Saint Seiya LoS - Tout ce qui brille n’est pas (chevalier) d’or

» Critique de l'anime Les Chevaliers du Zodiaque (Film) par Deluxe Fan le
11 Mars 2015
Les Chevaliers du Zodiaque (Film) - Screenshot #1

Jusqu’où s’arrêtera la folie destructrice du studio Toei ? Après avoir craché sur la tombe d’Albator, puis violé la sépulture de Sailor Moon, voilà que le studio nécromancien exhume le cadavre d’une autre de ses vieilles licences, pour un résultat qui sentait le moisi du Japon jusqu’ici. Après avoir été projeté en avant-première au Festival International du Film d’Animation d’Annecy l’année dernière, où il fit rigoler les professionnels, Saint Seiya Legend of Sanctuary débarque sur les écrans français, où il risque de moins faire rigoler ceux qui auraient payé leur place de cinéma.

Cela dit, pour être honnête, j’ai pas tout de suite rigolé devant le film ; j’ai même trouvé que cette réinterprétation graphique avait, pour ainsi dire, de la gueule. La direction artistique centrée autour de la 3D n’a plus rien à voir avec le travail de feu Shingo Araki mais on perd en authenticité ce qu’on y gagne en modernité. Le chara-design ne prétend pas au réalisme mais va plutôt s’inspirer du cartoon mainstream américain, et les formes des armures comme des décors montrent que les Japonais ont dû au moins voir un film Marvel depuis le temps. Moi qui ai toujours trouvé Saint Seiya assez kitsch, ce parti-pris m’a plutôt convaincu et m’a rassuré sur le talent du réalisateur Keiichi Satô, que vous connaissez déjà pour avoir produit la série Shingeki no Bahamut il y a quelques mois.

Les Chevaliers du Zodiaque (Film) - Screenshot #2Évidemment tout s’écroule dès que le film tente de raconter quelque chose, mais ne brûlons pas les étapes. Comme son nom l’indique, Legend of Sanctuary reprend l’Arc du Sanctuaire, ce fameux passage de la série originale où les héros doivent traverser les Douze Maisons du Zodiaque, chacune gardée par un Chevalier d’Or, le tout en temps limité. Cette séquence culte a marqué au fer rouge l’histoire du shônen manga et on pouvait difficilement imaginer un film Saint Seiya ayant l’ambition de s’adresser au plus grand nombre ne pas s’y référer d’une manière ou d’une autre. Mais cela pose au moins deux difficultés.

La première, c’est qu’adapter le Sanctuaire en un heure trente relève de la gageure, et cela se voit rapidement dans le film : une exposition expédiée en trois minutes dans une voiture avec Saori qui a l’air d’en avoir rien à foutre, des plotlines lancées et jamais rattrapées, des combats bien trop rapides lorsqu’ils ne se déroulent pas off-screen et globalement un sentiment de Grand Bordel Général. Le film compte probablement sur les spectateurs les plus connaisseurs pour combler les trous dans le scénario, mais cela pose une seconde difficulté.

Les Chevaliers du Zodiaque (Film) - Screenshot #3Car oui, comment justifier de produire un film Saint Seiya s’adressant aux vieux fans si vous leur coupez la moitié du récit ? Pareillement, comment voulez-vous attirer de nouveaux fans si vous leur racontez l’histoire n’importe comment ? En voulant contenter tout le monde ce film ne contente personne, ce qui résume presque parfaitement la contradiction dans laquelle se trouve une animation japonaise qui tente de sortir de son fandom traditionnel d’otakus pour aller draguer le public de Disney et Dreamworks.

En parlant de Disney, s’il y a bien un point sur lequel les japonais ont encore du chemin à faire c’est l’acting : impossible de ne pas se moquer de ces personnages qui s’expriment en faisant de grands gestes hyperboliques et qui finissent chaque réplique par un rictus ridicule qui les fait tous passer pour des abrutis, Seiya en tête. Cela dit le film ne souhaitait visiblement pas être pris au sérieux, comme en témoigne les tentatives embarrassantes de « comédie » qui finissent de plomber le film, à l’image de cette scène dans la Maison du Cancer qui plonge rétroactivement toute la franchise dans la honte.

Saint Seiya était une série emblématique des années 80, avec ce que ça veut dire en termes de goût douteux et de ringardise, mais que tous les amateurs d’animation pouvaient regarder avec bienveillance. Avec ce film Toei Animation transforme sa franchise en nanar, un de ceux que l’on regarde pour se moquer et qui finit par saouler au bout de trois quarts d’heure. Keiichi Satô aura sans aucun doute l’occasion de se rattraper, il l’a même déjà fait, mais l’esprit de la Toei semble en revanche irrécupérable.

Verdict :5/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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