Critique de l'anime Mind Game

» par Pharaoh le
15 Août 2005
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Dès la première parcelle de celluloïd, les doutes s'évanouissent : nul besoin de discourir, cette excentricité-là est un enfant des studios de Morimoto. C'est bien cette même originalité formelle qui anime le film, cette même démence dont Mind Game s'est fait une incarnation. Osé par Masaaki Yuasa, le long-métrage est une pièce plus que jamais en marge des banalités.

La surprise surgit et ne cessera de surgir tout au long de l'histoire. D'abord, le visuel, mariage de toutes les techniques : tour à tour, l'animation prend des airs de long-métrage d'amour "live", de course-poursuite infernale aux allures de Dead Leaves, de danse improvisée sur fond de ventre de baleine ; les personnages s'agitent, sans trêve, galopent incessament, emportés dans une spirale d'absurdité absolument succulente. Mélange inédit et ravageur, un peu rude au premier abord mais vrai plaisir après assimilation. Il y a une volonté d'abolir les clivages presque tangible : c'est un broyage des principes, des préjugés et des poncifs auquel le spectateur est convié.

Jamais la structure n'avait été aussi malmenée : une frénésie s'empare du film, lui fait adopter les chemins les plus insensés et les plus jouissifs. Le contexte n'est plus qu'une abstraction, le prétexte devient pilier de toute une doctrine. Mind Game est un terreau pour toutes les folies narratives. L'expérience se place comme une tentative approfondie de Nekojiru-So. Car Mind Game est plus qu'une étrangeté, c'est un vertige. Et la musique déverse encore un peu de piment, légère et furieuse, certes sans virtuosité, mais présence obligatoire à toutes les acrobaties.

Et derrière ce dénigrement décapant des règles préétablies, derrière toute cette fulgurance, derrière cette intelligence du comique jaillissante, s'esquissent une morale et une diatribe, discrètes et simples. Car les protagonistes, embarqués malgré eux dans ces élancées lyriques hilarantes et déroutantes, vont apprendre à survivre, à s'aimer, à se considérer eux-mêmes, à vivre ensemble, à s'affranchir de leur servitude à l'égard de la technologie. Un message facile mais sans mièvrerie, nouvelle prouesse de Yuasa.

Ambitieux et nouveau, zigzag brindezingue entre alcoolisme et hallucination, symbiose totale entre un verre de ricard et le réalisateur, Mind Game n'est pas un tour de perfection. Des redondances, des longueurs, des cassures de rythme sans adresse, des erreurs de procédure ; les déviances de Yuasa semblent parfois incontrôlées, le tempo faiblit, l'acidité perd de son efficacité, devient un peu douce. Et comme le film y va sans ambage, grand déballage de verve, les plus réfractaires n'y saisiront rien, n'essairont pas même d'en saisir l'essence, d'en sentir les effluves.

Mais tout de même, ce jeu d'esprit est à vivre.

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

Pharaoh, inscrit depuis le 20/06/2004.
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