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Critique du manga Angel Heart

» par watanuki le
06 Mars 2007
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Angel Heart marque le déclin grandiose de Tuskasa Hojo. Parvenu au sommet de son art et de sa finesse narrative (sans oublier son humanisme) avec Family Compo, il sombre à maintes reprises avec Angel Heart dans le pathos inavouable, et on se noie parfois un peu facilement dans des flaques de larmes sans sel.

Les 3 premiers volumes sont des chefs-d'oeuvre, l'auteur y fait montre d'un savoir-faire exceptionnel, et d'une capacité indiscutable à rendre l'action palpitante : la tueuse Glass Heart, ayant survécu à sa tentative de suicide, tente d'échapper aux assassins lancés à ses trousses, aidée en cela par Ryo Saeba. Rien à redire, le scénario, le dessin, l'esprit de City Hunter se conjuguent à merveille dans cette première partie géniale d'Angel Heart.

Malheureusement, les choses se détériorent très vite, à partir du moment où notre héroïne devient l'auxiliaire de Ryo Saeba. Alors, les petites intrigues se suivent et se ressemblent, l'action disparaît presque totalement, l'humour est très souvent en sous-régime, et les panneaux "Pleurez" sont brandis avec une insistance qui rend dubitatif quand au jugement de Hojo : celui-ci utilise les ficelles les plus grosses, épaisses parfois comme des poteaux, pour nous émouvoir. Comprenez, le coeur de Kaori bat dans la poitrine de notre charmante héroïne, et cette idée scénaristique, excellente au départ, parce que dans son absurdité même elle donnait au manga toute sa saveur de fiction revendiquée, devient galvaudée, ennuie et n'en finit plus d'être usitée jusqu'à plus soif. Dès qu'un cas se présente, l'aura de Kaori transcende l'action, et c'est-à-croire que 90% de Shinjuku sont capables de percevoir Kaori et de pleurer sans raison devant la beauté d'âme de cette héroïne pourtant décédée depuis près de 20 volumes maintenant...

Angel Heart est en ce sens l'exact inverse de Ken le Survivant (d'ailleurs City Hunter à l'époque le parodiait volontiers): Ken est un manga culturiste faisant l'éloge de la philosophie du rugby, tandis qu'inversement Angel Heart tente par tous les moyens de nous rendre à notre "part féminine", comme si en lisant un manga il fallait qu'on se dise (de préférence en poussant des rots) en permanence que nous ne sommes pas des "tapettes" , ou qu'au contraire, nous sommes tellement sensibles en fin de compte. A ce titre, Angel Heart ne dépasse malheureusement pas la qualité réflexive des pubs de Nivea pour nous, les hommes capables d'avoir envie de ne pas piquer du menton.

On est à des années-lumières de Family Compo, où l'oeil ne nous larmoyait pas si facilement, où Hojo, personnage très plaisant, parvenait à brosser des portraits parfois ambigus, parfois très drôles, en composant avec beaucoup de talent sur le thème de la sexualité. On ne peut pas l'accuser de nourrir une pensée caricaturale, et c'est le grand dommage d'Angel Heart, de galvauder ses efforts précédents.

Les personnages se diluent donc dans le sentimentalisme et les arlequinades, pourtant cela n'entache pas leur présence, preuve que le mangaka n'a pas tout perdu. Toujours aussi crédibles et attachants malgré tout, ceux-ci ont quelques peu vieillis, c'est l'une des forces du manga d'en rendre compte, même si parfois on est très déçu des bifurcations du scénario.

Arrivée à 15 volumes passés, la série semble avoir trouvé son rythme de croisière, même si dernièrement l'histoire s'est sensiblement améliorée. Critique à suivre, un jour...

Verdict :6/10
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A propos de l'auteur

watanuki, inscrit depuis le 21/10/2006.
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