Critique de l'anime Nitaboh

» par Virevolte le
03 Septembre 2012
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Nitaboh : une affaire de sensibilités ?

Le récit de la fondation du style Tsugaru Shamisen, une histoire mettant en scène la vie et l’ascension d’un musicien aveugle à une époque au charme certain. Nitaboh est de ces films qui me laissent dubitatif, l’histoire est bonne, le contexte délicieux, et pourtant… que de faiblesses !

Sur-jeu émotionnel, séquences découpées au hachoir, fantasmagories inopinées, animation pauvre et même problèmes d’acoustique, ce qui est on ne peut plus rédhibitoire quand on vous parle de musique. Visionner Nitaboh m’aura été une expérience parsemée de petites déceptions. A croire que me gaver la rétine des derniers crus en matière d’animation flamboyante aura sérieusement altéré mon système de valeurs.

Mais pour reprendre lesdits points faibles un par un. Par « Sur-jeu émotionnel », j’entends qu’il m’apparaît évident que quantités de scènes de larmes sont des appels contraints à l’empathie. Que les chagrins sont en majorité forcés, fades et impromptus. Cette tendance à s’exhiber émotionnellement avait peut-être pour but de dépeindre Nitaboh dans un camaïeu de force et de fragilité, j’ai bien cru voir l’intention de lui conférer une personnalité seyant à sa condition… et j’ai également interprété le résultat comme un échec cuisant.

Le personnage principal m’a paru plat, sans relief ni saveur, et la mollesse et le flegme caractérisant son doublage y joue pour beaucoup. Un choix probablement intentionnel, mais dont le manque d’éclat, dont l’insipidité me laisse sur ma faim.

Chaque passage s’achevant sur un fondu un tantinet mou, couplé à une animation que je juge mollassonne (mais en cela, j’ai l’impression qu’il y a des avis contraires), m’ont réellement fait penser à un manque évident de moyens. Les effets de mouvements d’écran et d’animations parfois en deux temps ont entérinés cette impression, quand bien même la faiblesse et la faible fluidité (globale) ne pèsent pas énormément sur l’intérêt du film, Nitaboh joue sur sa thématique et son ambiance, et en cela reposent ses (seuls) points forts.

L’histoire, dure, empreinte de réalisme écru, avait tout pour me passionner, si ce n’est cette tendance certaine au mysticisme. Plus que d’être tenus pour acquis, les pouvoirs des devins et des esprits sont ici réels, lancés au visage du spectateur sans concessions. Il est évident que les japonais de l’ère Meiji soient de réels croyants, néanmoins, voir le surnaturel s’afficher dans des couleurs orangées pétaradantes me sera resté en travers de la gorge. Quelle idée après tant d’effort pour dépeindre un quotidien empreint de rudesse comme de simplicité ! L’œuvre se prend elle-même à contrepied par du surnaturel et des visions flashy ! Je suppose qu’introspection et méditation sont des valeurs ayant contribué à forger la légende de Nitaboh, mais par tous les dieux, une réalisation plus sobre, plus réelle, aurait été autrement plus convaincante que le mauvais trip sous acide qui nous est refourgué.

Pour finir, je n’aurais pas su me faire emporter par les airs toniques au shamisen qui ponctuent le film. Seul le final m’aura été agréable, et il m’amène à me demander si le répertoire de l’instrument (et de l’équipe ?) est si limité qu’il ne soit possible que de proposer des mélodies médiocres tout le long de l’œuvre, pour seulement livrer une prestation digne d’intérêt dans les dernières minutes. Etait-il nécessaire de créer un fossé entre ce qui est joué avant, puis lors de la représentation finale ? Que dire du volume sonore souvent mal calibré ? Nitaboh m’aura donné à très sérieusement m’interroger sur la qualité de mon oreille musicale (que je pensais déjà défaillante, et c’en est peut-être là une confirmation ~), mais il s’agit là d’un film pour lequel j’avais de meilleures attentes.

Nitaboh, ça aurait pu être vraiment quelque chose.

Verdict :5/10
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A propos de l'auteur

Virevolte, inscrit depuis le 12/12/2011.
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