Le travail est l’aboutissement de la vie ma fille.

» Critique de l'anime Yu-Sibu par Shedaoshai le
22 Mars 2014

Yuusha ni narenakatta

Le travail est l’aboutissement de la vie ma fille.

Le moins que l’on puisse dire c’est que les seigneurs démons et les héros dans des situations absurdes ont le vent en poupe ces derniers temps. Entre Maoyu maou yuusha ou le héros et la reine des démons révisaient les bases de l’économie préindustrielle en flirtant ou Hataraku maou-Sama dans lequel le roi démon travaillait chez Macdo on peut dire que le choix ne manque pas. Si le premier était clairement sérieux dans son propos le second était pour sa part complètement barré et l’assumait pleinement. Yuusha ni naremakatta est quand à lui bien plus dur à situer.

La première question qui me vient à l’esprit c’est qui a bien put imaginer un nom pareil ? « Yuusha ni narenakatta ore wa shibushibu shuushoku o ketsui shimashita », « je n'ai pas pu devenir un héros alors j'ai cherché un boulot à contrecœur » Ou comment mettre un synopsis à la place du titre. Est-ce une sorte de blague ? Après tout la série se revendique comédie et harem…

Pour rentrer dans le vif du sujet il s’agit ici de suivre les aventures de Raul, un héros fraichement diplômé de l’académie qui rêve de défendre l’humanité face aux hordes du seigneur des démons qui... ba qui n’existe plus en fait. Celui-ci a était vaincu au moment où Raul et ses compagnons de promo faisaient leur entré dans son donjon et tel des joueurs de MMO sans quêtes ils se retrouvent à errer dans un monde qui n’a plus besoin d‘eux. Raul se retrouve donc à travailler chez Confora… pardon chez une chaine de vente de produit électroménager magique.
Il s’ennuie ferme jusqu’à l’arrivée d’une nouvelle recrue, Fino, qui s’avère être la fille du roi démon, elle aussi perdue dans un monde où elle n’a plus sa place. Inutile de préciser qu’elle est blonde à forte poitrine, ingénu avec l’un des rires les plus agaçants de l’histoire de l’animation.
Raul, fasciné par ses formes, décide donc de l’aider à s’intégrer dans le monde sans pitié du travail.

L’anime enchaine alors les présentations de filles-clichés, car bien sur Raul ne travaille qu’avec des vendeuses, et les tentatives d’humours sont souvent lourdaudes et à base de nichons. L’intrigue elle tourne d’abord autour de la rivalité avec une autre chaine de magasin plus compétitive. Puis sur la restauration du roi démon, un groupe de démons et de héros travaillant de concert pour obliger Fino à prendre la place de reine des démons afin de rétablir l’ancien ordre des choses.
Mais hélas tout cela n’est que prétexte à exhiber des filles en tenu légère et à jouer des effets de lumières sur leurs peaux, le tout en restant dans le cadre de la vente. Par exemple l’incontournable épisode de « la plage » présent dans tout bon… ou mauvais harem est ici remplacé par un épisode de promotion de piscine de jardin où les vendeuses se prélassent en bikini dans les dites piscines pour attirer les clients. Clients qui sont essentiellement des hommes on s’en doute.
Le comble du vulgaire est atteint lorsqu’un vieux bonhomme se met à passer tout les jours acheter des ampoules et en profite pour peloter les vendeuses dans les rayons, vendeuses qui se voient refuser le droit de virer ce client encombrant car la gérante leur dit que le client est roi et que le grand père pervers n’est pas bien méchant.

Arrive à ce stade on se dit que Yuusha ni narenakatta n’est qu’un harem médiocre au dessin d’excellente qualité mais à la mentalité encore plus douteuse que la moyenne. Mais ça c’est en le prenant uniquement au premier degré.

D’un autre point de vu, en faisant abstraction des histoires de magie et de démons, nous avons ici l’histoire d’un groupe d’étudiants qui après avoir fait des études longues se retrouve face à une absence de débouché dans leur domaine d’étude et se voient donc contraints à faire des petits boulots de vendeur ou à travailler dans la restauration rapide. Boulots qui les laissent clairement insatisfait et dont certain ont même honte. Une situation tout ce qu’il y a de plus plausible irl finalement.
Le problème c’est qu’on en sait pas trop si l’animé fait un éloge ou une satire du monde du travaille car il le caricature sur certain point mais vente aussi les mérites du travaille accompli, de l’honneur de rendre service au gens, du plaisir de travailler au contacte des clients. Fino finira convaincue que monter en grande au sein de l’entreprise et le plus belle aboutissement possible.
En soit ce ne sont pas forcément de mauvaises morales mais elles sont tellement lourdement appuyées qu’on fini par avoir l’impression que nos héros sont de véritables larbins exploités par l’entreprise et qu’ils sont fier de l’être et n’aspirent plus à rien d‘autre. La joie et la fierté enfantine de Fino qui reçoit sa première commande de réfrigérateur magique sous le regard paternel de Raul donne lieu à une scène assez surréaliste.

L’animé franchi un cap de plus et devient franchement dérangeant lorsqu’on aborde la relation aux clients, j’ai déjà parlé du pépé pervers mais il n’est que le sommet volontairement comique de l’iceberg. De nombreux clients défilent et beaucoup sont brutaux ou insultants, surtout envers les vendeuses et la morale de tout ça est qu’il faut rester professionnel en toutes situations. Le problème est que nous sommes dans la partie sérieuse de l’animé et que les clients sont comme les prédateurs d’un hentai à base de trains…

L’animé aborde aussi rapidement les questions économiques avec la lutte entre les deux chaines de magasins, la première, où travail la plupart des personnages, privilégie la qualité des marchandises et le service après vente. Alors que la seconde exploite des créatures humanoïdes dans ses usines en les faisant travailler jusqu’à la mort avant d’écouler ses produits bas de gamme grâce à de la publicité et des concerts d’idoles.
En fait c’est le consommateur qui prend le plus pour son grade ici puis qu’il est décrit comme un peloteur décérébré achetant des produits médiocres à un prix même pas plus bas juste parce qu’il y a des filles qui chantent sur une scène.

Pour finir l’anime met aussi en évidence les liens qui unissent la guerre et l’économie, la fin de la guerre avec les démons mettant sur la paille les héros mais aussi les fabricants d’armes et le personnel de l’université. C’est tout un monde et une économie qui s’effondrent du jour au lendemain. La société humaine, de part son dynamisme, s’en remet rapidement mais en laissant de coté ceux qui l’avaient autrefois défendus, sans se soucier de la reconversion de ses héros qui en ressentent une certaine amertume et se tournent vers des plans aussi dangereux que désespérés pour rétablir l’ancien ordre. L’image du groupe paramilitaire tentant un coup d’état n’est pas loin.
Pour les démons la situation est pire encore puisque privé de l’autorité despotique de leur roi leur société a sombré dans le chaos telle une dictature privée de chef.

Quel étrange produit que ce Yuusha ni narenakatta, faut-il voire tout cela comme un encouragement à accepter la vie telle qu’elle vient et à bien travailler malgré les obstacles ? Ou comme une morale douteuse encourageant les travailleurs à se satisfaire de leur sort en toutes circonstances et à abandonner leurs rêves ?

L’anime en soit n’est pas très bon mais il est plus subtile qu’il n’y parait au premier abord, ne sachant toujours pas trop qu’elle est le message qu’il a voulu diffuser je mets 5 dans le doute et puis le design est sympa. Est ce que je le conseille ? Oui si l'on veut voir quelque chose d’inhabituel même s'il n'atteint pas le niveau Maoyu maou yuusha, bien mieux réalisé.

L’élément incontournable : le rire de Fino, strident ou sexy en diable, chacun est juge.

Verdict :5/10
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A propos de l'auteur

Shedaoshai, inscrit depuis le 02/11/2012.
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