Critique de l'anime Itazura na Kiss

» par Serleena le
18 Janvier 2012
| Voir la fiche de l'anime

Je ne suis pas quelqu’un de très difficile quand il s’agit de shôjos. A moins de tomber sur une perle du genre, quand je vois ce tag, je sais plus ou moins pourquoi je signe, les bonnes choses comme les mauvaises, et je suis donc rarement déçue. Autant dire qu’en me lançant dans Itazura na Kiss je partais confiante, surtout avec la généreuse moyenne que les AKiens lui ont attribué.

Sauf que je viens – enfin – de péniblement conclure cet anime, et ce que j’en ai à dire de positif est plutôt léger (euphémisme, euphémisme) en comparaison des nombreux arguments négatifs qui me viennent en tête. Mais procédons méthodiquement. Pour la partie technique :

-le chara-design est au mieux potable mais pas très recherché, au pire, franchement laid. Plus gênant encore, l’anime couvre une large période (une quinzaine d’années) mais les protagonistes principaux ne changent absolument pas. C’est pas trop gênant entre le lycée et l’université, par contre, que la Kotoko de 30 ans soit la même que celle de 16 ans, bof. Niveau look c’est pareil, quelques exceptions mises à part (et elles sont généralement soulignées), les personnages ont toujours, toujours les mêmes vêtements. Ah, si y’a bien un personnage qui change, mais ça ne compte même pas puisque celui-ci change tellement que ç’en est peu crédible.

L’animation en elle-même est correcte même si je trouve que certains plans sont abusivement réutilisés (du style la maison des Irie que l’on voit dans des teintes crépusculaires et qui revient cinq fois par épisode, ou presque).

-la bande-son : la musique est oubliable, et c’est tout ce que j’ai à en dire. Les opening et ending quant à eux sont franchement pas terribles en plus de pas vraiment faire dans l’originalité.

Un mot sur le doublage sur lequel je n’ai globalement rien à dire, sauf concernant deux personnages de l’anime supposément d’origine anglaise et doublés avec un accent à coucher dehors. Leur anglais est juste immonde, et à ce stade je pense qu’il aurait mieux valu tout faire en japonais plutôt que de se risquer à un anglais aussi approximatif et peu naturel et avec une prononciation aussi douteuse. Autant pour Irie, disons que ça passe vu qu’il est japonais d’origine, même si c’est vraiment douloureux à écouter, mais Chris et son père, non, définitivement non, on n'y croit pas une seconde.

-le scénario : je pourrais pardonner le reste si au moins l’anime brillait de ce côté-là, mais non, toujours pas. Le pitch est hyper classique : Kotoko, la lycéenne maladroite type est amoureuse d’Irie, le garçon populaire arrogant type. Et comme c’est un shôjo assez fainéant, la suite n’est guère plus originale. Je pourrais crier au spoiler pour ce qui va suivre, mais si vous avez décidé de regarder ce shôjo, vous avez sûrement déjà une bonne idée des grandes lignes de cet anime puisque ce n’est pas vraiment un genre qui se renouvelle beaucoup. Si malgré tout vous voulez garder vos illusions, évitez le paragraphe qui va suivre et passez directement à la suite.

L’un des bons points de l’anime qui aurait pu l’aider à se démarquer des autres est la large période qu’il couvre, mais même là c’est un échec. Déjà parce que finalement, les quinze premiers épisodes ne couvrent que quelque mois ; ce sont seulement les dix suivants qui changent la donne puisqu’il s’y passe presque quinze ans. C’est tout sauf progressif, et c’est d’autant plus perturbant que ces ellipses ne sont jamais annoncées : on ne fait que les deviner nous-même. Ensuite, j’ai dit que le chara-design des personnages n’évoluait pas, mais en fait RIEN n’évolue en eux. On passe 25 épisodes à voir les mêmes problèmes se répéter entre nos deux protagonistes. Pire, on a beau passer des rites important de la vie d’une personne, leur quotidien est le même, que ce soit au lycée, à l’université ou au travail. On a d’un côté Kotoko, pas très finaude, et ses amis de la classe la plus médiocre, et de l’autre Irie, le jeune prodige solitaire de la première classe. Et le même mécanisme se répète à l’université où Kotoko entre dans une faculté d’arts avec sa bande, et Irie qui lui intègre une faculté de médecine. Et même au travail où Irie occupe un poste important tandis qu’elle se retrouve comme une subalterne dans le même milieu, tant et si bien qu'on n'a pas vraiment l'impression de les avoir vu grandir. Et autour, la même routine : si Kotoko se retrouve à emménager chez Irie dans le premier épisode, ils y vivent encore dans le dernier, quinze ans après : ils sont mariés, autonomes financièrement, parents, mais l’idée d’avoir leur propre maison ne les a pas traversés...

Pour en venir à une approche plus subjective, disons-le carrément, cet anime m’a gonflé. Il y a deux-trois vannes marrantes au début, mais même ça, ça devient très vite redondant. On joue sans arrêt sur le côté gaffeur de Kotoko mis en parallèle avec le génie d’Irie-kun. Mais par-dessus tout, je les ai trouvés tous les deux monumentalement chiants. D’un côté Kotoko, parfait cliché de l’héroïne banale aux yeux immenses qui aime un garçon sans trop savoir pourquoi puisqu’elle ne lui a jamais parlé (mais il est beau, populaire, intelligent, toussa), et qui continuera à l’aimer après à lui avoir parlé et ce malgré l’évidente arrogance et le potentiel hautement antipathique du personnage. Le genre qui va naviguer entre « je suis découragée, place aux larmes ! » et « je n’abandonnerai jamais, même si je suis une looseuse-née », le mouvement de balancier de l’un à l’autre étant nécessairement influencé par une personne extérieure et son comportement, parce que Kotoko n’a bien sûr pas de volonté propre et se plie aux caprices de son bien-aimé sans se poser de questions. Bon, pourquoi pas. De l’autre côté on a Irie-kun, sorte de bisho raté dont les yeux sont aussi petits que ceux de Kotoko sont grands et qui comporte, grosso modo deux expressions faciales (au mieux de sa forme). Il est imbu de sa personne, désagréable, taciturne et égoïste et on ne sait absolument jamais ce qu’il pense. Alors on passe quinze épisodes entièrement centrés sur Kotoko sans avoir aucune idée de ce qu’Irie ressent de son côté et paf, au bout du 15e il décide de s’exprimer et là on tombe des nues. Irie est le personnage que j’ai le plus détesté mais aussi je trouve, le plus creux. Impossible de comprendre comment il a fini par tomber amoureux de Kotoko : outre le fait qu’il la prenne toujours de haut, on sait combien il la trouve bête et maladroite. Alors l’originalité ici c’est que par rapport aux autres shôjos où le personnage populaire mais arrogant devient un vrai mouton passé le stade de l’officialisation de son couple, Irie reste un sombre crétin de bout en bout. Et là encore, difficile de comprendre ce qui a pu l’attirer chez Kotoko. Il l’ignore complètement, et la pauvre sotte y est tellement habituée qu’elle ne songerait pas à piquer un coup de colère (pas son genre de toute façon), mais comme tous les deux ans il se réveille et se comporte à nouveau comme un humain, elle est satisfaite. Et voilà, j'ai résumé l'anime : Kotoko qui se sent mal aimée, et aimerait plus d’attention, Irie qui n’a pas que ça à foutre, mais comme y’a des midinettes derrière l’écran il va se rappeler d’être tendre un épisode sur cinq (au mieux). Et c’est encore plus attendrissant quand le dit génie n’est pas foutu de reconnaître une émotion aussi basique que la jalousie et qu’au lieu de devenir plus protecteur envers sa petite femme ça le pousse à se montrer encore plus c*n avec elle. Et il paraît que le profil du gars beau et taciturne vend du rêve, hein…

Je suis à peine plus attachée au personnage de Kotoko qui n’a somme toute que ce qu’elle mérite.

Enfin, on a les personnages secondaires qui-servent-à-rien-sauf-à-créer-des-intrigues-entre-nos-deux-tourtereaux et dont la psychologie est plus que limitée pour ne pas dire inexistante. Entre les amies de Kotoko qui n’ont pas d’existence ou de volonté propre en-dehors de notre héroïne et les personnages rivaux, placés stratégiquement pour rendre jaloux l’un ou l’autre de nos deux héros mais-qui-vont-finir-ensemble-pour-que-personne-ne-soit-seul, il n’y a pour moi qu’un personnage qui se détache du lot ; la mère d’Irie-kun, personnage excentrique qui tente à tout prix de pousser Irie dans les bras de Kotoko par tous les moyens possibles et envisageables. C’est tellement grossier que ça en devient drôle, malheureusement son rôle reste des plus secondaires et notez qu’une fois de plus son existence même ne tourne qu’autour de nos héros.

Bref, 25 épisodes c’est long quand il se passe aussi peu de choses et je ne sais toujours comment j’ai réussi à les finir. Sous couvert de nous raconter toutes les grandes étapes d’un couple, l’anime ne fait que digresser et se répéter en jouant sans arrêt sur les mêmes situations, jouant tantôt sur la touche mélo, tantôt sur la touche humour mais ne parvenant finalement à être ni vraiment l’un ni l’autre. Quant à l’aspect romance, je suis pas sûre de pouvoir même dire qu’il y en a : malgré les faits, j’ai l’impression d’avoir vu 25 épisodes d’amour à sens unique (un amour que du reste je ne comprends toujours pas) et n’ayant su m’attacher aux personnages, il ne m’aura fait ni chaud ni froid. INK reste pour un anime très surfait: dès qu’on gratte en profondeur, on comprend bien vite qu’il n’y a rien en-dessous.

Je vais pour finir contredire une AKienne qui s’est exprimée avant moi, mais pour être passée de Kimi ni Todoke à Itazura na Kiss (le gouffre de qualité a dû forcément s’en ressentir sur ma note), je vous conseille mille fois plus le premier, pour trop de raisons pour toutes être citées ailleurs que dans une critique qui lui serait propre.

Je mets un 2 pour les quelques fois où j’ai esquissé un sourire, et pour la mère d’Irie.

Verdict :2/10
Ce que les membres pensent de cette critique :
Convaincante (6)
Amusante (0)
Originale (0)

4 membres partagent cet avis
1 membre ne partage pas cet avis

A propos de l'auteur

Serleena, inscrit depuis le 02/10/2009.
AK8.1.14 - Page générée en 0.049 seconde - 7 requêtes ★ DB.8.0.233450 ★