Critique de l'anime Ailes Grises

» par El Nounourso le
28 Avril 2008
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Attiré par sa grande renommée et le nom de Yoshitoshi ABe, je me suis plongé dans Haibane Renmei sans même me soucier du scénario, la surprise fut donc complète.

Tout débute par un rêve : une jeune fille en chute libre, un corbeau qui agrippe sa robe… puis la demoiselle se retrouve au cœur d’un immense cocon. Autour d’elle, c’est le branle-bas de combat, la naissance d’une nouvelle Plume est toujours une grande nouvelle. Débarrassée de ses souvenirs, la fillette renait sous le nom de Rakka et s’installe dans une des innombrables pièces de l’Ancienne Demeure, sorte de grand pensionnaire où vit une communauté d’Ailes grises. Ces êtres pacifiques dotés de petites ailes d’anges et d’une auréole vivent paisiblement, en paix avec les humains de la ville voisine, pour qui ils effectuent de petits boulots. En échange ils reçoivent vêtements d’occasion et nourriture.

Une fois ses ailes poussées et son auréole stabilisée, Rakka s’interroge sur le Mur-frontière longeant la ville et la dangereuse forêt de l’ouest. Le sujet semble un peu épineux, car il est interdit de franchir ou même de toucher l’immense muraille. Malgré ses inquiétudes, Rakka va parfaitement s’intégrer parmi les filles de l’Ancienne Demeure, chouchoutée de toutes parts. Pour trouver un travail qui lui convient, on lui conseille de suivre ses nouvelles amies dans leurs tâches quotidiennes...

La première partie de l’anime est vraiment très calme, on y découvre petit à petit la cadre de vie de ces attachantes Ailes Grises : petits déjeuners à l’Ancienne Demeure, promenades en vélos près de la Collines de Vents (où se dressent des éoliennes) et découverte de la ville, très typée XIXe malgré quelques éléments anachroniques. Les dessins sont magnifiques, les décors ensoleillés teintés d’onirisme et chaque Aile est dotée d’une personnalité bien marquée – j’aime particulièrement Reki, nounou amatrice de clopes et de virées en scooter, et Kana, garçon manqué particulièrement attachant. Les épisodes s’enchaînent sans lassitude, alors que l’action est quasi-inexistante.

Puis l’intrigue s’élance vers le milieu de l’œuvre avec un épisode dramatique très réussi, plaçant l’incompréhension et la tristesse de Rakka sur le devant de la scène. On s’interroge sur la raison de vivre des Ailes grises, leur origine (un brin de théologie), la fonction du Mur, le rôle des mystérieux Toga et du Communicateur… Tout ceci coïncide avec l’arrivée subite de l’hiver, l’histoire prend alors une tournure plus aventureuse et plus sombre. La notion de « bonne » Aile Grise et d’Aile Grise « maudite » apparait avec la question : peut-on se sauver quand on est une pécheresse ? Les personnages de Rakka et Reki gagnent alors en profondeur, en relief… leur souffrance les rapproche.

J’ai beaucoup aimé l’évolution de l’histoire car j’avais un peu peur que l’on reste dans le contemplatif le plus absolu, ce qui n’est heureusement pas le cas. L’envoûtement crée par cet univers s’explique grandement par la magnifique bande-son. Les musiques subliment réellement la narration... rien que l’excellent opening instrumental nous démontre le grand talent du compositeur. Pour une fois qu’on échappe au karaoké à deux balles ! A base de chœurs, j’ai trouvé l’ending un peu moins bon. Le doublage est impeccable en VO mais plus inégal en VF, un peu trop articulé et donc peu naturel.

Du côté des regrets, j’appelle l’animation à la barre. La majorité du temps elle fait son boulot mais parfois elle est carrément bâclée. Certaines transitions sont très abruptes et on remarque parfois des schémas répétés en boucle, sans aucun souci de réalisme (si vous ne voyez pas ce que je veux dire, essayez de revoir le passage où Rakka marche dans la neige avec le bâton du Communicateur, dans l’épisode 9 !). Classique mais toujours regrettable, il arrive qu’on assiste à des enchaînements de plans fixes sensés suggérer le mouvement. De même, on observe d’importants contrastes entre les éléments immobiles et les objets animés : ils ne sont pas dessinés avec la même précision. Heureusement que le design général est au dessus de la moyenne, ça compense. L’impression d’ensemble reste quand même très positive.

Haibane Renmei est un anime hors norme et d’une poésie rare. De nombreuses pistes resteront sans réponse mais, plutôt que de me plaindre, j’ai surtout envie de réécouter l’extraordinaire OST en me remémorant les moments forts de la série.

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

El Nounourso, inscrit depuis le 01/11/2007.
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