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Critique du manga Nausicaä de la Vallée du Vent

» par Inimoon le
14 Novembre 2013
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Je suis un énorme fan de Miyazaki, vraiment, mais Nausicaä est plus une friandise qu'un chef d'oeuvre.

Alors maintenant, comment justifier mon immonde blasphème à l'encontre d'un des sacro-saints les plus respectés du genre ? Oui, Miyazaki est un artiste formidable et un artisan incroyable. Son style est ultra reconnaissable, d'une grande finesse et d'une grande simplicité. Oui, son message écologique et fraternel est toujours délivré d'une façon grandiose. En fait, dans Nausicaä, vous retrouverez tous ces points-là.
Dans Nausicaä, la guerre est absurde pour la plus grande partie des humains, ceux qui vivent simplement, loin des honneurs et proches des réalités de la vie. On y montre des enfants dont le conflit emporte les parents, on y montre des villages détruits et des champs ravagés. On y voit la nature défigurée par l'homme, sa faune massacrée sans raison, on y voit des "sous-hommes", condamnés à une vie de malheur par pur racisme, sans fondement. Et puis... Les anciens ennemis deviennent amis, le respect de la Terre et de ses frères amène un dénouement. Les hommes se résignent à la punition de mère Nature et font au mieux.
Oui, Nausicaä est un sermon simple, édifiant à la manière de Miyazaki comme toujours, et comme toujours le message passe car Miyazaki montre la haine dans les deux camps et se garde bien de faire la morale.

Mais l'histoire tourne autour d'un très mauvais personnage principal, qui n'a absolument rien d'humain. Nausicaä est sensée être une jeune fille, mais dès les premières pages c'est une véritable ascète. Elle incarne la morale et l'humanité à un point complètement démesuré du début à la fin. Plus encore qu'un prêtre franciscain, qu'un moine bouddhiste, plus encore qu'un Dieu, cette jeune fille ne manque jamais de courage, se sacrifie systématiquement pour le bien de tous sans hésiter, entends toujours la voix des faibles et des opprimés et leur tends une main salvatrice et un sourire maternel. Elle endure chaque souffrance et ne pleure que pour celles des autres, elle qui n'est qu'une enfant. Le personnage Nausicaä est une véritable variation du Christ. Il est impossible de s'identifier, de s'attacher à elle, car elle n'a absolument aucun défaut, aucune faiblesse. Sa pureté, sa bonté et son courage sont tout simplement sans faille, comme les Tsadik dans l'Ancien Testament. Le combat final du septième tome et le dénouement la propulsent carrément au rang de prophète. Elle ramène la lumière et telle Aaron et Moïse, guide les opprimés vers la salvation.
... C'est sensé être une ado. Bref, on ne croit pas à la princesse Nausicaä de la Vallée du Vent. Et c'est très étonnant. Les héros de Miyazaki sont presque toujours des enfants, des adolescents projetés dans des conflits qui révèlent leurs vraies émotions et les font grandir. Mais Nausicaä possède dès les début le courage et la résolution, alors comment s'intéresser à elle, elle qui n'évolue pas d'un poil ? Comment s'intéresser à un personnage qui n'a aucune évolution émotionnelle, aucun parcours initiatique?

Nausicaä est graphiquement très impressionnant. Son scénario, une variation de l'Exode hors d'Égypte à la sauce science-fiction, est ultra solide; ses personnages sont intéressants et expressifs, mais cette oeuvre tourne autour de la princesse Nausicaä, personnage auquel il est impossible de s'attacher, ce qui est unique dans les oeuvres de Miyazaki.

Verdict :6/10
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A propos de l'auteur

Inimoon, inscrit depuis le 20/11/2010.
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