Clic….Une guerre civile sur fond de religion et d'intérêts économiques dans un petit pays "imaginaire"....
Clic….Une intervention militaire de l'ONU...... pour rétablir la paix.......
Clic….Des journalistes, photographes, cameramans de terrain pour couvrir le conflit et alimenter le désir fugitif de sensationnel…...
Clic….C'est un slice of life, ou "slice of death"... Un moment dans un conflit comme on en rencontre si souvent ces derniers lustres.
«Rien n'avait échappé à l'objectif.
Aucun acte attestant de la cruauté humaine qui régnait sur les champs de bataille.
Non, rien n'avait échappé à l'objectif.
Ni les faits et gestes quotidiens des hommes. Ni leurs plaisirs simples. Leurs désirs secrets.
L'objectif avait tout vu et enregistré.
Il avait immortalisé nombre de fragments de vie. Des moments figés dans le temps dans lesquels nous entrevoyons la vérité.
Une fois figé, le temps appartient au passé.
Mais ces voix venant du passé... Ces moments figés dans le temps… Ces photos individuelles ont le pouvoir de changer le cours de l'histoire.
Ils peuvent mêmes aller jusqu'à changer la vie de quelqu'un.
D'ailleurs une photo prise ici est sur le point de changer le monde.»
Ce sont les paroles dites par le narrateur durant l’opening du premier épisode sur fond de diaporama mêlant photos de guerre monochromes et photos retraçant enfance et adolescence aux couleurs joyeuses.
Pour reprendre rapidement le pitch, une photo représentant un drapeau brandi sert de symbole pour une tentative de cessez le feu sous la houlette de l'ONU.
Malheureusement, ce symbole est volé, et une section spéciale des Nations Unis, le SDC, équipée de matériel novateur (ben oui, les vendeurs d'armes en profitent pour tester leurs prototypes) est envoyée pour le récupérer.
Par soucis de "transparence" la photographe responsable de la photo est envoyée couvrir cette récupération en accompagnant cette section spéciale.
Pas de héros à la shonen. Nous assistons à cette histoire via le regard de témoins bien connus, ces personnes qui alimentent nos journaux télévisées, hebdomadaires et autres supports, à travers les filtres de leurs appareils photos et caméras
Le dessin. Pas de grands yeux, ni de coiffures multicolores, les visages sont corrects et les traits des différents personnages sont suffisamment différenciés pour que ceux-ci soient facilement reconnaissables.
L’animation. Elle est réduite au stricte nécessaire, on ne cherche pas à épater la galerie, ….. et après tout.... CLIC... une photo ne bouge pas…..
Le rythme de l’histoire est est bien dosé, prenant, je n'ai pas ressenti de longueurs.
Ce n’est pas un anime gore, pas d’hémoglobine à profusion, les morts sont là, nous le savons, mais dissimulés dans la poussière soulevée par les rafales de mitrailleuses lourdes et les explosions.
La mise en scène. C’est ce qui rend cet animé original. L'histoire nous est présentée sous la forme d’un assemblage de séquences filmées et au travers d’objectifs d'appareils photos et de caméras.
Et comme pour la photographie, on utilise des filtres
1er filtre
Le regard humain
Nous observons le SDC via l'objectif de la photographe.
Celle-ci, Saeko Shirasu, est présentée comme enthousiaste, innocente, confiante avec un regard presque enfantin.
Ce regard que l'on retrouve dans la photographie renvoyée des militaires qu'elle accompagne.
Ils semblent être des "gentils", idéalistes, et ce, d’une manière presque manichéenne.
Une personnalisation (ou déformation) de l'image fournie par celui qui la prend.
2ème filtre
Le regard sans émotions.
Il provient des images fournies par les caméras embarquées sur les différents engins militaires,
3ème filtre
Le regard du pire.
Superposé au dessus des autres, il est fourni par la caméra d'un journaliste indépendant déployé sur le terrain.
Il est la voix off, le narrateur de l'ensemble de l'animé
Il nous raconte l'histoire de la photographe, et parallèlement, les événement politiques, diplomatiques et militaires se passant dans le reste de la capitale.
C'est un personnage sombre avec un regard relativement négatif (réaliste?), presque amer, sur les événements et protagonistes impliqués.
La majorité des personnages politiques, religieux, militaires, vu au travers de sa caméra - par opposition à ceux vu par la photographe - sont hypocrites, manipulateurs, profiteurs, indifférents aux souffrances de la population.
Le porte-parole de l'ONU ressemble à un robot sans âme, un mauvais acteur répétant des discours sans intérêts, multipliant les poncifs, évitant de répondre aux questions.
(c'est carrément glaçant, je me suis dit qu'ils avaient simplement transposé des conférences de presses réelles dans leur animé).
Certaines références sur les échecs du Rwanda, du Kosovo sont d'ailleurs évoqués
Cette superposition de filtres nous ramène à notre regard habituel de téléspectateur assistant aux événements via des images, informations et commentaires orientés.
J'ai voulu me passer un animé pour me détendre et me vider la tête, raté!!
J’ai vu quelque chose laissant un arrière goût peut-être amer, mais nécessaire; un peu comme un médoc, c’est pas bon,,, mais ça peut te faire du bien
Le monde de l'animation ne se limite pas à un type au chapeau de paille, à un autre en combi orange (je crois), une magical girl ou un mécha multicolore. Et c’est tant mieux.....
9/10, en espérant que les studios d’animés continueront à prendre parfois des risques et à produire des créations originales.