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Biomega T1 – Après la grippe porcine, les ours parleront

Publié le 05/05/2009 par watanuki dans Manga - 2 commentaires

Période faste ! Le paysage de l’édition française de mangas propose actuellement des titres réellement enthousiasmants, et ce n’est pas la parution de Biomega qui viendra ternir le tableau. Publié au Japon après Blame !, mais avant Abara, ce manga propose, comme d’habitude, son lot de paysages cauchemardesques et de monstres cyber-punk, marque de fabrique d’un auteur qui n’a jamais cherché à explorer d’autre genre. Et c’est tant mieux.

Tsutomu NIHEI fait partie de ces mangakas obsédés par un thème, et condamnés à le ressasser sans fin. En l’occurrence : un monde futuriste dévasté, vidé de sa population, contaminé par des virus et peuplé de monstres effroyables. Sans fin et jusqu’au vertige, le mangaka explore ce monde invivable, et en rapporte des images formidables. NiIHEI propose rarement un scénario très élaboré, il n’en a pas besoin : il préfère montrer, sans raconter. Prenons par exemple le scénario de Biomega : dans un futur lointain, sur Mars, dans une colonie dévastée, des hommes découvrent une femme miraculeusement en vie. Ils rentrent sur Terre, mais le vaisseau s’écrase, et sans que l’on sache bien comment, le virus se répand. Il en va de même du titre : NIHEI a toujours eu tendance à privilégier l’image forte, le bruit (Blame !, Noise), tout en proposant des titres parfois à la limite du kitsch (Digimortal, Biomega). Ses titres relèvent aussi bien du cyber-punk que de la bonne vieille anticipation des années 50, sans pour autant que cela porte préjudice à l’œuvre. Bref, ce mangaka génial n’a finalement besoin que d’un prétexte et d’un mauvais titre pour écrire des histoires, qui seront toujours les mêmes mais qui pourtant resteront toujours exceptionnelles, parce qu’il sait donner à son univers une telle profondeur que l’on en vient presque à oublier le scénario. Le lecteur vit une expérience : lorsque le héros Zoichi Kanoe traverse une coursive immonde, on peut presque sentir la saleté et l’humidité, la toucher du doigt et s’en imprégner.

On éprouve toutefois une jouissance très particulière en lisant Biomega : NIHEI choisit ouvertement dans ce manga de donner libre cours à son imagination, il incorpore dans son histoire des dizaines d’éléments a priori incompatibles, et les fait fonctionner. Avec cette œuvre, le mangaka s’amuse et expérimente en même temps : vous voulez des zombies, en voilà. Vous aimez les motos ? Voilà une grosse moto et un héros en combinaison de cuir. Vous aimez les ours ? Il y en a un aussi, et il parle, et il sait monter sur une moto. Enfin, on avait déjà pu constater dans Digimortal que NIHEI a un goût prononcé pour les architectures gothiques ; cela se perçoit nettement dans Biomega, où les décors cyberpunk côtoient sans problème des bâtiments évoquant le château de la belle au bois dormant après le passage du virus Ebola. Et jamais cela ne paraît tiré par les cheveux : NIHEI amalgame tout, il digère les éléments de pop culture et les fond dans un décor cohérent.

Naturellement, en choisissant ouvertement d’accentuer les aspects ludiques, en proposant parfois des clins d’œil appuyés aux films de zombies, à E.T ou au comics, NIHEI sacrifie un peu de l’aura mystérieuse de son œuvre, et choisit ouvertement de proposer un manga dialoguant avec d’autres œuvres de la pop culture. La grande puissance de Blame !, sa force hypnotique, réside dans son premier degré permanent, dans son refus de scénariser quoi que ce soit, et dans son obstination à condamner le héros à explorer sans fin un univers sordide et merveilleux en même temps. Biomega correspond plus à un désir de se confronter à des influences diverses, de dialoguer avec ce qui sert de référence culturelle au mangaka.

Ici, Zoichi Kanoe n’est pas Killy, il possède des traits nettement plus travaillés, et de ce fait il paraît un peu plus humain, ses sentiments semblent tranparaître un peu : il parle un peu plus que Killy, ses actions sont un peu plus logiques, sa mission est aussi mieux définie.  On gagne en grand spectacle ce que l’on perd en mystère. Les personnages qu’il rencontre sont eux aussi un peu plus « humains », ils semblent être capable d’éprouver des sentiments, de communiquer, de vivre en société. Les monstres, quant à eux, sont à l’inverse moins humains encore que dans Blame !, réduits à l’état de zombies. Autant de nuances que l’auteur utilise pour faire de ce manga un grand spectacle, une sorte de version blockbuster de Blame ! Et le pari est réussi.

Ce tome 1 de Biomega est tout simplement grandiose.

Disponible chez Glénat.  Prix  : 7,50 euros.

2 commentaires

1 emilie le 05/05/2009
Tsutomu Nihei m'enchante encore une fois avec ce titre. Il reste dans son style tout en innovant. Je suis déjà sous le charme de notre motard et de sa belle moto qui est capable de rouler sur les toits.
Et je parle même pas de l'ours!
Non vraiment Nihei arrive toujours à m'accrocher pour l'instant.
Ce manga m'a bien accroché par son côté survival horror futuriste. L'univers de Nihei est certainement l'un de mes préféré dans le genre science/fiction. Il me tarde de lire l'ensemble de ses oeuvres.

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