Yuri On Ice – We were born to make History

» Critique de l'anime Yuri!!! on Ice par Anon le
23 Décembre 2016
Yuri!!! on Ice - Screenshot #1

Yuri on Ice est une des dernières productions en date du studio Mappa, lequel oscille entre des productions largement respectables et largement méconnues, et des séries plus classiques pas forcément plus remarquées. Une fois n'est pas coutume cependant, il semblerait qu'ils aient réussi à atteindre un public conséquent (l'épisode final a donné du mal à Crunchyroll parait-il), sans nous offrir une œuvre mainstream pour autant.
On l'aura compris, Yuri on Ice est un anime sur le patinage artistique, qui nous entraine dans les déboires de Yuri Katsuki, un patineur japonais dont la carrière au point mort va se voir relancée lorsque son idole de toujours, la légende russe Viktor Nikoforov, débarque chez lui en lui promettant de l'ammener à la victoire. Un vrai conte de fées en perspective, mais les difficultés à affronter seront nombreuses.

En terme de forme, Yuri on Ice vise haut, pour le meilleur et pour le pire. La réalisation et ses tons bleutés qui n'empêchent pas certains décors chaleureux et colorés, ainsi que ses paysages variés, offrent une véritable identité et beauté visuelle à la série; mais l'animation sans défauts, elle, ne dure pas plus de trois épisodes. Il faudra donc passer sur les nombreuses chorégraphies des skateurs, qui, (s'il n'y a rien de catastrophique tant qu'on y regarde pas de trop près), sont passables dans l'ensemble, mais malheureusement médiocres à l'occasion (le prix à payer pour une animation faite main qui a sûrement manqué de temps.)
Le tout est néanmoins largement compensé par les musiques, de registres totalement différents, mais remarquables - tout dépend des goûts mais on ne peut nier leurs significations bien particulières. De même, les performances principales, à savoir celles de Yuri et Yurio, sont plusieurs crans au dessus ( il suffit de voir l'évolution de «Yuri on Ice» entre l'épisode 5 et l'épisode 12 pour comprendre tout l'avantage en terme d'animation d'une chorégraphie récurrente dans la série ). Et finalement il y a la conviction qu'y mettent les personnages. Plus que de jolis mouvements, le patinage est en effet aussi une affaire d'émotions et d'interprétation: encore une fois cette dimension ressort particulièrement avec les danses de Yuri, qui évoluent certes sur un plan technique, mais qui voient surtout leur sens changer au fur et à mesure de l'avancée du protagoniste.
Le tout est donc en dents de scie (et j'ignore si la version Bluray corrigera le plus gros des défauts) mais transpire la passion. Une passion qui peut également se sentir à travers les nombreuses références et inspirations plus ou moins subtiles tirées du vrai monde du patinage artistique (au point d'avoir eu des caméos de patineurs célèbres dans certains épisodes, doublage compris) qui ont valu à Yuri on Ice son petit succès dans le milieu.
Petite note à l'opening – en anglais, pour mon plus grand malheur vu que les paroles ne me sortent pas de la tête.

Yuri!!! on Ice - Screenshot #2Une des choses qui m'a le plus marqué dans Yuri On Ice, c'est sa gestion du format douze épisodes. Soyons clairs, le scénario tient sur un post-it, ce qui n'a rien de surprenant pour un anime de sport, et assume même volontiers des aspects peu crédibles à grand renfort d'humour absurde. Cependant, le rythme n'a à mon sens pas de défauts. La série n'a que de rares temps morts, et une fois les trois premiers épisodes d'introduction dépassés, ne s'arrête que peu ou prou – l'unique épisode «filler», l'épisode 10, se voyant judicieusement utilisé en développement de personnages. L'épisode 7 étant à mon sens le plus représentatif d'une construction impeccable où les relations entre les protagonistes évoluent en parallèle de chorégraphies parfaitement intégrées à la tension émotionnelle ambiante. Et si tous ne peuvent être chargés en rebondissements ou en événements importants, il n'y en a certainement aucun d'inutile.

Cela étant, la vraie force de cet anime, c'est clairement les personnages et les thématiques qui sont abordées à travers eux.
Avant d'en venir au trio principal, je tiens à m'attarder sur les secondaires, parce que Yuri On Ice est à mon sens la preuve qu'on peut avoir douze épisodes et des secondaires qui ne font pas office de bêtes figurants. Si certains patineurs, admettons-le, semblent plutôt là pour remplir le quota de nationalités, il est étonnant de voir à quel point avec un temps à l'écran réduit, une majorité parvient à s'imposer directement, grâce à des personnalités hautes en couleurs et éloignées des stéréotypes habituels, de véritables univers sur lesquels se basent leurs performances, et des problématiques qui se font écho entre elles. La série fait d'elle-même des parallèles entre Chris et Yuri (pour le sex-appeal) ou JJ et Yuri (pour la gestion du stress) mais il y en a bien d'autres.
On notera, encore plus surprenant, une représentation du patinage féminin – et des personnages qui réussissent à ne pas sembler vides avec trente secondes de figuration dans un épisode- même les coachs ont chacun leur caractère, et les rares figurants hors-sportifs (la famille de Yuri notamment) font ressortir l'essentiel niveau relationnel en un temps record.

Yuri!!! on Ice - Screenshot #3Mais la dynamique principale reste celle du trio Yuri/Viktor/Yuri(o), même si ce dernier reste davantage en retrait. Yuri, on le comprendra vite, a une estime de lui-même dans le négatif absolu, créant un décalage entre sa perception de sa carrière et ce qu'il en est vraiment. Un manque de confiance en lui qui lui est fatal en compétition, et totalement contradictoire avec une envie, malgré tout, de gagner. De son côté, Viktor, qui accumule les titres et les médailles d'or, souffre d'un sévère manque d'inspiration et se questionne sur sa carrière qui touche à sa fin; et s'il nous apparaît tout d'abord, à travers le regard de Yuri, comme un véritable dieu sur Terre, nous apprendrons avec notre héros à découvrir un être humain, avec ses défauts et ses lacunes. A cela s'ajoute Yurio, bien plus jeune, talentueux et ambitieux, qui compte bien briller dans le monde des seniors; les trois partageant globalement le fait d'avoir vécu uniquement pour la glace, au point d'en oublier des dimensions primordiales de leur vie – l'amour étant le point le plus mis en avant pour Yuri et Viktor, plus âgés.

L'évolution de l'équipe formée par Yuri et Viktor est aussi rapide que parfaitement écrite, chacun faisant découvrir à l'autre ce qui lui manque pour avancer, créant une relation de totale confiance malgré des hauts et des bas, et une affection mutuelle quasi-fusionnelle qui garde assez d'ambiguité pour que chacun y voie ce qui lui plaît (je n'ai personnellement pas grand doute sur le caractère amoureux de ladite relation, qui ne serait en plus qu'un symbole parmi tous ceux, politiques ou culturels, glissés dans l'anime). Je reste d'ailleurs admirative du chemin parcouru par Yuri, et les différentes facettes de sa personnalité développées au fil de la série; si Viktor est moins creusé, il n'en reste pas moins un personnage intéressant à suivre, bien que les choix scénaristiques de fin ne lui aient pas forcément rendu service.

Yuri!!! on Ice - Screenshot #4Ces deux personnages (majoritairement) apportent également la dimension qui fait sortir Yuri On Ice du lot: la sensualité. Car si on peut sourire des quelques scénettes fanservice comiques de début de série, cette dernière parle bien d'amour – d'amour de soi, certes, d'amour du patinage, d'amour inconditionnel, mais aussi d'amour sexuel et donc d'érotisme. Et sur ce point là, difficile de ne pas apprécier le travail qui a été fait: car non seulement ce thème est traité, ce qui est déjà étonnant sur le principe, mais en plus il est bien traité, avec honnêté et naturel. On est bien loin du fanservice commercial de base.

J'avoue avoir plus de mal avec le personnage de Yurio, qui n'est au final même pas un vrai rival – le réalisme de la série excluant tout antagoniste à vaincre et mettant au contraire en avant une certaine camaraderie entre les sportifs quand ils ne s'affrontent pas sur la glace- et qui hésite perpétuellement entre un adolescent arrogant imbuvable et un jeune homme plus mature. Paradoxalement, son rôle m'est apparu le plus clair dans l'épisode final, qui est pourtant dans un certain désaccord avec tout le reste de la série. Reste néanmoins que son parcours témoigne également d'une évolution intéressante.

Et j'en viens là à mon unique problème avec Yuri on Ice, qui m'a totalement transporté sur douze épisodes et auquel je n'ai rien d'autre à redire: le final aurait pu se contenter d'être une véritable conclusion. Si l'ouverture sur une seconde saison certes purement commerciale ne me dérange pas forcément – si c'est le même staff qui s'y colle et qu'elle est du même niveau, ça ne se refuse pas – elle fait en revanche un peu trop office de solution de facilité à une des thématiques pourtant principales de la série, qui est, fort ironiquement, la fin.

Bien que partagée sur les ultimes moments de cette série, je ne peux que m'incliner face à ce qui nous a été offert; loin d'être un énième anime alimentaire bon à faire baver des fangirls, Yuri on Ice est une série superbe – superbement écrite, superbement mise en scène, et tous les petits défauts qu'on peut évidemment lui trouver ne gâcheront pas le plaisir que j'ai eu à la visionner (comme en témoignera la longueur de cette critique).

9 en toute objectivité, mais 10 sans hésiter.

See you next level.

Verdict :10/10
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A propos de l'auteur

Anon, inscrit depuis le 28/07/2013.
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