Critique de l'anime La Fille des Enfers (TV 1)

» par allbrice le
12 Juin 2009
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"Quand les hommes se perdent dans la colère, la tristesse et les larmes. Les vengeances enfouies en eux sont accomplies derrière le rideau de minuit. Ce monde que nous connaissons est celui du Karma. Les liens qui unissent les hommes s'enroulent tel une pétale de Lycoris, fragile et affligé"

A mon avis Jigoku shojo est une œuvre qui ne se regarde pas mais se déguste (vision perso). Si on avale les épisodes trop vite, il est peut-être sur que cela pourra ennuyer certains ou d'autres pourront encore ressentir cela comme une surdose maussade de l'histoire. Si on l'aborde en s'attendant à une série avec un scénario ayant un fil conducteur principal, il est certain que cela vous ennuiera à tel point que vous la lâcheriez, on ne peut pas juger le contenu d'un livre à sa couverture ou à ses premières pages. Qu'à cela ne tienne; ne vous laissez pas abattre par ce détail car cette œuvre regorge de nombreux arguments qui puisent leur source dans les relations sociales humaines et certains clichés de la société nippone qu'elle met en valeur à travers le sentiment de vengeance; Laissez lui de temps de vous mettre en appétit.

Une fois la trame démarrée, on note une certaine standardisation de celle-ci axée sur des histoires de revanche durant une vingtaine d'épisodes. Il sera donc question ici de la part de l'auteur (à mon avis) de mettre en avant dans une approche très réaliste les différents sévices et atteintes morales dont seront victimes les figurants de cette série. Raison pour laquelle je crois qu'il/elle a adopté un schéma d'épisodes indépendants. Par la suite, la vengeance (elle peut-être vu ici comme un moyen de défense) en elle même n'est que la réponse primaire en tant qu'être humain face à ses persécutions. D'autant plus que le scénario gagne en intensité et en valeur mettant en place une certaine intrigue dans son déroulement à partir de l'épisode 8. Malgré le fait que les histoires liées à ce sentiment soient parfois conventionnelles, elles permettent de révéler le côté absurde, cruel et arrogant que chaque être humain renferme en lui. Cette exposition de sévices et de méchanceté nous montre jusqu'où une personne peut être poussée par la cruauté de son prochain. Ce qui nous amènera ainsi à constater que la rancune des gens peut prendre diverses formes et s'avérer être parfois très amère. Un autre atout qui permit encore d'améliorer la qualité du thème abordé dans JS tout au long de son développement; c'est la variation de ces schémas de vengeance alliant sur certains épisodes des personnages non foncièrement méchants et provoquant parfois chez moi une apparition de larmes. Parallèlement à cela le/les auteurs se sont permis en mon sens de traiter de manière légère les relations affectives existant au sein d'une famille diminué compte tenu de la vision que j'ai/on a de la famille japonaise classique qui est celle ou les sentiments attendrissants sont moins mis en avant à travers le binôme père et fille. Et quand on approche de la fin les faits deviennent révélateurs concernant l'héroïne principale Enma ai et là encore une couche dramatique recouvre cette partie de JS permettant à ce joyau de conclure en beauté.

A côte de cela JS se veut aussi être une série regorgeant d'éléments issue du folklore japonais et du bouddhisme. Les points qui me permettent d'appuyer cela se référencent en premier lieu sur la tenue traditionnelle que porte souvent Enma ai appelé Nagajuban, la manière avec laquelle la cérémonie de vengeance s' accomplit et pour finir la présence abondante de la fleur de Lycoris. On y apprend justement que cette dernière encore appelée Lis de la résurrection/fleur de l'au-delà, des morts, des fantômes/fleurs de flammèches rouges (Selon contexte) est une fleur profondément imprégnée des traditions de son pays et aimée des poètes. D' autant plus que la fleur n'apparait que lors de l' Higan (fête bouddhiste de 7 jours ayant lieu à chaque équinoxe, consacrée à la mémoire des morts et à l'entretien des tombes). Bien sûr d'autres éléments restent en suspens notamment l'araignée aux trois symboles sur le dos et la grand-mère.

A la fin de son visionnage, j'en suis ressorti avec plusieurs interrogations: l'auteur ne chercherait-il pas à transmettre un message culturel et social caché sous les traits de la religion Bouddhique ou d'autres éléments sociaux ? Pourquoi 99% des victimes dans cet animé sont-elles de sexe féminin ? Qui est véritablement Enma ai ? Un homme est-il en droit de condamner son prochain ? Le prix de la vengeance n'est-il pas cher payé afin d'être satisfait, débarrassé ou libéré d'autrui à cause des ses agissements ?

En se rapprochant des personnages, force est de constater qu'un mystère plane encore sur la majeure partie d'eux notamment les trois serviteurs de l'héroïne. Toutefois on réussit à se faire une idée du personnage d'Enma ai qui est un être qui n'affiche quasiment pas ses sentiments et parle très peu. On constate cependant qu' elle n'est pas si indifférente que ça dans le fond. Pourquoi ? J'ai ressenti chez elle, une pitié vis-à-vis des hommes à l' égard de leur comportement rancunier ou pas … une remise en question sur le fait de prendre la vie d'un être humain quelque soit la raison ou l'acte que cet individu a commis … Est-ce mal ? Je rajouterais aussi le duo père et fille dont le développement et le background tout au long de cette saison fut très bien construit et correctement intégré au scénario.

Concernant le chara-design il est bien fait et s'incorpore parfaitement à l'animation des décors qui remplissent cette œuvre. J'ai particulièrement apprécié le teint de l'atmosphère sombre marqué par ses couleurs, le style graphique, la qualité des images et l'ambiance qui concordait admirablement avec l'accent appuyé sur le travail fait autour des yeux chez les personnages; mention spéciale sur ce plan.

Niveau musical je n'ai rien à les reprocher tant les OST s'accouplent parfaitement aux différentes scènes dans lesquelles elles sont présentes autant les thèmes musicaux de cet anime ont un rythme très lent, mais surpuissant. Les refrains sont à pleurer de bonheur, le rythme, la voix, les images, les paroles, la mélodie et la prononciation anglaise par la chanteuse est impressionnante ; tout y est excellent et à écouter absolument, je vous le conseille ! Et rien que cet extrait de l'opening me procure un immense plaisir :

In this Craziness, Uncertainty Hitori hitori no omoi wo Bokura wa doko ka ni nokoseru darou ka. In this Craziness, You gave me life Hitotsu no omoi wo Bokura wa doko made mamoreru darou ka

Traduit en anglais :

In this Craziness, Uncertainty I wonder if we can leave behind each and everyone's thoughts somewhere. In this Craziness, You gave me life I wonder to how far can we protect a single thought.

On aura donc :

Opening: Sakasama no Chō- SNoW

Ending: Karinui - Mamiko Noto

Pour information un Drama a été produit en 2006, tirant son scénario de la première saison de cette œuvre.

Un très gros coup de cœur pour cet animé et je regrette fortement que cette œuvre ne soit pas aussi populaire et apprécié en France qu'un Code geass ou un Death Note … alors qu'elle le mérite amplement. Comme le message publicitaire d'une marque de produits cosmétiques je vous dirais : Cet animé le vaut bien car c'est une série de très haut niveau. Je vous la recommande fortement.

Verdict :9/10
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A propos de l'auteur

allbrice, inscrit depuis le 23/04/2009.
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