Nitaboh - Portrait robot d'un précurseur

» Critique de l'anime Nitaboh par Karasa le
07 Décembre 2011

Dans la mesure où la musique traditionnelle satisfait mes besoins auditifs, je me devais de voir ce petit bijou assez méconnu, malheureusement.

Ce film s'inspire de la biographie, écrite par Kazuo DAIJO, Nitaboh: Tsugaru shamisen shiso gaibun, narrant les périples de Nitaboh, un villageois qui aurait perdu la vue très jeune et qui serait le fondateur d'un nouveau style de shamisen, le Tsugaru shamisen (Tsugaru étant le nom de la région d'origine de Nitaboh).

Connaissez-vous le shamisen ? Cette espèce de longue luth ne comportant que trois cordes, un instrument traditionnel ancré dans la culture japonaise. Le genre d'instrument se prêtant à merveille aux chambaras et autres films de sabre chinois. De nos jours, des groupes tels que Yoshida Brothers (que je recommande) l'utilisent avec brio dans leurs musiques.

Par conséquent, en assistant aux prouesses musicales d'une nomade, Nitaboh abandonnera sa flûte pour le shamisen, pensant qu'il pourra davantage toucher le cœur des gens avec cet instrument. Cette recherche de cette art musical constituera son objectif premier, une longue quête remplie d'obstacles en tous genres que notre aveugle devra surmonter : d'un périple s'écoulant sur plusieurs saisons, ce personnage devra user de son savoir-faire dans l'optique de chercher un art, cet art passera forcément par la case de l'originalité : il lui sera nécessaire de briser les co(r)des musicaux du shamisen.

Le film se veut didactique, l'histoire se déroule aux premières années de l'ère Meiji, une époque qui signe la fin des 250 ans de paix démarrée au terme de la bataille de Sekigahara (octobre 1600), une époque où l'industrialisation et la modernisation s'installent, et où les relations avec d'autres pays commencent à s'ouvrir — Disons qu'à cette époque, il était interdit de quitter ou d'entrer au Japon sous peine d'être exécuté.

Le chara-design ne m'a pas impressionné, il reste correct et illustre des personnages réalistes. C'est vraiment dans les décors et la musique que le film excelle. Tadashi KUDO nous a concocté des paysages absolument magnifiques, colorés et montrant bien l'aspect visuel du Japon de cette époque. En ce qui concerne la musique, ce n'est pas parce que le thème principal est le shamisen, que le film en regorge : il y a parfois des passages chantés, de la flûte, des tambours etc. des compositions traditionnelles donc et pour certaines, amenant une atmosphère étrange. Lorsque les musiciens jouent de leurs instruments, l'animation est tellement soignée que l'on peut voir réellement les mouvements des mains, un joli souci du détail que j'estime qu'il fallait souligner.

Et enfin pour votre information, ce film a reçu une multitude de récompenses et a été présenté à de nombreuses salles dans le monde (Canada, Rep. Tchèque, France, Corée), ceux-ci montrent que cet œuvre est d'une grande qualité : un long-métrage illustrant un Japon en pleine reconstruction sociale et un hommage à une légende musicale. Je recommande tout bonnement ce film à tous les amateurs de cette culture, les effrénés de scènes d'action aux effets spéciaux explosant la rétine, passez votre chemin. Une heure et quarante minutes de tranquillité, un moment artistique sur le plan graphique que musical : bienvenue à l'ère Meiji, laissez-vous transporter par ce formidable film.

Merci Akio NISHIZAWA, ce fut très touchant.

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

Karasa, inscrit depuis le 01/08/2011.
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