Psycho-Pass 2 - Paint it Black

» Critique de l'anime Psycho-Pass (TV 2) par Deluxe Fan le
19 Décembre 2014
Psycho-Pass (TV 2) - Screenshot #1

Le succès, ne serait-ce que commercial, de Psycho-Pass n’est pas complètement dû au hasard. Ce genre de série d’animation ambitieuse, se voulant intellectuelle et mature, et sur un ton cyberpunk/policier rappelant un certain âge d’or des années 80-90, avait pratiquement disparu des charts saisonniers de l’industrie. Le studio Production IG, qui doit sa gloire à la licence Ghost in The Shell, ne faisait que réclamer une place qu’ils avaient laissée vacante pendant des années.

Il allait de soi que les producteurs de Noitamina chercheraient à donner suite à cet essai transformé. Seul souci, le scénariste Gen Urobuchi en avait semble-t-il terminé avec cet univers et n’a pas voulu rempiler pour une deuxième saison, comme à son habitude d’ailleurs. Un problème pour une série qui a fait l’essentiel de sa publicité autour du scénariste le plus hype de la japanimation. En désespoir de cause, Noitamina décide de modifier sa stratégie ; plutôt que de refaire une série, Production IG réalisera un film qui servira à amener les ambitions cinéma de Fuji TV, avec les scénaristes et le staff de la première série. Quant à la série télé promise, elle sera finalement sous-traitée à un studio tiers, avec un budget qu’on imagine réduit, et écrite par des scénaristes sans légitimité qui n’étaient même pas impliqués dans la première série.

Psycho-Pass (TV 2) - Screenshot #2Autrement dit, Psycho-Pass 2 n’est pas une suite à la première série. Au mieux, c’en est une parodie.

Dire que PP2 est une mauvaise suite, cela voudrait dire que la première saison était excellente. Elle ne l’était pourtant pas tant que ça : ses intentions et son ambition étaient louables mais elle partait sur des bases trop chancelantes pour construire quelque chose de véritablement solide. Cette deuxième saison fait encore plus fort, elle ignore le peu que la première saison avait réussi à accomplir pour partir dans une direction encore plus linéaire. L’inspectrice Akane Tsunemori, l’héroïne ingénue de la première série, prend ici la direction des opérations. Mais l’absence de personnages forts tels que Kogami ou Masaoka ne rend que plus tangible l’inutilité, l’incompétence ou la stupidité des autres personnages, complètement transparents à l’image de leur impact dans le récit, dont l’écriture menée à coups de twists est la plus grosse incartade au standard posé par Gen.

En effet, l’écriture de Gen Urobuchi est définitivement thématique : c’est moins le récit qui importe que les thèmes abordés et la manière avec laquelle ils ont utilisés. Psycho-Pass était la plus thématique des séries d’Urobuchi, abordant des sujets tels que la liberté (de penser, d’agir) et la justice. Des thèmes auxquels la première série choisissait de ne pas apporter de réponse claire - dans le plus pur style Urobuchiste - et que cette suite décide de simplement oublier pour ne se concentrer que sur l’aspect procédural des enquêtes ; faisant dès lors ressortir les incohérences et l’illogisme ambiant de la licence. On savait déjà que le Sybil System tenait sur des prérequis intenables, on avait connaissance de la possibilité pour certains de contourner voire d’ignorer le système (les Criminels Asymptomatiques tels que Makishima) ; on ne comprend donc pas trop le besoin d’aller encore plus loin avec ce Kamui dont le "pouvoir" est tellement bullshit que même Tite Kubo serait incapable de l’admettre dans Bleach.

Psycho-Pass (TV 2) - Screenshot #3L’écriture de la série, confiée au romancier Tow Ubukata (qui n’en avait probablement rien à foutre vu que sa propre série Fafner Exodus arrive cet hiver) et dont le script est mené par le jeune Jun Kumagai (dont l’impressionnant CV compte des chefs-d’œuvres narratifs tels que Valvrape The Vampirator ou Nobunaga the Flop) est une tentative assez pathétique de copier les recettes de la première saison, avec le même type de méchant, le même type de conspirations et la même manière de rendre les enjeux personnels pour forcer artificiellement le drama. La seule amélioration visible se situe au niveau de la mise en scène, des cadrages et des compositions de l’image que j’ai trouvé un peu plus cinématographiques et travaillées que la première saison. L’animation reste en revanche toujours dans la moyenne basse de ce que l’on attend d’une série soi-disant AAA de 2014.

Si Psycho-Pass devait devenir une licence importante et durable, alors cette deuxième série en serait un filler, un hors-série sans ambition ni conséquences. Les scénaristes en roue libre, les producteurs qui s’en foutent complètement, le studio principal qui délègue la série pour se concentrer sur d’autres projets… Difficile d’obtenir quelque chose d’abouti ou d’intéressant lorsque l’envie n’y est pas. A la fameuse question « What Color ? » à laquelle les personnages tentent de répondre dans cette deuxième saison de Psycho-Pass, je dirais que la couleur de cette série se situerait quelque part vers le marron, genre « Brun Caca ».

Verdict :4/10
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Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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