Une tragédie classique dans son propos et magnifique dans son exécution

» Critique de l'anime Basilisk par Tyra le
05 Décembre 2014
Basilisk - Screenshot #1

Basilisk : derrière ce titre qui rappellera une plante ou un animal fantastique selon que vous ayez la main verte ou l'intégrale d'Harry Potter chez vous, se cache en fait une tragédie tout à fait maîtrisée. La maîtrise : là est le maître mot que j'utiliserais pour qualifier cette série. Il faut dire que cet anime a su d'emblée s'inscrire dans les pas d'un dramaturge qui est loin d'être un sinistre inconnu : William Shakespeare.

Le scénario est loin d'être d'une originalité transcendante. Il s'agit en fait ni plus ni moins que d'une retranscription quasiment à l'identique de la célèbre tragédie Roméo et Juliette du dramaturge anglais. Le synopsis suffira à s'en convaincre : durant l'ère Tokugaya (soit le XVII° siècle), le shogun en place décide de régler la question de sa succession entre ses deux héritiers en organisant un gigantesque tournoi à mort entre les deux clans de ninjas qui se vouent une haine féroce depuis des temps immémoriaux : les Iga d'un côté, les Kôga de l'autre. Dans la mesure où chaque clan représente un des deux héritiers au pouvoir suprême, on est donc en présence d'un véritable Battle Royale sanglant sur vingt-quatre épisodes qui ne laissera que peu de survivants.

Basilisk - Screenshot #2A cette intrigue principale s'intègre la copie presque parfaite de la romance impossible propre à l'oeuvre de Shakespeare entre, cette fois-ci, les chefs des deux clans : ils s'aiment, ne s'en cachent pas, mais de par leur fonction tout cela est destiné à mal finir. On ne peut donc pas vraiment dire qu'un tel résumé soit susceptible de convaincre tant le spectateur peut se demander - à raison - où est l'intérêt de redécouvrir une histoire qu'il connait déjà. Seulement voilà, c'est justement là le cœur du propos de Basilisk : redécouvrir Roméo et Juliette sous un autre angle et dans un autre contexte. Si le principe n'est pas neuf, son traitement est étonnamment bien orchestré de sorte qu'on se trouve en présence d'une série qui réussit à la fois à rester proche de Shakespeare (ce qui est loin d'être un défaut à mes yeux) et en même temps à avoir une identité propre qui en fait un anime à voir pour tout adepte de tragédie qui se respecte.

En effet, la dimension Battle Royale du scénario que j'ai décrit précédemment permet de donner un souffle épique à la série vraiment haletant à suivre. C'est dû principalement à un élément : l'originalité profonde des pouvoirs propres à chaque ninja des clans Iga et Kôga. En effet, dans la mesure où chacun de ces combattants a des pouvoirs considérables (que je ne révélerais pas au risque de spoiler), on se demande à chaque combat qui va survivre et qui va mourir tant les rapports de force s'inversent à un rythme accéléré à mesure que l'intrigue avance. A titre personnel, c'est typiquement le genre d'anime que j'ai vu en deux jours tant le suspense était aussi infernal à suivre que permanent. Les scènes de combat sont également d'un esthétisme certain qui m'a totalement convaincu et fait adhérer à cette tragédie hybride entre héritage shakespearien et influence japonaise tant dans le contexte historique que dans le genre même de l'anime de ninjas.

Basilisk - Screenshot #3Je me dois également de dire un mot sur l'ambiance sonore de la série dans la mesure où la composition musicale est d'une très bonne facture. L'opening est excellent, cela va sans dire, mais les musiques d'ambiance ne sont pas en reste avec une utilisation très judicieuse d'instruments typiquement japonais de manière à immerger pleinement le spectateur dans cette ambiance du Japon féodal. La musique est toujours un élément important dans toute oeuvre visuelle, Basilisk n'est donc pas en reste : la synesthésie fonctionne parfaitement. C'est d'autant plus vrai qu'on sent qu'un effort a été fait en matière de créativité pour offrir autre chose qu'une bande originale simplement épique.

J'en viens donc à ma conclusion. A n'en pas douter, Basilisk est un anime à voir si l'on aime les scénarios bien structurés, cohérents, avec une ambiance lourde et de nombreux événements dramatiques. Le fait que l'histoire soit basée sur celle de Roméo et Juliette pourrait pousser certains à crier au plagiat, mais à bien y réfléchir je trouve que c'est justement cette influence qui donne toute sa force à la série. En se basant sur une histoire claire dès le début où la question n'est pas tant de connaître le dénouement que les événements qui y mènent, les auteurs de la série ont pu construire tout un univers original autour. Le background historique ne pouvait notamment que convaincre l'historien névrosé que je suis. Il n'est certes qu'effleuré, mais j'ai bien aimé ce mélange permanent entre l'historicité propre au régime du shogunat et l'a-historicité totale d'un monde de ninjas dotés de pouvoirs tous plus démesurés les uns que les autres. Les deux éléments se complètent sans jamais nuire à la cohérence de l'ensemble. Ce sera donc un 8 tout à fait mérité pour cette tragédie certes classique dans son propos, mais dans un même temps magnifique dans on exécution.

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

Tyra, inscrit depuis le 17/11/2014.
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