Critique de l'anime K-ON!! (TV 2)

» par Kyoshi le
31 Juillet 2011
| Voir la fiche de l'anime

Plus personne ne fait de critiques de K-On, parce ça ne sert plus à rien de s’y attaquer. En tant que symbole du moé (tremblez de peur, pauvres mortels !), il a été passé à la machine à laver, au lave-vaisselle et au sèche-linge par la blogosphère et la communauté française amatrice d’animation en général. Quand on parle de K-On, même quelqu’un qui ne l’aura pas vu aura une réaction – parfois son visage s’éclairera de bonheur, d’autres il se couvrira de dégoût – mais les gens ont toujours quelque chose à dire dessus. Ils en profiteront même parfois pour montrer au monde ô combien ils sont intelligents et à quels point ils ont le savoir absolu en ce qui concerne la situation actuelle de l’ « industrie artistique » qu'est la japanimation (je suis fier de mon terme, alors pas de remarques !). Mon point est qu’en fait, tout le monde avait parlé de K-On, alors tout était dit sur K-On, alors il n’y a plus rien à rajouter sur K-On. C'est évidemment pour ça que je vais rajouter une couche.

D’habitude, quand quelqu’un d’un peu méthodique fait une critique, il fait un plan, et aborde divers aspects, souvent basés sur l’opposition fond/forme. K-On est un peu particulier, dans le sens où il n’y aurait pas vraiment d’intérêt à procéder ainsi pour en parler. Pour tout dire, il n’y a pas vraiment de contenu, et la réalisation n’est pas spécialement intéressante (est-il vraiment nécessaire de s’étendre sur le cas du chara-design une nouvelle fois ?). Je ne surprendrai pas grand-monde si je disais qu’il n’y a pas de scénario, et que les épisodes n’ont souvent pas de structure ou de schéma narratif particulier (à la différence d’Aria, par exemple). On pourrait même dire que K-On est un anti-récit, dans le sens où elle refuse absolument de progresser ou de construire quoi que ce soit de tangible. Les seuls indices qui permettent de différencier les premiers épisodes de ceux du milieu de la série sont des détails dans le décor rappelant certains évènements antérieurs, et la période de l’année. Ainsi, on en convient, les relations entre les personnages changeront pas ou peu, et vous pouvez brûler vos cours de français de 6e (oui, je m’en souviens vaguement !) vous bassinant avez des « situations initiales » ou autres « dénouements » (cela dit, je me souviens bien avoir repéré un ou deux « éléments perturbateurs » - un réel miracle dans le Wasteland que nous offre KyoAni). De là, on conçoit très rapidement que K-On est un réel trou noir. La blague la plus énorme, dans tout ça, c’est que cette série, qui n’a pas d’histoire et ne parle de rien, veut nous faire croire qu’elle a un sujet. Laissez-moi rire ! Pour tous ceux qui croient encore naïvement que K-On va vous montrer l’évolution spectaculaire d’une girls’ band qui finira par se produire au Budôkan : c’est FAUX. Le plus incroyable, dans cette série, c’est quelle interdit formellement à ses personnages de jouer de la musique, ou dans le cas contraire, au spectateur de l’entendre. Ceci n’est pas une blague, et ça arrive tellement de fois qu’on ne sais plus si on doit en rire ou en pleurer. Un exemple simple : une comète passe dans le ciel, et les filles décident de s’entraîner un peu, pour ne pas que les cordes des instruments rouillent. Le spectateur, avide (parce qu’il l’attend depuis un moment, celle-là !), entend l’intro et… CUT(TO) – on passe au jour suivant. Et là, on pleure. (La raison exacte pour laquelle on n’est pas justement heureux d’échapper au supplice qu’est cette musique affreuse est explicitée plus loin.)

S’il n’y a pas d’histoire, et que la réalisation n’a pas de quoi porter l’anime sur sa longueur, la raison pour le succès presque mythique de la série au japon reste un mystère. Les principaux et seuls suspects sont les personnages. Dans les coulisses, les cinq protagonistes tirent en effet les ficelles poussant les spectateurs impuissants à regarder leur vie. Cependant, les fils nous attachant les poignets sont fins, et aussi subtils que peu résistants. Ainsi, à moins d’être atteint du syndrome de Stockholm, le spectateur avisé ne tombera pas sous les charmes des sirènes de K-On et arrêtera de regarder la série au bout de quelques épisodes. C’est pour ça qu’il y a peu de gens qui ne pensent rien de K-On. Les amateurs sont des captifs volontaires, et les détracteurs vouent une haine à ce qui a essayé de porter atteinte à leur dignité. Tous voient que la série n’est pas ce qu’il y a de plus profond, et alors que certains font la critique de ce vide, d’autres l’aiment justement pour cette simplicité. Ainsi, Yui est aussi bien une débile insupportable qu’une fillette adorable un peu étourdie ; et Mio une coincée aux réactions frustrantes qu’une figure aux dehors charismatiques mais ayant peur de tout ce qui bouge (exemple parfait de gap moe). L’appréciation ou non de K-On vient uniquement de l’avis du spectateur sur les personnages, ce qui polarise les avis. Certains verront la Vérité, d’autres préféreront vivre dans le rêve (car il faut dire que la série en propose un très beau). La mentalité Otaku (japonaise) a été résumée il y a un moment dans un essai sur le phénomène : « tout en sachant qu’on est dupé, on est sincèrement ému », et je trouve que ça résume pas mal MA situation. (J’ai l’impression de faire une omelette avec mes pieds, là…)

En fait, K-On joue beaucoup plus dans l’impalpable, l’émotionnel. Elle ne va pas proposer d’évolution tangible ; pas de nouvelles relations, pas de drame, mais elle va construire sur la base beaucoup plus fourbe qu’est la relation entre les personnages et le spectateur. Le moé sert avant tout à aguicher le spectateur, mais il n’y a pas de « coup de foudre ». En quelque sorte, il nous fera tenir un peu, jusqu’à ce que la série fasse son effet. Arrivés au dernier épisode, on aura passé 16h (en comptant la première saison) en compagnie des personnages, et si on a joué le jeu, on s’y sera attaché. On convient que si on a regardé toute la série pour la démolir après, la sauce n’aura pas pris, c’est comme jouer au foot en refusant de toucher le ballon dans l’optique de faire perdre sa propre équipe. En vérité, il suffit de voir les premiers épisodes de la première saison pour dénigrer K-On, vu que c’est largement la même chose tout du long. Globalement, ce n’est pas la série qui change au fur et à mesure des épisodes, mais c’est la façon dont le spectateur la considère. Par exemple, le chara-design et les réactions nous donnent de l’intérêt pour Mio, et la série développera sur cette base pour créer un lien pas plus profond (on ne connait pas réellement mieux le personnage à l’arrivée qu’au début), mais plus fort. C’est pour ça que des centaines de jeunes hommes adorables souhaitent chaque année leurs anniversaires aux personnages virtuels. Si on s’attache aux personnages, plus une série progresse, plus elle semble se bonifier. Le niveau de l’humour dans Gintama n’évolue pas vraiment, mais invariablement, on apprécie de plus en plus la série. Similairement, plus on avance dans K-On, moins en a envie qu’elle se termine. La série elle-même joue sur cette évolution, car vers la fin de la série, des répliques comme « c’est bien Yui, ça » (« hontou Yui rashii ») se font de plus en plus présentes, puisque le spectateur est en mesure de vraiment les assimiler. Ce genre de répliques et/ou de situations jouent le rôle d’un inside joke, qui amènent le spectateur dans le cercle fermé que représente le monde de K-On (son rêve le plus cher) et contribuent très clairement à l’attachement à la série.

Les débats autour de K-On sont toujours stériles, mais ils le sont d’autant plus que ses défenseurs sont nécessairement acculés. C’est simple : les gens n’aiment pas la série pour des raisons rationnelles, alors que ceux qui l’aiment le font pour des raisons émotionnelles (Du genre : Yui est débile mais je l’aime quand même). Du coup, ça donne des discussions du type : « K-On, c’est vide ; », ce à quoi on répond « Oui, mais j’aime Mio ! ». Vive le dialogue de sourds. A vrai dire, c’est très facile de dénigrer K-On, simplement parce que la série n’a pas d’intérêt. Il y a une très bonne raison pour laquelle je suis en train de parler de la deuxième saison, et non pas de la première : j’ai mis très longtemps à la terminer. Honnêtement, j’avais l’impression de regarder l’Endless 8 encore une fois. J’ai regardé les cinq premiers épisodes, et puis j’ai éteint en plein épisode après m’être posé la question : « mais, au juste, c’est quoi l’intérêt de ce truc ? ». La question était mal posée, parce que les animes en général ont peu d’intérêt, mais le sentiment était que je perdais mon temps. En gros, ce n’était pas un divertissement. Du coup, quand je me suis procuré la deuxième saison, j’hésitais à me tirer une balle au lieu de la regarder. En fin de compte, believe it or not, je l’ai avalée entière en quelques jours, et avec le sourire. Comme quoi la pilule bleue a du bon, elle aussi. Le temps passé avec ces personnages s’est révélé, tout compte fait, très agréable. Je regardais les épisodes avec un sourire débile sans vraiment savoir pourquoi. Parfois, je me demandais pourquoi j’étais content d’avoir perdu une vingtaine de minutes de ma vie à regarder des jeunes filles donner à manger à une tortue, mais en fin de compte je finissais toujours par mettre l’épisode d’après. Ho, pis zut, autant l’avouer : j’ai adoré cette deuxième saison. Elle est pleine de défauts, mais je l’aime quand même. Il y a certains épisodes magnifiques, et le second ending déchire tout. La nature même de la série force à admettre qu’elle est pleine de trous, mais quand je les souligne, une part de moi hurle à la trahison.

La seconde saison met en scène l’année de Terminale de quatre des membres, et celle de première pour Azusa. La Terminale, ça implique l’éclatement du groupe à la fin de l’année, et la série joue complètement sur ce thème. Je dois avouer que j’ai trouvé ça particulièrement bien réussi. Ne me prenez pas au pied de la lettre parce que je sors moi-même tout juste du lycée, et que la graduation ceremony est encore fraîche dans mon esprit. Il va de soi que je me suis senti particulièrement concerné par ce contexte. Cela dit, là où la série réussit un tout de force qui n’est pas des moindres, c’est en développant Azusa comme un personnage principal « annexe », en la mettant presque au même plan que Yui. Le spectateur ne peut pas s’identifier à Yui (elle est idiote, maladroite et tout simplement bizarre), mais Azunyan est un cas différent. D’une part, elle joue la plupart du temps le rôle de tsukkomi (c’est-à-dire le personnage sérieux qui montre ses bêtises à l’idiot, dans la comédie japonaise classique – c.f Wikipédia pour plus de détails), et est par définition le personnage à qui le spectateur s’identifie dans n’importe quelle série comique. D’autre part, ayant un an de moins que les autres, elle devra s’en séparer à la fin de la série, tout comme le spectateur. Les deux partagent donc la tristesse de devoir les quitter à la fin de la saison. Du coup, même si le spectateur a quitté le lycée depuis longtemps, il sera en quelque sorte forcé de revivre cette période de séparation. Même si la série en fait sûrement un peu trop niveau émotion, on a de grandes chances d’être touché. Pas tout le monde le sera, mais je dirai au moins que moi, je l’ai été. Un autre stratagème de la série, beaucoup moins honorable, mais qui marche pas mal du tout, tourne autour de la musique. Les réalisateurs on organisé un réel supplice de Tantale pour le spectateur, lui retirant la musique des oreilles dès que les personnages commencent à jouer. Il y a donc une accumulation de tension (on VEUT l’entendre, cette @%$#§ de musique !) qui fait que lorsqu’enfin on y a droit, on est heureux. Après avoir été à jeun pendant trois jours, n’importe ce qu’on mange, ça aura un goût précieux. On est dans le même cas ici. La musique de K-On vaut peu, voir rien. Les paroles sont débiles, à l’image des personnages et la mélodie répétitive. Cela dit, on fait abstraction de tout ça, parce qu’on est content de l’entendre, et surtout que c’est nos personnages adorés qui la jouent. Ces deux facteurs font donc de l’épisode du festival culturel l’apogée justifiée de la série.

Je finirai quand même avec un argument avec lequel on vous bassine à chaque fois qu’on parle de K-On : c’est BON. Quand je dis ça, j’entends que quand on regarde la série, on est content. On est reposé, on sourit, et l’humour marche. En effet, pensez ce que vous voulez, mais je dis que l’aspect comique de la deuxième saison est vraiment pas mal réussi. On pourra penser : « Beuh, c’est pas intéressant de regarder la vie calme de personnages virtuels crées pour l’occasion ». Le truc, c’est qu'il n'y a rien de moins irréaliste que cette vie qu'ils proposent. Des gens toujours contents, ça existe pas, et quand on nous en montre, et qu'on nous présente ça de manière banale, ça nous colle un sourire. En fin de compte, regarder K-On, c’est entrer dans le rêve, et la seule chose qu’on ne veut pas, c’est se réveiller. C’est pour ça que certains refusent de le lâcher et cherchent à s’approcher le plus possible de ce monde idyllique, tout en perdant intérêt dans la réalité maussade.

K-On ne traite pas de sujet profond, et ne le fait pas non plus d'une façon spécialement belle. Elle est presque visqueuse et dégoulinante, cette série. Cela dit, je l'ai bien aimée quand même.

Pour ce qui est de la note, la moitié de mon cerveau propose un 5, l’autre un 8 ; alors ça sera un 6,5 arrondi. Mais honnêtement, ici, c’est l’avis qui compte, et pas la note…

Verdict :7/10
Ce que les membres pensent de cette critique :
Convaincante (2)
Amusante (0)
Originale (0)

1 membre partage cet avis
2 membres ne partagent pas cet avis

A propos de l'auteur

Kyoshi, inscrit depuis le 17/05/2010.
AK8.1.14 - Page générée en 0.051 seconde - 7 requêtes ★ DB.8.0.233336 ★