Surprendre c'est bien, mais il faut aussi savoir garder le spectateur.

» Critique de l'anime Samurai Flamenco par Kanade Kun le
23 Avril 2018

Samurai Flamenco a la particularité d'être un animé ou on ne peut clairement pas être prêt pour ce qui nous attends. On lit un synopsis, on se fait une idée de ce qu'on va voir, on commence l'animé, on passe quelques épisodes, on se forge une idée du matériaux qu'on a devant les yeux, mais arrivé à la moitié s'entame un virage à 180 degré qui, non content d'être très déstabilisant, deviendra le motif principal de toutes les critiques négatives qu'on pourra lire ou entendre à propos de cette oeuvre pour le moins incongru. Mais nous reviendrons sur ce point plus tard, commençons d'abord par le commencement.

Un jeune homme, Masayoshi Hazama , fan de super héros mais sans le moindre pouvoir ni talent décide de se fabriquer son propre costume et d'aller combattre le crime. Pour ceux qui connaissent, la comparaison avec Kick-Ass est immédiate, mais ce n'est pas l'angle que j'ai envie d'adopter aujourd'hui. Dans les faits ce postulat de départ nous met dans une ambiance très cynique de la réalité. Car non, dans la réalité il n'y a pas de supers vilains ni de supers pouvoirs, et malgré le fait que ce soit traité sous forme d'une comédie (au passage assez drôle) je ne peux m’empêcher d'encaisser le choc du contraste entre la naïveté d'un adolescent fan de supers héros qui veut faire régner sa justice, et le fait qu'il est à peine capable de sermonner sans succès des collégiens qui traînent tard le soir, ou des gens qui traversent au feu rouge. Pour moi tout l’intérêt de l'animé portait sur cette vision très réaliste et sur le fait que le décalage entre la vision enfantine et naïve du monde ne peut que se heurter face au constat de : «comment ça se passe dans la pratique, en vrai». C'est d'ailleurs tout le rôle que prend Goto, l'ami policier du héros. La voix de la sagesse et du réel, celle qui se veut ramener sur terre l'idéologie simpliste de Masayoshi.

Mais malgré cela, l'animé prend une direction de moins en moins cynique, après quelques événements que je vous laisserais le soin de découvrir par vous même, Masayoshi gagne en force et commence à devenir capable de luter contre la délinquance, puis contre une petite criminalité. Une vidéo de lui en costume fait le buzz et partout on ne parle que du super héro "Samurai Flamenco" qui aide les opprimés. La première rupture de ton se fait ici. D'un animé très «terre à terre» on commence à rentrer dans l'application du fantasme. Les rêves d’héroïsme, jusque la traités comme naïfs, commencent à prendre forme. Mais jusque la, en tant que spectateur je n'ai pas été dérangé. Après tout il faut bien remplir les épisodes et il faut bien qu'un scénario se construise. Et après l'angle de la réalité cynique on passe à une vision du super héro par le grand publique. L’intérêt de l'animé ne se focalise pas tant sur les actes que sur la vision que s'en font les personnages et l'univers dans lequel l'animé évolue. Après tout, pourquoi pas, d'ailleurs même si Masayoshi devient un genre de héro populaire le coté réaliste est toujours d'actualité, et c'est la que s'impose le gros virage à 180 degré dont je parlais tout à l'heure. J'ai longuement hésité sur la manière de l'évoquer et si il fallait ou non en parler, mais comme il m’apparaît comme impossible de continuer cette critique sans le faire nous allons parler de la 2ême partie de cet animé, c'est à dire la fin de l'arc 1 et le début de l'arc 2.

Sans rentrer dans les détails pour ne pas gâcher l’intérêt du scénario, nous voyons l'arrivé du premier super vilain. L'animé prend alors une dimension "fantastique" et on sort définitivement de la sphère réaliste. C'est à ce moment la que pour moi le publique s'est divisé. Comme je le disais plus haut tout l'intérêt de l'animé était pour moi sa dimension réaliste et d'un coup l'oeuvre commence à se transformer en super sentai (à la mode power rangers pour prendre un exemple qui parle au plus grand nombre). Alors soyons clair, je n'ai personnellement rien contre les supers sentais, c'est pas ma came et en premier lieu ce n'est pas le genre d'oeuvre sur lesquels j'aime me pencher et que l'animé en soit un, c'est un choix artistique que je ne suis pas apte à juger. Le problème c'est que cette direction prend lieu après que soit déjà passé une dizaine d'épisodes. Nous en sommes déjà à plus de 3h de visionnage, à la moitié de l'animé, on peut naturellement considérer que nous sommes sorti de l'acte 1, que les bases de l'univers sont posées, et qu'on peut rentrer dans l'acte 2: «les péripéties». Sauf que ce nouvel arc redéfini entièrement les règles de l'univers. On passe de kick-ass à power rangers dans une dimension, certes parodique, mais néanmoins à l'opposé total de ce qu'avait alors instauré l'animé.

Le fil rouge de cette série reste «la vision extérieure» de tout ça et ce qu'en pensent l'univers et les personnages, les médias, les politiques. Que ce soit dans un début réaliste ou dans une suite sentai "grand guignolesque" parodique. On y trouve d'ailleurs un univers assez proche de ce qu'on trouve dans des productions plus actuelles de type One Punch Man ou My hero Academia (dans le coté parodique des supers vilains et de leurs capacités) m'est avis qu'il n'est pas impossible que samurai flamenco ait pu avoir une influence sur ces œuvres à ce niveau la. L'intérêt de l'animé se porte sur cette vision des supers héros, au point que parfois on ne nous montre même plus vraiment les combats ni leurs dénouements car on sait que de toute façon le gentil gagne. Exit le momentum, on passe directement à la conclusion et à ce que le grand public et/ou les héros ont retiré de cet événement. C'est pour moi ce qui a maintenu mon intérêt jusqu'à la fin. Car oui j'ai regardé cet animé jusqu'à la fin et c'est un tour de force que samurai flamenco a réussi. Il a réussi à me faire regarder un super sentai alors que je n'aime pas ça, et c'est peut être ça qu'a voulu le studio, essayer de forcer un jeune publique à s’intéresser à un univers souvent vu comme «has been». On m'a présenté un animé, je me suis attaché aux personnages et donc même quand l'animé a pris une direction sentai que je n'aime pas, j'ai quand même suivis, parce que j'étais justement déjà attaché aux personnages et je voulais savoir.

Le dernier arc dont je ne dirai mot a pour qualités, selon moi, d'être un parfait mélange des deux parties de samurai flamenco et réconciliera les fans du début avec l'animé, pour ceux qui auront eu la patience d'arriver jusque la. Personnellement dans l'ensemble j'ai aimé l'animé, j'ai aimé sa dimension parodique, son cynisme et même si je n'ai pas aimé le virage sentai, j'ai apprécié qu'une œuvre soit sortie des chemins tracés pour tenter de me prendre à revers. Je pense que nous avons la une curiosité qui ravira grandement les fans de super sentai, qui fera passer un bon moments aux curieux comme moi, mais qui malheureusement décevra aussi énormément. Car même si elle commence comme tel, ce n'est pas une oeuvre tout publique, c'est une oeuvre faîte pour un publique de niche, qui joue constamment avec des ruptures de tons pour déstabiliser le spectateur qui se perdra à de nombreuses reprises, et pour beaucoup, définitivement. Je comprend qu'on puisse avoir vraiment du mal avec cet animé et si on m'avait dit qu'il finirait comme ça je ne l'aurais sans doute même pas commencé. Néanmoins, force est de constater que j'ai, dans l'ensemble, passé un bon moment avec des pics d'inégalités qui m'ont trop souvent ramené à mon statut de spectateur.

Surprendre et déstabiliser c'est bien, mais il faut aussi savoir garder le spectateur à l’intérieur du récit. Beaucoup connaissent le principe de suspension consentie de l'incrédulité. Samurai flamenco souffre à de trop nombreuses reprises de me ramener à mon incrédulités en changeant trop les règles qu'il avait établi, et tout le temps nécessaire à ce que ma «suspension consenti» se reconstruise, c'est du temps que j'ai passé en dehors de l'oeuvre à réapprendre les règles. Et ça c'est le plus dommageable dans cette histoire. Une histoire qui n'est pas capable de garder son spectateur dans son récit de bout en bout.

Verdict :6/10
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A propos de l'auteur

Kanade Kun, inscrit depuis le 17/02/2014.
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