qui faisait la richesse du premier film était bien entendu la pertinence et la richesse des questionnements philosophiques autour de la condition des androïdes et des l’IA « pures ». Innocence s’engage dans la même voie en essayant de cerner ce qui caractérise l’humanité, de s’interroger sur la notion de corps « physique » et « virtuel ». D’excellentes trouvailles graphiques et narratives mettent en relief ces éléments, mais il n’y a finalement pas grand-chose de neuf sous le soleil. Les deux personnages principaux s’amusent à discuter par citations de penseurs interposées, ce qui, en plus d’être un peu ridicule, donne des dialogues pas toujours très construits. Ces derniers sont constitués essentiellement de pistes floues qui n’appellent finalement aucune réponse. En soi, ce n’est vraiment grave, car le très bon scénario compense cette relative stagnation de la réflexion, mais, sur la forme, ça reste dommageable. L’utilisation de ces « morceaux choisis » n’est heureusement pas systématique.

Quant à la psychologie des personnages, elle est beaucoup plus mise en avant que dans GITS 1. L’implication de Batou et de Togusa dans l’enquête, leur relation en tant qu’équipiers, leur rapport au virtuel… tout ceci est exprimé de façon à rendre nos deux héros crédibles et, quelque part, attachants. Je pense notamment à Batou, brute épaisse qui n’hésite pas à massacrer une bande de gangsters sans sommation. Dans Innocence, il retrouve une belle part d’humanité dans la connexion qu’il entretient avec son chien, ainsi qu’au travers du souvenir de Kusanagi. Par rapport au premier film, Batou et Togusa ont indéniablement gagné en épaisseur, un progrès qui mérite d’être souligné.

Techniquement c’est du très bon boulot, avec un joli mariage 2D / 3D et une animation sans faille. Plus variés et aussi plus originaux, les différents décors plantent une atmosphère surréaliste du plus bel effet, atmosphère renforcée par l’excellent travail du compositeur Kenji Kawai qui se retrouve une nouvelle fois aux commande de la musique. Même si c’est plus un clin d’œil qu’une marque de flemmardise, j’ai quand même un peu regretté de retomber sur le thème de GITS 1, quasiment à l’identique, au milieu du film. Cette scène du défilé est d’ailleurs une des moins réussies visuellement. La synthèse est bien trop omniprésente. Dans GITS 1, la scène équivalente (muette et accompagné de la même zik) était certes moins originale mais bien plus belle et poétique.

Innocence est une excellente suite dans le sens où elle évite le piège du remake. Au lieu de cela, elle nous offre un spectacle assez grandiose, dans un registre plus malsain et dérangeant. L’épaisseur des personnages et la trame convaincante achève de nous convaincre, même si la réflexion philosophique n’avance guère. A mon sens, le film reste inférieur à son aîné, mais il devrait pourtant séduire les fans, en laissant les détracteurs du 1 sur la touche, sans surprise.

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

El Nounourso, inscrit depuis le 01/11/2007.
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