K, créatif sans briser les codes.

K, c'est l'histoire d'un anime auquel on ne croit pas avant de s'y retrouver enlisé. Mystérieux et parfois même poétique (oui, je persiste et signe), nous avons là un shonen qui vaut largement le détour.

Avant même de commencer, on craint, au vu des visuels, une effusion de personnages stéréotypés et sans la moindre originalité. Alors oui, l'anime reprends des ficelles énormes dans l'écriture de ceux-ci. Et pourtant, par exemple, ce sempiternel étudiant lambda extraverti ou encore cette énième Neko Girl sont cuisinés de manière juste et correcte, avec une pincée de sobre folie. De même, chacun des personnages gagne en profondeur au fur et à mesure que l'anime avance. Et finalement, aucuns d’entre eux ne semblent surfaits et clichés. Partir de ce qui fonctionne pour faire quelque chose de nouveau. C’est ce que K a réalisé avec brio. Une jolie cuisson à feu doux pendant 13 épisodes.

Parlons un peu du scénario maintenant. Nous avons là quelque chose de rare dans un «shonen» : on laisse le spectateur respirer et déguster son repas sans le presser. Le rythme est lent, sans qu’il ne nous endorme. Les pièces du puzzle se réunissent les unes après les autres, sous nos yeux, avant de s’assembler en apothéose au terme d’un final émotionnellement fort. Peut-être suis-je le seul à le ressentir ainsi. On peut regretter que tout n’ait pas été traité au cours de la série, notamment les relations avec les clans verts et dorés. Mais je suis de ceux qui, en tant que spectateur, aiment ne pas tomber dans l’omniscience : il faut faire des choix et il n’est parfois pas désagréable de manger un plat dans lequel le chef a volontairement enlevé des ingrédients pouvant en ternir la saveur.

Quand au dressage, il ne vous décevra pas ! Je n’aime pas m’étendre sur l’animation. Il est tout à fait possible d’avoir de très beaux animés avec une animation saccadée, mais correspondant à l’univers de la série. Il faut cependant rendre à César ce qui appartient à César. K fait très très fort. Les 2 premières minutes de la série nous plongent dans son univers graphique. Urbain. Très urbain et pourtant si beau et détaillé, dans une époque futuriste où les robots font continuellement le ménage. Et quel plaisir de voir la fumée des cigarettes s’évaporer dans l’air ! Les scènes de nuit sont magnifiques, caractérisées par de belles dérives colorimétriques, nous immergeant dans une mystérieuse atmosphère de clair obscur. La foule continue sa marche, insouciante des secrets gardés par les clans.

Enfin, l’ambiance dans laquelle vous dégusterez ce mets vous plongera d’autant plus dans ses mystérieuses saveurs. Les musiques, mystérieuses ("Suoh Mikoto" notamment) ou branchées hip-hop et streets collent parfaitement à l’action.

J’aime être compact et j’espère avec ce peu de mots vous avoir ouvert l’appétit. K est une petite perle, à mon sens sous-estimée. La base même de l’histoire et des personnages n’est pas vraiment originale. Mais la série parvient à en faire quelque chose d’intéressant, de manière presque hypnotique. Pour moi, ce sera un beau 8.