Ace of Diamond – Quand le costume de super-héros est trop lourd pour une seule personne

La plupart des séries d’animation dont le thème principal est un sport collectif suivent un schéma immuable : on se concentre sur un noyau de joueurs, dont le héros, qui vont porter le reste de l’équipe jusqu’à la victoire. Ce fonctionnement permet de ne développer que quelques personnages et leurs interactions : amitié, rivalité sportive et amoureuse, etc. Mais les faire–valoir n’y ont que de rares moments de gloire, sans compter la mise en avant l’individualisme. Autant pour l’esprit d’équipe. Des œuvres plus récentes ont essayé de casser avec la tradition, qui plus est des séries sur le baseball donc avec la double difficulté d’équipes qui comptent de nombreux joueurs qu’il est difficile de tous détaillés et d’être la spécialité la plus iconique qui soit pour l’animation japonaise dans le domaine des séries sportives. Je pense bien évidemment à OoFuri qui avait révolutionné le genre à plus d’un titre.

Mais là où OoFuri est une réunion d’individualités moyennes pour former un collectif fort, Ace of Diamond est une collection d’individualités fortes pour un collectif d’exception, fabriqué pour gagner le titre national. Les premières minutes de Ace of Diamond démonte joyeusement les clichés avec, malgré un dernier lancer du héros Eijun Sawamura, la défaite de son équipe. Lors d’un essai de recrutement et la rencontre avec le lanceur de génie Kazuya Miyuki, Eijun se rend compte que, pour respecter le sport qu’il aime tant, il doit se battre aux côté des meilleurs. Et n’allez pas croire que ça sera de tout repos, rien que de se frayer un chemin dans l’équipe première est un véritable défi. Et ce n’est même pas une fin en soi car il y a d’autres équipes taillées pour la victoire. Pour les connaisseurs, la deuxième saison de Major avait essayé de s’avancer dans cette voie, avant de revenir dans des chemins bien plus balisés à mon grand regret. Le manga de Yuji TERAJIMA est donc la promesse d’une série réaliste sur le sport lycéen de haut niveau. Tout un programme.

Néanmoins, je ne veux pas vous prendre en traître : si vous ne connaissez rien au baseball, Ace of Diamond n’est pas vraiment la série idéale pour le découvrir. A l’opposé de Yowamushi Pedal, le spectateur est directement jeté dans le grand bain et part du principe que vous connaissez les bases de ce sport. La série va même aborder des techniques et stratégies assez détaillées – là encore dans une logique de réalisme – qui pourront perdre le néophyte. Cependant, les courageux peuvent tenter leur chance et apprendre sur le tas comme nous l’avons tous fait. Le forum sera de toute façon là pour répondre à vos questions.

Une déception poindra à voir que l’innovation dans la façon d’aborder le genre ne se retrouve pas  également dans la technique. Que l’on me comprenne bien, le rendu est très propre, la série plutôt colorée et les personnages assez anguleux pour ne pas dire taillés à la serpe du manga sont aussi bien plus soignés dans la version animée. Les visages sont terriblement expressifs et le contraste avec le chara-design (Minoru UEDA) autrement très sérieux donne un humour très efficace. L’animation fait plus que le job et l’ensemble est assez homogène mais j’ai l’impression étrange d’un dessin moderne plus « froid » que les celluloïds à l’ancienne mais avec une réalisation résolument old school presque un peu vieillotte. Ce même classicisme se retrouve également dans la bande son assez classique Je ne sais pas si je me fais comprendre si je dis que je vois l’enfant pas trop bâtard de Hunter X Hunter (dans sa version 2011) qui prête pour l’occasion son directeur de l’animation Satoshi TASAKI, avec Kuroko no Basket. Les images qui égayent l’article seront certainement plus parlantes. Cette double filiation est cependant logique car la parenté de la série est partagée entre Madhouse et Production I.G.

Les finances en difficulté des studios historiques sont décidément heureuses (voyons le verre à moitié plein) pour avoir droit à des adaptations d’une qualité qu’on n’aurait osé imaginée il y a encore quelques années. Le réalisateur Mitsuyuki MASUHARA et son équipe délivrent un travail peut-être sans touche de génie mais sans défaut.  Et pour les derniers réticents n’allez pas croire qu’une adaptation techniquement conventionnelle qui traite l’évolution psychologique de jeunes sportifs soit ennuyeuse. Ceux qui ont trouvé OoFuri un peu mou – et auront réussi à fuir mon courroux devant leur manque évident de goût – seront peut-être rassurés d’apprendre que Ace of Diamond arrive à bien équilibrer les passages intériorisés et ceux où le cœur de ces adolescents bouillonnent de passion et le spectateur avec eux.

Le simulcast de la série est disponible en streaming sur Crunchyroll.fr.