Nichijou - Carpe Diem

» Critique de l'anime Nichijô par Deluxe Fan le
17 Décembre 2011
Nichijô - Screenshot #1

En regardant Nichijou (« Quotidien » en japonais), vous allez vite retenir le nom de son auteur, Keiichi Arawi. Nul doute que ce dernier fut ravi de voir son obscur manga comique adapté en série télé par le très hype studio Kyoto Animation (K-On et Haruhi, c’est eux). Il s’agit donc d’un anime à gags, au scénario inexistant, qui enchaîne des situations propices à l’hilarité les unes après les autres durant vingt-six épisodes. On se retrouve en terrain connu, surtout pour KyoAni qui semble se complaire dans la redite.
Mais est-ce suffisant pour balayer d’un revers de la main tout le travail effectué ? La réponse est évidente pour quiconque ayant regardé - en entier - la série, et je vais vous la donner dans cette critique.

Nichijou n’a rien de bien différent des autres animes de type comédies que j’ai pu voir… Pourtant il a une identité très forte, et ne ressemble à rien de connu. Déjà, la direction artistique explose les yeux. Putain qu’est-ce que c’est beau ! On croirait voir un livre d’enfants prendre vie ! TOUT a été fait à la main, par une seule utilisation de 3D ou d’effets numériques dégueu. Les personnages sont incroyablement kawaii, les couleurs sont douces, les contours donnent un aspect crayonné superbe. Un véritable univers graphique a été créé dans cette série, avec de nombreux gimmicks qui parsèment les décors. Et je ne parle pas de l’animation, qui répond présent à 100% du temps, et qui se permet quelques fulgurances épiques. Le volet sonore n’est pas en reste, avec une bande-son qui là encore nous ramène à l’enfance, avec des mélodies simples (mais acoustiques), beaucoup de chansons, des openings ultra-dynamiques - les meilleurs de cette année sans doute - et des ballades/berceuses en guise d’endings. Le doublage est irréprochable, avec quelques guest remarquables. D’ailleurs soit dit en passant, même les preview à la fin de chaque épisode ont bénéficié d’un soin particulier car ils sont (tous) récités par des seiyuus différents et ultra-connus de la japanimaition.

Nichijô - Screenshot #2Il se dégage de Nichijou un sentiment puissant et généreux. On a véritablement l’impression d’être devant un dessin animé, avec une ambiance spéciale et parfaitement retranscrite. Nichijou ne vise pas un public jeune : il fait retomber le spectateur en enfance. Du grand art.

Un art qui transparaît aussi du côté de la mise en scène. Caractérisé par un rythme capricant voire anarchique, le déroulement de Nichijou déroute le spectateur, le met dans l’inconfort, et cherche à jouer avec lui. Nichijou ne se construit pas comme une série télé mais comme une émission de télé. Il y a des rubriques, des « chroniques », des transitions… Tout est savamment choisi et rien n’est laissé au hasard. Le fait que chaque épisode contiennent un plan d’un lieu à trois moment différents de la journée, ne sert à rien formellement, mais c’est ce qui fait de l’anime ce qu’il est. Pareil pour les Helvetica Standard ou les autres coupures. A vrai dire, j’ai eu l’impression de regarder de la télévision expérimentale, tant la manière dont est agencée la série laisse pantois de par sa sophistication.

Nichijô - Screenshot #3Au-delà de ça, les gags en eux-mêmes sont très inégaux, avec toutefois une forte présence d’idiomes, qui rendent la série presque hermétique au spectateur occidental. Nichijou est un anime japonais et ça se voit, les blagues ne sont clairement pas universelles et l’humour est à géométrie variable. Certains épisodes m’ont laissé de marbre là ou d’autres m’ont mis les larmes aux yeux (par exemple l’épisode 17 que je retiendrai toute ma vie).
Notons également que la série connaît une nette progression au fil du temps ; la seconde moitié est au bas mot deux fois plus intéressante que la première. Ce qui est d’ailleurs très dommage, c'est que la série s’arrête justement au moment où de nouveaux personnages apparaissent et ou les récurrents commençaient à être approfondis. La manière dont se termine Nichijou est pour moi une incompréhension totale, dans la mesure où la série était à l’apogée de son talent, et aurait pu durer facilement cinquante épisodes. De plus, l’audimat médiocre de la série au Japon compromet les chances de voir un jour une suite, ce qui serait un monstrueux gâchis tant les personnages, les gags et surtout les idées de mise en scènes et la direction artistique sont tout à fait à mon goût dans ce type de récréation.

Je retiendrai Nichijou comme une preuve ultime du talent de KyoAni pour renouveler et améliorer une recette qu’ils ont eux-mêmes contribué à créer. Nichijou transpire le travail et la passion, et j’ai vraiment l’impression que ses auteurs se sont amusés à fignoler cette œuvre dont la seule et unique maladresse aura été de ne pas avoir su pousser le délire jusqu’aux sommets qu’elle tutoyait. 7,5/10


Les plus
- Direction artistique brillante
- Réalisation de très haut niveau
- Musiques et génériques géniaux
- Une mise en scène bourrée d'idées
- Personnages excellents
- Beaucoup de gags hilarants...

Les moins
- ... Et pas mal de gags pas drôles, aussi
- Très hermétique au spectateur occidental
- L'anime ne décolle vraiment que dans sa seconde moitié
- Une fausse fin

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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