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La spiritualité, oui, mais pas que.

» Critique du manga Elle S'appelait Tomoji par StraightDown le
18 Juin 2015

Paradoxalement victime de son succès, il était quasiment impossible de lire Jirō Taniguchi en France sans passer par la case bande dessinée. A croire que les éditeurs de manga boudent l'auteur tant ce dernier est plus visible au festival d'Angoulême que n'importe où ailleurs. Pour preuve, et bien que l'année 2015 soit une petite révolution comme Casterman semble perdre son quasi-monopole vieux de vingt ans sur les sorties de l'auteur, la dernière œuvre du maître nippon est une nouvelle fois confiée à un (jeune) éditeur de bande dessinée.
Du reste, il est à espérer qu'une telle habitude prospère comme l'édition se trouve être très belle et de bonne qualité, contrairement à ce que l'on trouve généralement pour le même prix du côté du manga.

Outre ce préambule d'un intérêt tout relatif, Jirō Taniguchi propose avec Elle S'appelait Tomoji un récit dont rares sont les auteurs à pouvoir se targuer de parvenir à une si brillante simplicité. Dans la lignée de ses autres récits contemplatifs, tels que Quartier Lointain ou La Montagne Magique, ce dernier ouvrage ne raconte à proprement parler aucune histoire ; plutôt une mise en images de ce qu'était le Japon de l'entre-deux-guerres. Soit celle d'un pays de plus en plus pauvre et dont la scission entre la ville et le monde rural se fait de plus en plus présente.
On suit donc la vie de Tomoji et Fumiaki dont la véritable rencontre se fera vers la toute fin du récit. La première vivant majoritairement à la campagne chez sa grand-mère lorsque le second quant à lui mène une vie plus citadine et mouvementée.
C'est néanmoins la vie paysanne qui, sans grande surprise, intéresse le plus l'auteur et, conséquence logique, l'existence et le développement de la jeune Tomoji qui alimentent les pages de ce court mais passionnant portrait.

Sur plus d'une cinquantaine d'œuvres écrites par Jirō Taniguchi, Elle S'appelait Tomoji se trouve être l'une des seules à proposer un personnages principal féminin, et qui plus est enfant. Plus qu'une expérimentation, c'est une véritable réussite que livre ici le maître. Le personnage de Tomoji est saisissant de réalisme, de justesse et parvient à émouvoir autant que ses personnages masculins pourtant magnifiés depuis des décennies.
Le trait est comme toujours à la fois simple et parfait ; en adéquate harmonie avec les émotions ressenties par les personnages ou encore des paysages plus variés les uns que les autres.

Pour qu'un personnage puisse réellement exister dans une histoire, il est capital qu'il soit crédible, qu'il soit juste.
Comme nous l'apprend un entretien avec l'auteur présent dans la postface, Elle S'appelait Tomoji est une biographie romancée de Tomoji Uchida, créatrice du temple Bouddhiste Shôjushin que Jirō Taniguchi et (surtout) sa femme fréquentent depuis plus de trente ans.
L'histoire ne tient d'ailleurs absolument pas compte de ce statut de créatrice qu'incarne Tomoji et se concentre uniquement sur sa jeunesse pour un résultat toujours aussi captivant et authentique.

Qui pouvait de toute façon émettre le moindre doute ?

Verdict :9/10
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A propos de l'auteur

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