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Comme un stéréotype sincère

» Critique du manga Yamada to Shônen par Minuit le
25 Août 2018

Récemment publiée en France, Mita Ori a toujours chéri la simplicité d’une bonne histoire. Yamada to Shônen, inédit en traduction française, narre les aventures amoureuses de deux jeunes hommes : un lycéen et un salarié dans la vingtaine ; respectivement nommés Chihiro et Yamada. L’autrice met, et c’en est presque attendrissant, un point d’honneur à briser les vues toutes faites ; si elle ne renie pas l’opposition entre uke et seme, les caractères sont forgés d’une matière plus mouvante que de coutume. Les personnages, tous deux noyés de trop de tendresse, explorent chacun l’émoi amoureux adolescent fantasmé à la sauce shôjo, non sans métadiscours par ailleurs. L’autrice, consciente des codes qu’elle mobilise, construit une histoire touchante et agréable. Et si la résolution tarde, on pardonnera le délai pour le ton juste et émouvant qui infuse profondément le récit.

Seulement, si l’autrice est bien consciente de quelques stéréotypes qu’elle détourne, l’histoire entière est engoncée dans d’autres conceptions fantasmées, sans recul aucun. D’aucuns diront du manga qu’il se suffit à lui-même malgré ses manques ; d’autres y trouveront une occasion manquée. L’intrigue, pourtant sans apprêts, à l’image brouillonne, jetée du trait qui la croque, ne peut s’empêcher de se résoudre à la consommation de la relation. Aussi, l’écart d’âge verse dans l’interprétation malsaine d’une relation utilitaire, renforcée par le pan psychologique explicatif des attirances du plus jeune ; le plus âgé ayant droit quant à lui à l’archétype caricatural de l’hétérosexuel.

Se construit ainsi l’image, touchante entendons-nous bien, d’un couple faussement travesti, qui met de côté certains contrastes malheureux avec goût mais révèle de ce même tour, les contours de fantasmes plus profonds, plus ravageurs encore. Chihiro reste à mi-chemin entre l’enfant et la femme ; Mita Ori reste à mi-chemin entre fantasme et conception hétérosexuelle. Pourtant, il est impossible de refuser à cette histoire l’honnêteté maladroite qu’elle brandit. Espèce rare, hybride consommé : Yamada to Shônen a des airs étranges de stéréotype sincère.

Verdict :4/10
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A propos de l'auteur

Minuit, inscrit depuis le 23/09/2017.
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