Lettre à mon moi d'avant...

Salut,
Tu vas bien ? Enfin, non. Je sais que non. Pas mal de choses t’échappent encore, et tu préfères faire comme si de rien étais, comme si tout allais bien.
Je t’écris depuis le futur. Juste moi. Un peu plus vieux. Un peu plus calme. Un peu moins dans le déni.

Comme Tomoya.

Tu sais, le ramdom héro d'anime de romance, avec sa tête de mec blasé, son pote blond et son éternel "j'm'en fous" collé au visage ? C’était nous. Même dégaine, même philosophie douteuse : pas de rêve concret, pas de diplôme en poche, juste des après-midi à traîner en parlant de refaire le monde sans jamais remettre nos choix en questions. Pas de but, mais des vannes. Pas d’envie, mais l’illusion qu’on a le temps.

Sauf que voilà. Comme lui, un jour, la vie nous tape sur l’épaule. Gentiment au début. Puis ça te secoue.
Les années passent. Les potes se dispersent. Par conflit et parfois juste parce que… la vie. T’espérais que ces gens-là seraient là pour toujours. Qu’on se reverrait tous, comme dans les bons vieux épisodes. Mais comme Tomoya dans la saison 2, tu réalises que l’adulte en toi a un planning. Des horaires. Des factures. Des obligations. Que l'horloge tourne.

Tu sais ce qui est drôle ? J’ai arrêté les animés au moment où j’ai commencé une vraie relation amoureuse.
Six ans sans en regarder un seul ou presque. Ne me demande pas pourquoi, à vrai dire je ne le sais toujours pas vraiment. La vie à deux m’a appris à relativiser certaines choses, à voir au-delà des univers fictifs auquels j'étais cloués. J’ai troqué les visuals novels contre des vraies discussions, les combats de DBZ contre les compromis à deux. Tu verras, c'est tout aussi sympa.

Mais récemment, comme un fantôme dans le placard, j'ai pensé à Clannad. Je me rappelais encore de sa fin facile, de son OST tire larme, de sa saison 1 longuette... Mais je l’ai relancé quand même. Et là, je l’ai vu autrement.

Tomoya, c’est toi. C’est moi. Ce gars qui se cache derrière des sourires en coin, qui refuse de s’impliquer parce qu’il pense que rien ne dure, que rien ne vaut la peine et qu'on verra demain.
Et puis la vie le rattrape. Il bosse, il aime, il souffre. Il perd. Il abandonne. Il se relève.

Son "Ushio", c'est notre peur d'avancer, de grandir, de vieillir avec le regret de ne pas être le héro de shonen qu'on voulait être. Mais comme lui, t’apprendras qu’il suffit parfois de lever les yeux. De regarder ce que t’as construit.

Parce que malgré tout ça, malgré les coups de mou, les années perdues et les rêves de gosse qui prennent la poussière, on continue. On avance.

Et même si la fin de Clannad est douce, trop douce peut-être, on l’accepte de bon cœur, encore plus facilement qu'a l'époque. Parce qu’on en a besoin. Parce que nous aussi, on mérite notre happy ending.
Un truc doux, mérité, qu’on construit jour après jour, en avançant même quand on n’a pas envie.

Alors, profite encore un peu de ta saison 1.

Signé :
Toi. Avançant dans l'after story, la tête quasiment sortie de la neige.