AO ASHI — Mieux vaut Qatar que jamais

» Critique de l'anime Ao Ashi par Deluxe Fan le
25 Novembre 2022
Ao Ashi - Screenshot #1

Lorsque l’on parle d’animes de sport en général et de football en particulier, la série qui vient immédiatement à l’esprit est Captain Tsubasa (Olive et Tom) dont l’adaptation anime fit le bonheur des spectateurs français à la fin des années 80. Toutefois, difficile de ne pas voir que cette série a beaucoup vieilli et rares sont ceux qui iraient regarder Captain Tsubasa en 2022 sans ironie. Et entre-temps, même s’il y a eu des séries de foot sérieuses (Giant Killing et Days notamment) il n’y a pas vraiment eu d’anime qui soit parvenu à faire l’unanimité et à promouvoir la discipline comme cela a pu être le cas pour le basket, la boxe ou le patinage par exemple.

Ao Ashi est au départ un manga classé seinen de Yûgo Kobayashi, qui a débuté sa publication en 2015 et en est aujourd’hui à une trentaine de volumes. Ce qui est déjà intéressant à noter avant même de parler de la moindre miette de contenu de la série, c’est que lorsque l’anime a été annoncé le manga était déjà largement au-delà des 25 tomes, et par ailleurs ce manga n’a commencé à être publié en France (soi-disant pays du foot) que lorsque l’adaptation a été officialisée. C’est le genre de situation qui indique qu’un manga n’intéresse pas grand monde et que l’adaptation doit probablement son existence à la volonté des producteurs de vendre vite fait un anime de foot pour capitaliser sur l’actualité de la Coupe du Monde ; ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Blue Lock est lui aussi adapté cette année pour profiter de la hype.

Ao Ashi - Screenshot #2Cet opportunisme manifeste est regrettable car Ao Ashi est une série plutôt bonne en réalité. On y raconte le parcours de Aoi Ashito, un gamin de quinze ans qui vit dans la province d’Ehime, un trou perdu au sud-ouest du Japon. Passionné de foot, il pratique dans un club amateur du coin mais n’a pas de bons résultats car il est seul de son équipe à se donner à fond, ce qui d’ailleurs le met en porte-à-faux de ses camarades. Un jour, par un hasard extraordinaire, il est repéré par Fukuda, actuel manager de l’équipe junior du Tokyo Esperion FC, un club majeur de la J-League. Il offre à Ashito une opportunité qui ne reproduira pas ; monter à Tokyo et participer aux sélections pour entrer dans l’école de formation du club. Jeune, sans le sou, naïf mais plein de rêves dans la tête, Ashito enfile ses crampons et court vers son destin…

Ce qui plaît tout de suite avec Ao Ashi c’est la manière avec laquelle les choses sont présentées. Dans Captain Tsubasa, le personnage principal est introduit comme un mini-dieu du foot qui débarque dans un coin perdu et va aider l’équipe des glandus du coin à se hisser au niveau national voire international. Dans Ao Ashi c’est l’inverse, le héros débute coincé dans sa province de merde, incapable d’accomplir son rêve, jusqu’à ce que quelqu’un vienne le sortir de là et l’emmener à Tokyo parce que si tu veux jouer pour de vrai c’est là-bas que ça se passe. Tout de suite tu sens que c’est un peu moins naïf que d’habitude. En plus au début il y a un aspect vaguement social avec la famille de Ashito, sa mère qui galère au taf tout en essayant d’élever toute seule ses gosses un minimum convenablement, et qui hésite à laisser Ashito partir tout simplement parce qu’elle n’a pas les moyens de le soutenir financièrement s’il quitte la maison. Si je compare avec Slam Dunk ou Haikyuu par exemple, on ne voit pas une seule fois la gueule des parents de Sakuragi ou de Hinata dans toute la série, alors qu’on sait que l’entourage familial des joueurs c’est important, regarde ce qui arrive à Pogba en ce moment.

Ao Ashi - Screenshot #3Bon après en termes de drame social on est pas au niveau d’un Hoshiai no Sora, et assez vite la série se recentre sur son sujet principal c’est-à-dire le football, qui est ici abordé de manière tactique et crédible. Il n’y a pas de Tir du Tigre ici, ça parle de positionnement, de lignes de défense, de jeu de passes en triangle ; c’est basique mais ça fonctionne bien pour faire comprendre les enjeux stratégiques du sport et j’irai même jusqu’à dire que quelqu’un qui n’aime pas forcément le foot pourrait trouver un intérêt à regarder cette série pour avoir une autre perspective sur le sujet que les débats sur l’Équipe TV où les mecs passent leur temps à s’engueuler sans raison. Pour revenir sur le récit, je disais plus tôt que le héros est passionné de foot mais son vrai talent n’est pas technique ou physique, mais plutôt dans la lecture du jeu et sa capacité à prendre les bonnes décisions au bon moment. Lorsqu’il finit par entrer dans l’école de formation (oui je spoile un peu mais bon c’est assez évident) le protagoniste Ashito se rend vite compte qu’il n’a pas affaire à des rigolos et que les jeunes qui sont avec lui – ou contre lui – jouent également leur potentielle carrière et qu’on ne peut plus rien laisser au hasard. Ashito va passer la majeure partie de l’anime à galérer et c’est cela qui rend ses quelques victoires d’autant plus jouissives. D’ailleurs vers le milieu de la série il y a un twist qui vient changer la dynamique du personnage et son orientation en tant que joueur, j’ai trouvé ça plutôt intéressant et inattendu.

Ao Ashi - Screenshot #4L’anime est réalisé chez Production IG, studio qui connaît son affaire en matière d’animes de sport avec des hits tels que Ace of Diamond ou encore Kuroko no Basket ; mais c’est surtout avec Kaze ga Tsuyoku et Haikyuu que le studio a marqué son empreinte sur le genre récemment au point de mettre ces deux séries dans le top de la décennie d’Anime-Kun, référence du bon goût sur l’Internet mondial. On aurait pu se dire que le studio allait continuer sur sa lancée et mettre encore plus de moyens et de talent sur Ao Ashi, que ce soit par la popularité du sport (parce que bon le volley et la course à pied, voilà quoi) et l’opportunité de diffuser la série à quelques semaines de l’évènement foot le plus suivi au monde. Malheureusement, bien que l’anime ne soit ni moche ni mal réalisé, il ne propose aucun style particulier ni aucune performance technique notable. C’est comme si les animateurs qui nous avaient régalés dans les trois premières saisons de Haikyuu s’étaient tous évaporés dans la nature, ne laissant que la banalité ordinaire d’un anime saisonnier vite fait. Le seul membre du staff qui a un peu d’expérience avec les séries sportives est le scénariste Masahiro Yokotani, spécialiste des adaptations de light novel parmi lesquels celui de … Free (LOL).

L’autre souci c’est qu’une démarche telle que celle de Ao Ashi n’a de sens que sur le long terme, où l’idée est de suivre Ashito tout au long de sa formation et au-delà pour voir l’évolution de ce joueur et où il va aboutir. Ces 24 épisodes contiennent déjà plein de bons trucs mais à la fin de cette saison on reste sur l’impression que les choses sérieuses viennent à peine de démarrer.

Ao Ashi est un anime de sport très valable et probablement la meilleure série de foot du moment, dans le sens où le sport est traité avec rigueur et sincérité contrairement à un truc volontairement débile comme Blue Lock. Malgré une réalisation passable et un récit qui n’en est qu’à ses balbutiements, cela reste une série sympathique qui certes ne respire pas autant le pognon que la FIFA mais qui traite le foot avec tellement plus de respect.

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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