Rakudai Kishi no Cavalry - Dommage

Rakudai Kishi a beaucoup fait parler de lui à cause de sa curieuse ressemblance avec Asterisk War, on y retrouve grosso-modo les mêmes histoires de tournoi, avec les mêmes héroïnes, les mêmes univers basés sur les mêmes pouvoirs magiques, et les mêmes objectifs de « victoire à tout prix !» pour les deux héros : ne vous laissez pas abuser, pointer du doigt des similitudes c'est énoncer l'évidence et l'opposé est bien plus proche de la réalité. Ces deux animes racontent peut-être la même chose, certes, mais ils ne le font pas de la même façon, et ça ça change tout.

Les similitudes en elle-mêmes ne sont pas si flagrantes, les yeux sont plus détaillés dans Asterisk, à l'inverse de Rakudai, et que, si les deux héroïnes ont la même couleur de cheveux, l'une a les yeux bleus et se révèle plutôt plate (Julis), tandis que l'autre a les yeux roses, une grosse poitrine et porte des couettes (Stella) : elles se ressemblent mais ne sont pas identiques.

On pense à croire que ce n'est pas si fondé, que les auteurs nous prennent pour des idiots qui recueillent d'un air béat tout ce qu'on leur incombe avec satisfaction, eh bien non : si on passe les détails sur l'excellente mise en scène de l'anime, Rakudai se distingue sur deux choses : la romance et le personnage principal.

Ici l'amour avec un grand A n'est pas qu'une formule hasardeuse, un outil délabré, une idée vide quand la tendance ne semble être qu'à l'emploi : la romance va quelque part, trouve une destination, et ce ne sont pas les simulacres de la soeur et de Stella mode Tsun qui viendront entacher ce beau tableau. Les deux héros s'aiment et ne se regardent pas sans réagir, se questionnent sur leur avenir en tant que couple, et la question du mariage a même été évoqué ; ce qui va fondamentalement plus loin que tous les animes du genre.

Quant à Ikki, c'est un personnage qui collectionne les qualités et inspire très peu de défauts ; même si il est possible de lui en trouver. Au premier abord, celui-ci est considéré comme un faible sans aucun talent réel pour la magie, que ce soit par ses amis, que par sa famille, pourtant avec sa maîtrise sans faille de l'épée et son assurance en toute situation, il surclasse aisément tous les personnages de cet anime. Il ne sursaute pas quand il voit la culotte d'une fille, il est puissant mais reste humble, et sourit quand il devrait naturellement se morfondre. Un personnage qui monopolise l'attention et devient un centre d'intérêt malgré lui.

Conclusion : il est charismatique.

La série pourrait continuer ainsi indéfiniment, Ikki et Stella déjà dans la place, il n'y avait pas besoin de plus pour faire un bon anime.

Mais la suite en est autrement, au bout d'un moment, on se dit que l'histoire devrait commencer à s'activer, que les personnages secondaires sont moins importants que le héros, et que le nombre d'épisodes fond à vue d'oeil : mais que fait la police ?

On a donc, sous nos yeux ébahis, de longs et inutiles épisodes qui nous montrent le passé Ô combien tragique de secondaires dont on se fiche éperdument, ou le héros, toujours animé par de bonnes intentions, va les soulager de leur souffrance et par la même occasion perdre du temps.

Même problème pour les personnages qui aiment Ikki, veulent connaître Ikki, apprendre de Ikki, défier Ikki et qui, à côté, hormis pour les combats, n'existent absolument pas. Un peu comme dans Mahouka ou tout le monde prend la moindre parole de Shiba comme une prophétie, sans prendre le temps de réfléchir à leur propre avis. On retrouve un peu la même chose dans Rakudai : soit les personnages idolâtrent Ikki et ne savent faire que ça, soit ils sont victimes du syndrome « étoile filante ».

Un syndrome très répendu de nos jours, on nous les présente avec, semble t-il, un intérêt dans l'intrigue, c'est à dire un lien qui touche forcément de près ou de loin le héros, pour disparaître aussitôt les a t-on vu. Ce qui peut passer comme un développement logique dans un animé de 24 épisodes parait superflu quand celui-ci en fait 12.

La fin est à l'image de ce format, ni prévisible, ni décevante : complètement inexistante, ça, et tout en offrant un combat final plus simpliste tu meurs. La mise en scène et les efforts du studio Nexus ne parvienne pas à compenser ce manque. Les histoires des personnages secondaires aurait du prendre moins de place, tout comme l'histoire aurait du plus se concentrer sur la progression de Ikki et pas au chalet épisode 9.

La conséquence de tout ceci c'est que même avec d'amples séquences de combat stylisées, de valeurs à triple-sens, d'ambitions mesurées, et de personnages qui nous parlent d'amour en toute humilité, rien ne trouve un semblant de justesse quand l'anime ne fait que survoler ce qui devrait constituer des points névralgiques de la série. Trop d'épisodes inutiles et de dérives dans l'objectif principal, à savoir remporter le tournoi, empêchent l'anime de convaincre.

Au départ on pouvait voir en Rakudai comme une sorte de renouveau dans le genre « école de magie », un anime qui se détache un peu des poncifs habituels, eh bien non, on ne fait que l'apercevoir. C'est dommage car on passe à côté de l'anime qui aurait pu être le meilleur de sa catégorie, mais qui échoue à cause de débordements trop souvent vu chez les autres pour être admissible, ni plus ni moins.