Critique de l'anime Berserk (TV 1997)

» par SoulJapanExpress le
21 Juin 2011
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Berserk, c’est un nom cru, moche qui ne vous dit absolument rien, eh bien en une phrase c’est une merveille qu’il va falloir garder dans votre animethèque et ressortir les jours de famine après bien sûr avoir fait quelques recherches sur la provenance du nom dans l'encyclopédie à côté (histoire de ne pas mourir bête, je vous assure c'est passionnant). Pour ma part je compte le conserver comme un excellent millésime. Je le dis, c’est un monde rempli de testostérone, de sang, de violence, de vice, de cendre, de lames, c’est de la virilité à en tuer mes narines féminines. Au début, j’étais dubitative et c’est en partie ce qui m’aura rebuté maintes fois à me plonger dans l’anime. Passer de quelque chose comme ça à Berserk autant dire que j'aurais passé d’un extrême à un autre. J'ai attendu un peu... A tord!

Le premier épisode donne le ton et à partir de là on s’attend à tout et à rien, on dérive sans vraiment savoir où l'on va échouer, d’une part parce que cet épisode aura planté un décor mystique avec un bon délire diabolique, satanique, magie noire, une d’atmosphère bien bien pesante et assez effrayante (uniquement valable après minuit) qui invite le public à en redemander pour la suite, d’autre part il y’a un enchaînement des évènements surtout un flashback du personnage principal qui aiguisera notre curiosité à en savoir d’avantage, sur ce qui a fait de lui le « guerrier noir » tant annoncé. Et ça ce n'est que la partie visible de l'iceberg ou en langage "érudit", le scénario initial. J'avais trouvé l'introduction assez light mais paradoxalement appropriée pour la période de production de l’anime. Non pas que à l’époque la qualité en terme scénario n’était pas là où on l’attendait mais rares étaient les animes qui proposaient quelque chose de plus complexe ou du moins quelque chose qui sortait des sentiers battus avec cette même qualité. Après cela, l’idée a été d’imbriquer dans ce premier scénario, une deuxième phase plus consistante quoique linéaire. L’ascension de Griffith vers le pouvoir et la mise en place de ses aspirations entre les schémas de complots royaux et une menace pesante sur son existence croisée à celle de Gats. Ce n’est pas mal du tout et cet élément à lui seul a réussi à me tenir en haleine sur la série que j’ai dévoré d’une seule traite.

Ce petit schéma mis de côté, le rendu est tout à fait saisissant. Le design Old School est assez particulier et les réticences seront compréhensibles, un mélange de Pygmalion, Robin des Bois et Conan le Barbare (Moui c'est américain), mais si vous avez du kilomètre au compteur, cela ne posera pas plus de problème que ça, parfois, plus c’est vieux, mieux c’est et de toutes manières vous reconnaitrez les traits de vos grands classiques. Objectivement donc, le design des personnages est d’une laideur atroce, c’est bien fait mais c’est laid (il n’y a aucun besoin de justifier cet avis personnel), caricatural à souhait, les gentils bénéficient d’un design soigné et s’approchant de peu de l’esthétisme, les méchants (car catégorisés ainsi) ou les âmes torturées sont pour certains défigurés pour d’autres enlaidis de sortes à les identifier le plus simplement possible. Eh bien j'admire cette laideur. Les environnements sont statiques et je les ai vus comme des faire-valoir dans l’unique but de mieux apprécier l’essentiel de Berserk, l’action et les personnages. Mais à chaque fois que je soulève ce point négatif dans les animations, je me demande aussi s’il ne s’agit pas d’un effet voulu.

Au cœur de l’action, je n’ai pas été déçue une seule fois, jamais, non, jamais. Le premier épisode donnait le ton, calque du synopsis, j’ai su que j’allais rentrer dans quelque chose de sérieux. Je n’ai donc pas été déçue quand Gats affrontaient des monstres infiniment supérieur à lui, jamais lorsque la Brigade du Faucon attaquait un quelconque ennemi. Pour ne pas dériver vers le spoil. Il s’agit de combats épiques, d’une réalisation absolument bluffante pour l’époque. Des panoramas d’où l‘on distingue une poussière épaisse qui se lève sur une armée, parfois des arrêts sur image artistiques révèleront même la beauté du combat, la rage, la colère, la souffrance et la folie derrière. Ca saigne, ça craque, ça hurle, ça tranche, ça brûle, ça écrase, c’est l’atmosphère globale qui nourrit l’anime et crédibilise fortement le registre gore en plus d'une petite touche érotique (qu'il est inutile de développer ici) et le tour est joué. N’ayons pas peur des mots c’est plaisant et c’est l’essentiel.

Ensuite la période traitée. Eh bien eh bien, rarement il m’a été donnée de visionner des animés dont l’histoire se déroule dans un moyen âge occidentale. Même si il s’agit d’un autre monde, un univers fantastique et que l’on parle de rhinocéros et de tigre (ce qui était improbable à l’époque historiquement) c’est assez bien observé pour y croire, les costumes, les us, les rangs, l’architecture, les paysages. Même les éléments historiques de la Guerre de Cent ans pour nous rappeler nos cours histoires scolaires assommants, ne sont que peu développés et c’est tant mieux, cela aurait trop fait dévier et déraper les intrigues. Ça reste quand même moyen en termes de réalisation et c’est assez brusque dans la manière d’aborder la période mais ils ont su saisir l’essentiel à savoir les guerres de pouvoirs, le peuple souffrant, les cours enrichies, les mercenaires dévoués à la violence, la mort omniprésente… Une époque crue idéalement adaptée à la légende Berserk.

Quant aux personnages les trois principaux ont retenu mon attention, normal, ce sont ces trois là qui sont mis en valeur et ceux autour desquels toute la trame va tourner. Les autres personnages ne sont pas non plus inexistant et contribuent à leur manière à la réalisation de l'histoire. Faute à ce que leur personnalité n'est que très peu développée.

Griffith par-ci Griffith par-là, un blondinet (d’ailleurs je n’ai pas réussi à savoir dans certaines scènes is il était blond ou s’il avait les cheveux blancs ce gars-là). Ce jeune homme à l’apparence d’un ange androgyne a représenté malheureusement la caricature de ce dont il faut se méfier. Il s’agit du genre de personnage qu’on aime mais qui vous fait froid dans le dos tant il reste mystérieux. Ses propres ambitions sont totalement démesurées et c’en est étouffant et pénible à la longue. Oui il est classe avec son attitude noble et ses beaux cheveux Dove Men Care, oui il a un langage philosophique qui peut rallier toute personne sensée, oui il est charismatique à souhait mais il a quelque chose de mauvais, de malsain dans le regard, quelque chose qui m’a fait froid dans le dos (voir sa définition de "l'amitié" qui m'a fait hurler de rire). C'est un jeune homme solitaire qui n’a jamais pu trouver son chemin et a préféré s’enfouir dans la facilité en choisissant la voix la plus cruelle et la plus vicieuse possible. Dire que j'ai adoré cette fatalité serait un triste euphémisme.

Gats : la brute, le genre de personnage qui prime et préfère l’action à la réflexion mais qui est loin d’être simplet. Je lui ai porté en estime dès les débuts de l’animation, normal c’est le héros on va me dire, en partie, et je rajouterais même plus c’est parce qu’il a la gueule de quelqu’un qui en veut et qui va caguer sec pour en avoir. Au fur et a mesure que le scénario s’est intensifié et que j’ai suivi l’évolution progressive du personnage entre l’enfant inconscient, le jeune trop confiant et l’homme fier je suis quand même tombée sous le charme. L’estime qu’il porte à Griffith et à Caska font de lui un personnage attachant outre sa nature belliqueuse et totalement brute. Mais bon comme il s’agit du personnage principal tout est fait pour que l’on s’y attache.

Caska : Moui mais encore? Je veux bien découvrir sa « vraie » valeur dans le support original. Le prototype absolu de la femme guerrière est un cliché usé. Mais sa présence au milieu de toute cette masse virile apporte une petite touche fraîche voire même parfois sensuelle. Et comme c’est un univers d’homme, forcément, pour survivre son personnage a su développer force et fierté tout en gardant ce joli brin de féminité. Je n’avais pas trouvé d’intérêt à ce personnage au début de la série et ce jusqu’à mi-chemin mais au fur et à mesure qu’elle dévoilait faiblesses et fait preuve d’une force de caractère impressionnante elle a trouvé légitimité à mes yeux.

Les thèmes musicaux sont excellents, bande son, opening, ending avec une agréable réalisation. Que ce soit rock ou mystique, cela colle très bien au registre dans lequel s'inscrit l'animation.

Pour le reste, on va enlever les gants parce que franchement ça mérite du vrac.

Cet anime est un pur sang et le dénouement vous entrainera dans une spirale sans fin d'action et d'émotions. Les évènements s'enchainent de manière irrévocable. On est pris de court, on a les jetons, c'est délirant, on ne s'attend pas le moins du monde à ce qui va se passer. Ca déchire, c'est bon et j'en redemande du rab', du rab' et du rab' . Une bonne claque au passage avec un retournement de situation théatral. Toute l'action se concentre vers un entonoir géant. Mais bon après avoir visionné tout ça, on est un peu au bord de la dépression tant c'est sombre et défaitiste mais c'est cela le dark fantasy. J'en attendais plus sur la touche finale mais les scènes qui l'ont précipité étaient plus qu'excellentes. On va dire que c'est de la violence à raison. Un simple animé qui provoque de telles émotions, ça faisait très très longtemps eh beh...

Au delà du château ...

Verdict :9/10
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A propos de l'auteur

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