SKIP AND LOAFER — Vous en reprendrez bien une tranche-de-vie

» Critique de l'anime Skip and Loafer par Deluxe Fan le
04 Juillet 2023
Skip and Loafer - Screenshot #1

L’année dernière le studio PA Works produisait sa toute première adaptation de manga avec Ya Boy Kongming, qui s’est avéré être une excellente surprise et un des animes les plus amusants de 2022. Cette année le studio poursuit sa nouvelle orientation mais dans un genre complètement différent avec Skip and Loafer, adaptation du manga de Misaki Takamatsu. Aura-t-on encore droit à une bonne surprise ?

Mitsumi Iwakura est une jeune fille de quinze ans qui habite avec sa famille dans un coin paumé du Japon rural. La région est tellement dépeuplée que certains services publics pourtant essentiels, notamment les écoles, sont obligées de fermer faute d’élèves. Plutôt que d'aller brûler des voitures et piller des magasins de vêtements, Mitsumi exprime sa détresse sociale par l’éducation ; elle passe un concours qui lui permet de s’inscrire dans un lycée de haut niveau à Tokyo, son objectif étant de faire des études pour peut-être jour accéder à des fonctions politiques et œuvrer pour la ville qui l'a vue naître. Avant d’en arriver là cependant, la jeune provinciale doit s’intégrer à la vie tokyoïte, et apprendre à gérer de nouvelles relations…

Skip and Loafer - Screenshot #2Skip and Loafer s’intègre dans la longue tradition du genre slice-of-life scolaire, où l’on nous raconte les tribulations d’adolescents confrontés à leurs premières responsabilités. Mitsumi débarque à Tokyo avec plein de rêves et de certitudes, et va vite se prendre le mur de sa propre naïveté. Autour d’elle d’autres personnages vont également composer avec leurs propres anxiétés, notamment Sôsuke Shima, un garçon très populaire qui forcément cache quelques petits secrets.

C’est là où se situe la première qualité de cette série ; l’écriture des personnages les rend tous super attachants. Mitsumi, ainsi que la plupart de ses camarades de classe, arrivent au lycée avec une vision précise de ce que devrait être une « vie scolaire idéale », sauf que la réalité est moins parfaite que ce que l’on voudrait. Tout le sujet de la série consiste à accepter que les petits aléas de la vie font partie de notre parcours et qu’il faut savoir les dépasser. Ainsi l’anime n’a aucune hésitation à se mettre ses personnages dans des situations gênantes et les montrer sous leurs aspects les moins cool ; ce qui distingue cet anime adapté de seinen de la complaisance habituelle de la japanime. Ce qui rend les personnages humains c’est leurs imperfections, leurs limites, leurs anxiétés, et Skip and Loafer montre tout cela de manière naturelle et bienveillante. La série n’est pas aussi sérieuse et premier degré qu’un Euphonium spécifiquement conçu pour mettre mal à l’aise ; ici tout est mignon et lisse, certes les personnages sont confrontés à leurs états d’âme mais on n’est pas dans le drama, les choses se règlent avec des sourires.

Skip and Loafer - Screenshot #3La direction artistique souligne cette orientation bienveillante de l’anime avec ces couleurs pastel et cette image pâle conçue pour adoucir l’ensemble. Le character-design respecte bien le manga, ce qui est remarquable venant d’un studio tel que PA Works qui a souvent été pointé pour l’homogénéité de ses designs à travers leurs séries. D’ailleurs l’anime propose une mise en scène là aussi inspirée du manga, avec beaucoup d’effets de style et des gags qui ramènent à quelque chose de très visuel ; on sent tout de suite la différence entre une adaptation de manga et une adaptation de light-novel de ce point de vue.

Lorsque l’on parle d’une série qui a pour personnage principal une jeune fille qui, on ne va pas se le cacher, n’est pas caractérisée comme très jolie, et qui se retrouve attachée avec le garçon qui est le plus beau gosse et populaire de l’école, obligatoirement on pense à Kimi ni Todoke et à d’autres classiques du shôjo manga. C’est là où Skip and Loafer a pu créer de la discussion, puisque le manga original n’est pas un shôjo, c’est un seinen publié dans le magazine Monthly Afternoon où l’on peut également lire des trucs comme Vinland Saga et Tengoku Daimakyô. On a pu entendre certaines personnes expliquer que quelques soient les qualités de la série, en parler comme un shôjo revient à faire un amalgame nocif pour la popularité du genre, déjà fortement en déclin en Occident depuis que les animes de shôjo ont été éradiqués de la production. C’est là que je me dis que les catégories éditoriales ont leurs limites, au bout d’un moment ce qui importe c’est le contenu des œuvres, pas leurs classifications. Et un série telle que Skip and Loafer montre que si des artistes veulent raconter ce genre d’histoires, peu importe que ce soit du shôjo ou du seinen ou ce que vous voulez, il y aura toujours un moyen de les amener au public. Je ne vais pas élaborer plus que ça puisque je vois déjà bien que personne ne comprend ce que je raconte, mais bon j’avais envie d’en parler quand même.

Skip and Loafer est une claire réussite. Personnages, humour, émotions, réalisation, tout tombe juste. Les personnages sont relativement nombreux mais ils ont tous une épaisseur qui les rend intéressants à suivre, et la manière avec laquelle ils interagissent sonne authentique. Le seul défaut évident c’est qu’on a seulement douze épisodes à se mettre sous la dent alors que ce genre d’histoire prend tout son sens sur le long terme ; et le studio PA Works est notoire pour rarement produire de suites à leurs séries. Il semble néanmoins que depuis quelques temps le studio cherche à prendre une nouvelle direction, et si des adaptations telles que Ya Boy Kongming et Skip and Loafer sont à la clé, nous sommes impatients de la suivre. 7,5/10

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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