Personnellement, j'ai installé le jeu en Français, avec le patch et je n'ai eu aucun souci.
Arrivé aux 2/3 de l'aventure (je viens de finir Chinatown et m’apprête à rendre visite aux Italiens de la famille Giovanni), je pense pouvoir donner mon avis sur le jeu.
Premier constat, même pour un jeu sorti en 2004, c'est très "beau". J'ignore si le patch fait quelque chose à propos des textures ou si c'est juste le fait d'avoir un PC de 15 ans plus avancé, mais c'est relativement propre. Quand au lvl design, rien à dire: il retranscrit à merveille l'univers sombre et torturé d'une société de vampires telle qu'on pourrait l'imaginer, avec ce côté façon empire décadent qui essaie de donner le change mais tombe en lambeaux dès qu'on gratte un peu le vernis.
Quand aux différents personnages rencontrés en cours de route, que dire sinon qu'ils ne manquent pas de personnalité et laisseront rarement le joueur insensible (tant sur leur avatar que dans leurs répliques).
Niveau gameplay, on est clairement dans un jeu à la
Deus Ex: pour résoudre une situation, il y a généralement plusieurs options possibles: on peut bien entendu foncer dans le tas et massacrer ceux qui se dressent entre nous et nôtre proie, mais il est également possible d'adopter une approche plus subtile en favorisant la discrétion, le crochetage des serrures et le piratage des ordinateurs. Et pourquoi pas carrément aller négocier en face à face, en essayant de convaincre/séduire/menacer son interlocuteur.
Cela-dit puisqu'on parle de bastonner, c'est généralement le corps à corps qui sera favorisé (même si le système de combat manque de fluidité), les armes de tirs étant loin d'être optimales (même si utiles dans certains cas).
Vous vous en doutez, la feuille de personnage est relativement conséquente et permet de s'adapter à différents styles de jeu, bien qu'il soit conseillé d'être un peu touche-à-tout malgré tout. Parce que lorsqu'on joue (comme moi sur cette première partie) un personnage davantage orienté diplomatie (avec un peu d'infiltration), lorsqu'on tombe sur certains combats inévitables, ça prend un peu plus de temps.
L'histoire quand à elle est particulièrement prenante et les quêtes (principale comme secondaires) bien écrites et intégrées dans un univers convaincant dans lequel on est fraîchement débarqué. C'est vrai que pendant une bonne partie de l'aventure, on se contente de suivre les ordres donnés par nos supérieurs sans réellement savoir si on peut leur faire confiance. Est-on un simple jeune vampire qui s'est retrouvé là par hasard, ou bien y-a-t’il quelque chose en nous qui justifie qu'on se retrouve à ce point plongé dans une série de complots à plus ou moins grande échelle?
Au fil de l'histoire, on dévoile peu à peu un univers particulièrement riche, avec des règles et une vision des choses clairement différentes de celles d'un Humain "normal". D'ailleurs en fonction de cela, il sera possible de prendre des décisions qui mèneront à des fins sensiblement différentes (notamment en matière de politique).
L'univers intègre aussi un score d'Humanité (à la place d'un simple alignement bon/mauvais), qui évoluera selon certaines actions, vous permettant de conserver une certaine maîtrise de vos pulsions sanglantes, ou au contraire de libérer la bête qui sommeille en vous si vous être trop bas ou que vous n'avez pas bu assez de sang. Car même en essayant de jouer un personnage "sympa" ayant un certain respect pour les vivants, vous restez un vampire et devez donc impérativement boire du sang de manière quotidienne pour ne pas sombrer dans la folie. A vous de voir après si en faisant cela vous tuez vos victimes ou les laissez en vie et simplement affaiblies. Bien entendu, la qualité du sang varie d'un individu à l'autre: par exemple, les prostituées, les clochards (et même les rats) sont bien plus faciles à trouver, mais rempliront moins vite vôtre jauge de sang. Pour viser plus haut, il faudra souvent atteindre des endroits protégés ou convaincre vos victimes potentielles (la séduction, ça marche).
Puisqu'on en parle, notons que le jeu est classé 18+, et ce n'est pas pour rien. Déjà, l'univers des vampires est sombre et violent, et les mises à mort généralement sanglantes, sans oublier que vous croiserez régulièrement des créatures à l'allure plus que dérangeante. Il y a aussi certaines quêtes ou vous devrez faire des choses complètement immorales pour progresser: comme convaincre un pauvre bougre de se rendre dans une vieille bâtisse abandonnée, sans lui dire qu'il y a dedans un vampire affamé qui vous à promis un artefact ultra-rare en échange d'un bon repas.
Enfin, on aborde des thèmes clairement matures comme la prostitution, les snuffs-movies et autres joyeusetés collant parfaitement au thème de vampires vivants dans l'ombre de la société. C'est dingues ce qu'on peut croiser comme jolies filles peu frileuses tout au long de l'aventure. En échange de quelques services, certaines pourront se montrer plus ou moins généreuses à votre égard par la suite...
VV, ma vampire favorite...
Malheureusement, le jeu n'est pas exempt de défauts, à commencer par le fait d'être (apparemment) relativement buggé, à tel point qu'un patch non officiel semble nécessaire pour avoir une bonne expérience de jeu.
Il y a aussi le fait que la neutralisation d'un adversaire passe obligatoirement par sa mort. Contrairement à
Deus Ex, il n'est pas possible de simplement assommer un garde. Ça ne pose pas de problème pour des gangsters, mais lorsqu'on parle de policiers ou gardiens de musée, qui sont peut-être de braves gars sans histoires (il vaut mieux la jouer discret à fond dans ce cas)... Toujours ce problème de gestion de l'Humanité, mais après c'est peut-être ça aussi être un vampire: considérer les Humains comme du bétail et ne pas se soucier de leur vie.
Je parlais de la nécessité de faire un personnage un peu touche à tout, et effectivement, à un moment ou un autre vous aurez forcément besoin d'utiliser vos compétences pour régler certaines situations. Les compétences de crochetage et piratage sont particulièrement indispensables si l'on souhaite finir les quêtes secondaires à 100%, pas pratique si l'on veut jouer un vampire plus tourné vers la baston, surtout que les améliorations coûtent rapidement assez cher en points d'expérience.
Et puis il y a certains éléments de gameplay qui auraient mérités d'être développés. Je pense notamment au "serviteur" que l'on récupère à un moment de l'aventure. On aurait pu avoir la possibilité de gérer un peu plus ses compétences et la manière dont on le traite pour obtenir certains bonus, mais on a juste droit à quelques phases de dialogues rapidement expédiées. Et de toute manière, quelque soit son destin il finit par disparaître.
Bref VTMB, pour moi c'est une excellente surprise, à tous points de vue. Je craignais que le jeu ait mal vieilli depuis sa date de sortie (2004), mais en fait non, il s'est révélé très agréable à prendre en main et à parcourir. Quand à l'histoire (principale et quêtes secondaires), elle est un modèle du genre.
Le jeu prouve aussi qu'en matière de RPG occidental, il n'est pas obligatoire de se cantonner aux seuls univers d'héroïc-fantasy ou de SF. Les univers alternatifs comme les vampires (iVTMB) ou même le steampunk (Arcanum dans une certaine mesure) ont prouvé qu'ils étaient tout aussi légitimes pour offrir des aventures de qualité aux joueurs, dommage que les studios aient tendance à se montrer frileux.
Il est curieux que le jeu n'ait pas fait davantage parler de lui à sa sortie, mais j'imagine que les multiples bugs de l'époque ainsi que la classification 18+ n'ont pas aidé à se faire voir du grand public (encore que la série des GTA soit aussi 18+). Je ne sais plus trop quels autres grands jeux sont sortis la même année, mais j'imagine que la concurrence était un peu trop rude, même si le jeu semble avoir acquis une fanbase plutôt fidèle au fil du temps. Comme diraient ceux-ci:
Du coup, je pense qu'une fois que j'aurai terminé ma première partie avec mon Toréador, j'en recommencerai une autre avec un personnage plus orienté combat et ayant moins de remords pour tuer des humains. Peut-être une Malkavienne, pour bien accentuer le côté tueuse psychotique avec des options de dialogue délirantes.