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L’amour est une guerre dans laquelle les sentiments ne devraient pas intervenir…

» Critique du manga Que sa Volonté soit Faite par Nakei1024 le
10 Juin 2014

C’est ainsi que le héros, Keima Katsuragi, résumerait sa méthode de séduction si on prenait la peine de le lui demander. Véritable accro aux jeux-vidéos permettant de séduire de multiples demoiselles, sa passion est telle qu’il devenu une star du net, plus simplement présenté comme « le dieu des conquêtes amoureuses ». Et pour ne rien arranger, il n’a aucune attirance particulière pour relations dans la vie réelles. A ses yeux, les femmes (à commencer par ses camarades de classes), sont inconstantes, ne répondent à aucun schéma de réflexion spécifique et demeurent donc totalement imprévisibles. Bref, quel peut bien être l’intérêt de s’efforcer de séduire de telles créatures, quand celles-ci peuvent détruire des heures/jours/semaines de travail en quelques instants, sur un simple coup de tête ?

C’est pourtant ce qu’il va être obligé de faire, lorsqu’une charmante démonette va demander son aide pour l’aider à capturer des esprits maléfiques logeant dans le cœur des femmes. Pour les faire sortir et les capturer, la solution la plus simple reste encore de les faire tomber amoureuses. N’ayant pas d’autre choix, il va accepter de remplir (à contrecœur) la tâche qui lui a été assignée.
Mais plutôt que d’utiliser les méthodes « traditionnelles », il va se servir de son incroyable connaissance acquise au fil des ans dans les jeux pour parvenir à ses fins.

N’ayons pas peur de la comparaison : Keima se révèle vite être le Sun-Tzu de la drague. Pour lui, rien ne doit être laissé au hasard dans son approche stratégique.
On commence ainsi par une observation poussée de la cible pour avoir un maximum d’informations à son sujet. Hobbies, activités pratiquées, caractère, passé, aspirations, etc… Rien ne doit être laissé de côté, car même le plus petit détail pourra se révéler vital à un moment ou un autre. L’idée est de parvenir à définir un classement type de la personne selon un des nombreux standards trouvés dans les jeux-vidéos (sportive, érudite, riche héritière…) dans la mesure du possible.
Une fois ce travail de recherche effectué, il faut entrer en contact avec la cible. Là encore, l’approche varie en fonction de celle-ci. Essayer de lancer une conversation banale est généralement la pire option qui soit: il faudra le plus souvent faire en sorte de marquer des points en faisant l’entrée la plus visible possible, parfois même en n’hésitant pas à jouer sur les sentiments opposés comme la haine ou la colère. Bien sûr, face à une personnalité plus discrète, il faudra adopter une approche plus lente et douce, mais le but est d’occuper le plus rapidement possible l’essentiel des pensées de la personne « aimée ».
Puis, lorsque la graine de l’amour est plantée, il faut la faire grandir en mettant en place des "flags" qui se débloquent avec des évènements et rencontres savamment déployés tout au long de la route.
Enfin, lorsque la demoiselle est prête à être « capturée », une simple attaque, rapide et précise suffit pour la faire définitivement tomber dans ses bras.
Avec Keima, l’amour n’est plus qu’une question d’organisation, de tactique et de duperie orchestrée de manière à ce que chaque nouvel assaut réduise la défense de l’adversaire jusqu’à sa chute finale.

Voici donc la stratégie telle que le jeune homme la conçoit. Pas question dans ces conditions de se laisser distraire par d’éventuelles complications sentimentales. La concentration doit être maximale à chaque instant, et il faut savoir réagir aux éventuels contres de l’adversaire rapidement, au risque de tout perdre inutilement.

Oui mais voilà, ce qui marche dans un jeu n’est pas forcément vrai (rarement en fait) dans la réalité. Et même si globalement, les tactiques mises en place portent leurs fruits, il est des périodes ou la logique pure et la schématisation ne suffisent plus à estimer quelles seront les réactions de la personne en face de soi. Que l’effet soit positif ou négatif, Keima sera régulièrement effaré de voir à quel point les décisions de ses interlocutrices pourront défier ses prémonitions, ou même le simple bon sens. Réciproquement, à force de s’enfermer dans des schémas standardisés, lui-même ne manquera pas d’adopter une attitude en totale inadéquation avec la situation, ce qui ne fera que l’encourager à retourner à ses jeux plutôt qu’à chercher à vivre une vraie love-story…
Et malgré toute la froideur, le détachement, la précision dont il peut être capable, n’oublions pas qu’il reste un adolescent de 17 ans. Bien qu’il soit vain d’espérer le voir avouer quoi que ce soit, force est de constater qu’à chaque nouvelle « conquête », il ne peut s’empêcher de ressentir un pincement au cœur. Pincement qui finira à terme par devenir regrets et souffrance, face auxquels il se retrouvera démuni, sans pouvoir trouver de réconfort dans son univers virtuel.
C’est ainsi que, peu à peu, les stratégies, bien que toujours aussi affinées, se révèleront plus humaines, tenant davantage compte des souhaits des cibles en cours de capture. Cela dit, quand il faut mettre le paquet, il n’hésitera pas non plus à sortir les grands moyens, même les plus étranges.

Le manga et l’histoire sont loin d’être des modèles de perfection : la lecture en est plaisante, mais il n’y a rien d’exceptionnel à voir non plus. On est clairement dans le domaine de la comédie romantique et du harem (ici, rien de graveleux dans le terme cependant). L’ensemble peut globalement être séparé en 3 parties. Pour chacune, l’objectif demeure de conquérir des demoiselles, mais le cadre et les modalités changent. L’impression qui s’en dégage est que finalement, à chaque fois, on utilise une recette jusqu’au bout, et on change juste avant que ça ne devienne trop indigeste : maladroit, mais les dégâts restent limités, heureusement… D’autant que l’on a quand même droit à tout une variété de personnages, certes clichés, mais attachants au demeurant.
Quant à l’histoire, je pense que jusqu’au milieu du deuxième bloc, l’auteur ne savait pas forcément où il souhaitait l’emmener. Mais finalement, il réussit à sortir un récit qui tient à peu près la route.
Enfin, la grande question, que l’on se posera jusqu’à la fin : Keima finira-t-il par lâcher ses jeux et trouvera-t-il une vraie copine avec qui il s’entende ? Et si oui, laquelle ? Car il possède un joli tableau de chasse au final le petit salaud, tant chez ses conquêtes que chez des membres issues des multiples factions présentes. Pour connaitre la réponse il faudra attendre la fin, mais selon moi, c’est une bonne décision.

Pour conclure avouons-le, on ne tient pas ici un chef d’œuvre de littérature, mais un excellent passe-temps qui se lit avec plaisir malgré tout. Sachant que mes 2 dernières lectures manga étaient Emma et Gunslinger Girl, eh bien j’avoue qu’un récit un peu plus léger et délirant ne m’a fait que du bien, et j’espère que d’autres apprécieront également.

Verdict :6/10
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A propos de l'auteur

Nakei1024, inscrit depuis le 05/01/2007.
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