Pierre de Courbetin serait fier

» Critique de l'anime Ahiru no Sora par Afloplouf le
02 Mars 2021

Est-ce qu'un jour les dieux des séries d'animation sportives (y'en pour tout, pourquoi pas pour ça) sauront me pardonner ? A l'heure des bilans, je l'ai soigneusement oublié. Pour une bonne raison, j'étais passé à côté. Je me suis depuis heureusement repris. Alors les faquins qui ne regardent que la note se diront que c'est une série oubliable et dans l'absolu il y a effectivement des séries plus indispensables. Pour autant, prenez le temps de lire mes quelques mots avec un bon cacolac pour voir si ça pourrait quand même vous intéressez car elle a ses qualités atypiques. De toute façon, ne faites pas semblant d'avoir piscine, on est tous confinés.

Le premier atout que j'aurais envie de citer et je ne suis pas sûr qu'il soit le plus vendeur, même pour un site de vieux cons comme AK, c'est son anachronisme. Le manga a commencé en 2003 mais vous m'auriez dit les années 80-90, ça serait plus crédible. Les mangas sur le sport ont depuis longtemps existé et il a connu plusieurs ères. On vit en ce moment un nouvel age d'or avec des Haykuu qui ont pas mal dépoussiéré le genre et j'en serais le dernier à m'en plaindre. Ahiru no Sora est dans un autre délire, il ignore toute cette nouvelle vague et son inspiration première est assez clairement Slam Dunk. Et je ne dis pas ça parce qu'on parle de basket.

Alors le manga a un style visuel un peu brut (pour le coup assez moderne) qui est gommé dans l'adaptation animée pour élargir son public. L'animation est assez clairement le parent pauvre et c'est certainement le point faible de la série. A l'heure où les séries sportives sont le fer de lance du Sakuga, tu pars pas aider. Mais Ahiru no Sora a ce charme nostalgique comme ses pantoufles qui ont connu des jours meilleurs mais qui reste nos préférés. La série fait cinquante épisodes alors que la mode est désormais au cours de 12 ou au plus 24 épisodes. Je connais le déni de la vieillesse mais là Maurice pousse le bouchon un peu loin. Une équipe de talents disparate, pour ne pas dire des marginaux voire des voyous qui trouvent dans le sport une passion qui leur donne envie de vivre et au final leur apprend la valeur des efforts. C'est cousu de fil blanc mais je suis iencli à 200%.

Surtout, je garde un bon souvenir de pour ces choix. Et me voilà bien embêté car en parler vous divulgâcherais pas mal. Allez on va tenter de faire des sous-entendus mais vu ma subtilité de libellule, soyez prévenu(e)s que je risque de vendre la mèche.

Le premier de ces choix est encore une fois un poil démodé. Dès le début, on apprend que la mère du héros est à l’hôpital. Et s'ils ne sortent pas tout l'orchestre, les violons s'en donnent à cœur joie. Les personnages sont humais et ils n'ont pas besoin de trop forcer pour faire marcher l'empathie. Le deuxième choix est plus audacieux et je ne suis pas certain que tous le verront comme je l'ai vu : cet acharnement au réel. Qu'on s'entende bien, les personnages sont des personnages de fiction. Ils sont plus grand que le cadre et l'humour est si absurde qu'il ne marche qu'en manganimation. Mais tout autour d'eux, le monde est d'une froideur réaliste assez dingue. C'est assez bizarre à décrire mais j'ai eu l'impression persistante de deux séries totalement différente : d'une part une série d'animation un peu loufoque, un peu sportive, un peu émouvante comme il y en a des tas (et ça m'aurait suffi) et celle d'un quasi documentaire. Imaginez une sorte de Roger Rabbit, un cran au dessus de la rigolitude. Je suis pas sûr d'être en pleine mesure de retranscrire ce que cette série a su parfois me faire ressentir. Et même si je divulgâchais comme un sagouin, je manquerais tout autant de mots.

Et comprenez bien : c'est de cette juxtaposition que vient toute la magie. Car l'ambiance est parfois si réaliste que ces personnages à l'écran, dans un basculement qui nous cueille à froid devienne des vrais gens. Alors je suis sudiste mais ne nous emballons pas, ces moments sont rares. La série est presque trop longue pour son propre bien, trop statique. Mais je ne peux qu'applaudir d'avoir essayé d'emprunter une autre voie, une autre évolution qu'aurait pu connaitre les mangas sportifs. Je pense qu'ils savaient que ça serait moins populaire et je ne vais pas faire mon élitiste et dire que le grand public a tord. Mais je suis content d'avoir vu autre chose

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

Afloplouf, inscrit depuis le 14/05/2008.
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