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BLEACH – L’instant shônen

» Critique du manga Bleach par Deluxe Fan le
18 Août 2016
Bleach - Screenshot #1

Quinze ans après son démarrage dans la magazine Weekly Shônen Jump, le manga Bleach de Tite Kubo tire sa révérence après 686 chapitres de bons et loyaux services. Une loyauté qui n’aura pas toujours été réciproque, les fans des débuts étant souvent passés du côté des haters au fil des ans, inondant l’Internet de trolls et de moqueries envers ce qui fut pourtant un des Big 3 du shônen aux côtés de One Piece et Naruto.

Heureusement, il reste dans ce désert d’ingratitude quelques irréductibles fidèles, prêts à rendre les derniers hommages à un des mangas les plus significatifs de sa génération, qu’on le veuille ou non.

Bleach raconte l’histoire de Ichigo Kurosaki, un lycéen pas si ordinaire qui a le don de communiquer avec les fantômes. Ce don lui permettra de faire la rencontre de Rukia Kuchiki, une shinigami (ange de la mort) qui a pour objectif d’envoyer les esprits errants vers l’au-delà avant qu’ils ne se fassent dévorer par les Hollows, des démons insatiables.

Les circonstances feront que Ichigo deviendra lui-même un Shinigami et fera sienne la mission d’entretenir le cercle des morts et des réincarnations. Mais l’irruption d’un humain dans le monde des âmes n’est pas sans conséquences, et c’est pour sauver sa peau et celle de ses amis qu’Ichigo prendra les armes pour soixante-quatorze volumes de baston, de morts, de trahison, de toujours plus de baston, de pouvoirs, de transformations, de shikai, de bankai.

Bleach - Screenshot #2La particularité de Bleach par rapport à ses contemporains, c’est d’être un manga d’action sans être un manga d’aventure. En effet, ce n’est pas le goût de l’aventure ou la quête de puissance qui pousse Ichigo et ses amis au combat, mais les circonstances et l’urgence. Ichigo n’est pas un explorateur du monde ou un ambitieux qui veut devenir puissant, il veut simplement sauver son cul et celui des amis. En cela Bleach est finalement très proche des anciens shônens tels que Dragon Ball, Yu Yu Hakusho et surtout Saint Seiya dont il est l’héritier direct. Les arcs Soul Society, Hueco Mundo et Quincy War sont des copiés-collés du Sanctuaire, mis à la suite des uns des autres par gros paquets de vingt tomes chacun environ.

Comment expliquer ce néo-classicisme d’un manga pourtant sorti quelques années seulement après One Piece et Naruto, qui inaugurèrent la notion de world-building dans le shônen ? Je pense que de manière générale, Tite Kubo n’est pas un raconteur d’histoires. C’est un illustrateur doué, mais la partie narration ne l’intéresse pas tant que ça. De ce fait, pour une œuvre de cette taille, Bleach est très léger niveau scénario, avec des dialogues laconiques et peu de construction de personnages. Les combats se résument à des concepts qui s’entrechoquent, des concours de bite permanent entre des adversaires qui prennent la pose avant de régler leur duel d’un claquement de doigts, par l’opération du Saint-Esprit ou plus généralement d’un asspull sorti d’on ne sait pas trop où.

Bleach - Screenshot #3Cela rend globalement un manga très inégal, qui se résume à quelques coups d’éclats dans un océan de passages OSEF ou de grandes explications à la mords-moi-le-nœud. Mais si l’on regarde les choses de manière moins analytique, on se rend compte que ça fonctionne pas si mal que ça.

En effet, Bleach est peut-être un manga shônen dans ce qu’il a de plus pur, de plus simple. Uniquement tourné vers la baston, sans s’embarrasser de romance ou de politique, Bleach revient aux fondamentaux du genre. Parfaitement à l’aise dans son format de parution hebdomadaire, il se lit rapidement et sans difficulté, grâce à une mise en page épurée et des designs très attirants. Là où tous les mangas cherchent à créer un monde plein de possibilités, Bleach est plus préoccupé par l’instant présent, sans vraiment savoir ce qui l’attend au prochain chapitre. Comment fonctionnent les zanpakutos ? Qu’est-ce qui est arrivé à tel ou tel personnage ? Pourquoi Machin a-t-il vaincu Bidule alors que ce n’est normalement pas possible ? On s’en fout pas mal en réalité. En tout cas Tite Kubo s’en fout complétement, et je ne vois pas vraiment de raison pour laquelle ses lecteurs devraient agir différemment.

Dans un univers du shônen tellement surchargé et changeant que plus personne ou presque ne sait vraiment ce qu’il faut lire ou pas, Bleach était un des derniers piliers datant d’un temps où le monde du manga n’était pas juste une pile de volumes entassés et interchangeables. Que restera-t-il après Bleach ? Un tas de mangas milieu de gamme, qui sont et seront sans doute meilleurs que lui, mais dont personne n’ira vérifier si c’est véritablement le cas. Car Bleach n’est pas juste l’histoire d’un rouquin avec une grosse épée, c’est le testament d’une époque où l’on avait le droit d’être fan.

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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