Difficile de parler de ce manga sans en dévoiler des éléments importants du scénario. Traité comme un bon polar, l'histoire d'Ayako est terriblement captivante. L'une de ses forces est de parvenir à créer un véritable petit monde très crédible auquel on accroche très rapidement. L'aspect réaliste du récit est d'autant plus important qu'Osamu Tezuka mélange la fiction à des faits historiques.
L'injustice dont sera victime la pauvre Ayako est particulièrement touchante. La famille Tenge est une vieille famille bourgeoise et traditionnaliste. La place de la femme est réduite à sa plus simple expression et la plupart des membres sont prêts à tout, jusqu'aux pires agissements, pour que l'honneur de la famille reste intact. Et la jeune Ayako en fera les frais sans que personne ne fasse une geste pour lui permettre d'échapper à son malheureux destin. Dans ces conditions, elle est le seul personnage en qui l'on peut avoir une réelle sympathie.
Graphiquement parlant, le style Tezuka a indéniablement vieilli. Ayako date de 1972 et ça se voit. Les proportions choquent un peu parfois et le design des visages est assez inconstant. Toutefois, la mise en page et le découpage des planches permet d'offrir à la narration un dynamisme impressionnant qui scotche le lecteur. J'ai attendu d'avoir les 3 volumes avant de me plonger dans ce manga et une fois commencé, il m'a été impossible de m'arrêter.
Selon moi, ce manga tient bien plus ses qualités de l'incontestable talent de conteur d'Osamu Tezuka que de son aspect visuel un peu vieillot. Je ne peux que vous conseiller la lecture d'Ayako qui, comme toutes les oeuvres du maître, a marqué l'histoire du manga.