Critique de l'anime Infinite Ryvius

» par Deluxe Fan le
25 Mars 2011
| Voir la fiche de l'anime

Infinite Ryvius: Sa Majesté des mouches spatiales

Lassé par les animes de ce début d'année, qui rivalisent de bêtise et d'ennui, j'ai sauté sur l'occasion lorsque mes sempai d'AK m'ont dirigé vers Infinte Ryvius (prononcez «Riz-vaille-eusse»), une série vieille de douze ans, réalisée par Gorô Taniguchi. Je connais le monsieur pour son travail sur Code Geass et Scryed, et même si je n’avais strictement jamais entendu parler de cet anime il y a moins d'une semaine , voilà que je me suis retrouvé à dévorer la série, comme à la belle époque.

Autant dire que l'on a affaire à bon petit morceau de japanime...

Infinite Ryvius démarre par un pitch de science-fiction dans les règles de l'art: En 2225 le système solaire colonisé par l'Homme est en danger. Tout l'espace est recouvert d'une sorte de nuage gravitationnel violet et dégueu, dans lequel la gravité surélevée empêche toute navigation interplanétaire, le Phénomène Geduld.

C'est près de là qu'une bande de gamins suivent leur formation pour devenir astronautes (!), dans une station spatiale appelée le Liebe Delta. Mais suite à un sabotage, la station s'enfonce dans le Geduld et est détruite. Mais juste avant que les centaines d'enfants ne disparaissent, un mystérieux astronef, le Ryvius, émerge des profondeurs de la nébuleuse...

Par la suite, les gosses investissent ce vaisseau inconnu dont ils veulent se servir pour renter chez eux. Mais ils sont rapidement et inexplicablement pris en chasse par des militaires qui les attaquent. Et puis surtout, l'organisation de la vie à bord ne s'annonce pas des plus tranquilles...

Ce qui m'a plu là-dedans, c'est que c'est de la bonne science-fiction comme je l'aime, made in années 90. De plus, le pitch me rappelait beaucoup Stargate Universe, une série télé qui passe en ce moment et que j'aime beaucoup. Autrement dit, j'étais destiné à aimer cette anime.

L'histoire est vue principalement par le yeux de Koji Aiba, l'anti-héros basique. D'un tempérament consensuel, il cherche à bien faire et va vouloir composer avec les très nombreux personnages et leurs intérêts respectifs à bord du Ryvius. A commencer par son propre frère, Yuki; son amie d'enfance Aoi et sa copine Kozue; son partenaire et ami Ikumi; le groupe des Zwei, les étudiants les plus brillants ; la team Blue etc... il y a énormément de personnages, et l'on obtient ce côté chorale qui se retrouvera dans Scryed et Code Geass.

La série raconte tout simplement comment ces enfants vont découvrir le Ryvius et ses secrets, mais aussi et surtout comment les différents groupes, les différents clans dans le vaisseau vont cohabiter pour survivre. A ce titre, la série tient plus du huis clos que de l'anime de space opera. Et de ce point de vue, c'est juste archi bon quoi.

L'anime est long à démarrer puisque le Ryvius en tant que tel n'apparaît qu'au bout de quatre bons épisodes. Mais à partir de là, difficile de décrocher. L'anime est extrêmement bien écrit en ce qu'il ne connaît pas les temps morts. Le nombre élevé de personnages fait qu'il y a toujours quelque chose à dire (sauf vers la fin, mais j'en reparlerai). Les cliffhangers s'enchaînent, et on est pris dans la tourmente des personnages qui évoluent à vue d’œil.

Car le Ryvius est un énorme vaisseau dont il est difficile de contrôler tous les passagers. Livrés à eux-mêmes, abandonnés dans l'espace, les enfants confondent responsabilité et émotions, intérêt général et souci particulier, ordre public et soumission forcée. Les chefs d'hier sont les larbins d'aujourd'hui, les enfants insouciants sont confrontés à la vérité terrifiante «l'enfer c'est les autres». La perte de l'innocence, la prise de conscience des responsabilités, la difficulté d'assumer ses choix sont au cœur du propos de Infinite Ryvius. On s'identifie très vite au personnage de Koji, et on souffre avec lui de la déliquescence progressive de l'ordre et la lucidité d'esprit à bord du Ryvius. Trahisons, machinations, tromperies, mensonges, chantage, jalousie, tel va être le quotidien sombre de nos adolescents Robinsons de l'espace. Ajoutez à cela un ou deux triangles amoureux, des combats de mecha, le tout sur fond de complot pour sauver l'humanité, et vous êtes parti pour une histoire célesto-cosmique.

Le scénario est très suivi et j'insiste sur l'efficacité des personnages. Leur nombre fera que vous aurez forcément un petit préféré quelque part, et même les figurants auront un rôle d'importance à un moment. Mais ne vous attachez pas car ils évoluent de manière parfois progressive (Koji, Yuki), parfois brutalement suite à un événement (Kozue). Certains cachent des blessures secrètes qui se révéleront au plus mauvais moment (Ikumi), tandis que d'autres cultivent le mystère sur leur passé (Fina). Tout un panel de caractères forts, mis en situation de promiscuité, de tension, de danger. L'anime se paie même le luxe de donner aux personnages des tics reconnaissables, comme celui de Julie de tripoter sa mèche de cheveux, ou Aoi qui se ronge les ongles.

On remarquera bien quelques absurdités récurrentes (comme ce mec tout le temps à poil, ou cette fille en costume de dinosaure qui n'a rien à faire là), mais ces clins d’œil font plus plaisir qu'autre chose.

Je ne peux pas en dire autant de l’aspect formel, car la série accuse son âge.

Déjà, je ne suis pas fan de la direction artistique. Le mecha-design est moche, et kitsch. Le vaisseau Ryvius lui-même me faisait plutôt penser à un godemiché en métal qu'à un spaceship. Et je ne parle même pas du Vital Garder (le mecha caché dans le Ryvius), qui ne ressemble tout simplement à rien. Le chara-design est lui aussi très banal, très peu détaillé. Il suffit d'observer les figurants en arrière plan pour voir le manque flagrant de finition. Ce dessin a au moins le mérite d'être expressif et lorsque un personnage perd les pédales (ce qui arrive plus d'une fois), on le voit vraiment à sa tête, ce qui rajoute à l'effet de la série. Il n'en reste pas moins que les couleurs sont ternes, sombres, et que l'anime est globalement moche à regarder. Je pense notamment au costume de Neeya qui doit se hisser au premier rang des outfits les plus ridicules vus dans un anime (sans compter que ce personnage m'a globalement tapé sur les nerfs).

Au niveau de l'animation ensuite, on sent que tout le budget a été mis sur le générique de début et sur les scène de combats. Malheureusement ces dernières sont inintéressantes, d'une part parce que les appareils sont affreux, d'autre part parce que les combats ne sont certainement pas l'intérêt de la série. Résultat, l'animation est raide et les plans fixes qui se déroulent seront de la partie. Je me souviens d'ailleurs d'un épisode (celui où il font la fête à bord du vaisseau) dans lequel les raccords entre plans se faisaient avec des transitions PowerPoint...

Certains épisodes, de plus, ne sont ni plus ni moins que des résumés. C'est quelque chose de courant en japanime et je ne porte pas grief à la série d'en avoir mis. D’autant qu'il sont bien insérés. Par exemple, au début, le personnage de Julie fait une allocution pour raconter aux rescapés du Liebe Delta la situation. Pendant qu’elle parle, des flash-backs sont diffusés. Malin (surtout que j'avais mal compris le début). Par contre, vers la fin de la série (épisode 22), je fus scandalisé de constater que l'épisode n'était qu'un flash-back géant reprenant telles quelles des scènes des épisodes les plus récents!

L'aspect sonore est quant à lui très satisfaisant. La bande sonore de l'anime est riche, et variée. J'ai entendu un peu partout que l'ending était excellent mais je l'ai trouvé inécoutable. Au contraire de l'opening, «♫ Dis», qui lui est vraiment sympa (en plus le visuel change très légèrement au fil de l'histoire). De plus, cet opening sert de thème principal tant et si bien qu'il sera décliné sous plusieurs variations au cours de la série. Le genre de détail qui fait mouche. Le reste de l'OST est comme je l'ai dit de bonne qualité; il me faut néanmoins tempérer les avis qualifiant la musique d'Infinite Ryvius de parfaite intégration du hip-hop en japanime. Il y en a certes mais ce n'est pas Samurai Champloo non plus. Pour tout dire, en dehors des eyecatches (qui changent à chaque épisodes d'ailleurs), le caractère de cette musique n'a pas retenu mon attention.

Ce qui m'a interpellé par contre c'est le doublage japonais qui est si bon que, fait rare, je l'ai remarqué. Certains personnages somme Yuki ou Criff ont un certain grain de voix agréable. Encore une fois, tout est fait pour que l'on accroche aux personnages.

On retiendra qu'Infinite Ryvius paye cher son obsolescence technique et artistique. C'est cela qui l'empêche de concourir dans la même catégorie que d'autres animes SF de Sunrise de la même époque, au hasard Cowboy Bebop ou Gundam W.

C'est d'autant plus dommage qu'avec son univers de SF simple mais pas simpliste, ses nombreux personnages travaillés, ses thèmes abordés durs et dérangeants, sa narration efficace et grandiloquente, Infinite Ryvius propose une histoire solide et passionnante qui aura largement de quoi scotcher devant son écran celui qui fera fi de la valeur visuelle limitée. 7,5/10

Les plus

- De la vraie SF

- Personnages nombreux et exploités à fond

- Scénario qui va crescendo

- le côté "Koh-Lanta de l'espace" passionnant

- Belles musiques

Les moins

- Techniquement dépassé dès sa sortie

Verdict :8/10
Ce que les membres pensent de cette critique :
Convaincante (1)
Amusante (0)
Originale (0)

1 membre partage cet avis
0 membre ne partage pas cet avis

A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
AK8.1.14 - Page générée en 0.055 seconde - 7 requêtes ★ DB.8.0.233487 ★