Psycho-Pass - Big Sister is watching you

» Critique de l'anime Psycho-Pass (TV 1) par Deluxe Fan le
21 Mars 2013
Psycho-Pass (TV 1) - Screenshot #1

A une époque où les productions animées originales semblent être de moins en moins nombreuses, ou en tout cas de moins en moins marquantes, le pari de Psycho-Pass de proposer 22 épisodes d’un techno-thriller mâtiné de science politique paraissait fou. Une folie toutefois maîtrisée, le studio Production IG ayant équilibré entre un staff jeune inexpérimenté, et quelques noms au générique pour attirer l’attention. Entre tradition et modernité, Psycho-Pass mérite son titre de blockbuster de l’année 2011/2012. Pour le meilleur et pour le pire.

Dans un Tokyo du futur, la vie des habitants est contrôlée par le Sibyl System, une entité mystérieuse qui lit le cerveau des gens pour en orienter le comportement. En particulier, Sybil peut attribuer un chiffre à chaque personne qui détermine son « coefficient criminel ». Si ce coefficient criminel dépasse un certain seuil - le Psycho-Pass, la personne est déclarée nuisible à la société et en est purement et simplement retirée.
Les agents chargés de cette tâche sont des policiers équipés de flingues électroniques spécialement conçus pour appréhender les criminels potentiels, qui peuvent lire en direct le Psycho-Pass de n’importe qui. Mais la vraie particularité de ces flics est qu’ils sont eux-mêmes, pour partie, des criminels potentiels tolérés par Sybil le temps de leur mission : les Enforcers.
L’histoire raconte comment Akane, jeune recrue totalement novice, va devoir encadrer un groupe de ces Enforcers alors qu’ils feront face à un génie du crime décidé à détruire ce système liberticide…

Psycho-Pass (TV 1) - Screenshot #2J’avais déjà détaillé mes premières impressions sur la série, et la suite n’a pas été bien différente de mes prévisions. La grande partie des éléments composant l’univers et l’histoire sont empruntés à divers mèmes de la science-fiction, notamment ceux popularisés par P.K. Dick, et Psycho-Pass a le bon goût d’assumer complètement son héritage en faisant explicitement référence à certains auteurs. Plus généralement, la série ne se soucie guère d’instaurer une plausibilité à son univers, et compte sur la suspension d’incrédulité du spectateur pour l’entraîner dans une histoire qui prend directement celui-ci à parti.

En effet, la première moitié de la série se compose d’une suite d’enquêtes dans lesquelles les flics poursuivront des criminels sociopathes et excentriques. L’idée est de montrer que le système Sybil, en instaurant une pression sociale et une défiance généralisée parmi la population, fait jaillir occasionnellement des personnes dont la seule manière de conserver leur individualité est le meurtre, si possible mis en scène de manière spectaculaire.
Dans la seconde moitié, les personnages seront confrontés à un mastermind qui a trouvé la faille du système et compte bien l’exploiter pour le détruire. Et la frontière entre le Bien et le Mal s’efface pour laisser le spectateur maître sa propre interprétation... Jusqu'à un final dont on ne sait s'il est totalement pessimiste ou délibérément évasif.

Psycho-Pass (TV 1) - Screenshot #3C’est là-dessus que s’est effectué sans doute le plus gros du travail de Psycho-Pass ; présenter un univers invraisemblable et logiquement intenable, dans lequel évoluent des personnages capables d’atrocités pour changer leur destin. Qui est à blâmer ? Le système foireux qui avilit la population et les transforme en moutons incapables, ou le criminel rebelle qui jouit de ses assassinats ? Tout au long de la série les éléments sont donnés pour jauger, apprécier la valeur des prétentions de chaque camp.
D’un point de vue formel, la série met en image cet équilibrage en présentant des détectives novices et formatés (Akane) voire simplement incompétents (Ginoza) face à des criminels charismatiques et érudits, n’hésitant pas une petite digression littéraire entre deux crimes (digressions qui n’ont rien de pédant ou de gratuit car il s’agit principalement pour les personnages de prendre du recul sur leur propre histoire ; on pourrait presque parler de traversée du quatrième mur).

Cette manière de jouer avec les conventions morales est une coutume pour le scénariste de la série, Gen Urobuchi. Dans sa précédente série Madoka Magica, il y avait également cette volonté de mettre en perspective le caractère maléfique de Kyubey en montrant que lui n’est là que pour faire son job et que les Puelli Magi sont responsables de ce qui leur arrive. Pareillement dans Fate/Zero, où la guerre du Graal n’est pas une bataille bilatérale entre les bons et les méchants mais un affrontement entre plusieurs intérêts rivaux.

Psycho-Pass (TV 1) - Screenshot #4Dans cette déconstruction du thriller dystopique, peu de place est laissée aux personnages. Que ce soit par choix ou par manque de temps, Psycho-Pass ne souscrit pas à cette mode consistant à tout faire tourner autour des personnages dans le but d’offrir des fétiches au spectateur. Ici les personnages ne sont que des plot-devices, qui vont là où l’intrigue les mène et dont la caractérisation est uniquement liée à leur fonction dans l'intrigue.
Cette manière de procéder, qui va l’encontre des standards actuels, a fait grincer les dents du public mais je n’ai pas vraiment vu le souci. La seule fois où la série a cherché à donner du contenu à ses personnages, dans un épisode flash-back consacré à un personnage secondaire par ailleurs peu utile, n’a finalement servi qu’à mettre ne lumière tel ou tel autre aspect de la problématique de la série.

En introduction je comparais Psycho-Pass a un blockbuster, et il est vrai que la série répond aux critères de ce genre de produits : tournés exclusivement vers l’efficacité (pour satisfaire le plus grand nombre), au détriment de la recherche stylistique ou artistique (qui clive le public). Outre son setting emprunté un peu partout, la mise en scène comme la direction artistique ne va pas chercher bien loin, se contentant de faire le job sans même tenter de se démarquer. Cela dit, il aurait fallu qu’elle en ait les moyens.

Psycho-Pass (TV 1) - Screenshot #5Car le staff qui a travaillé sur Psycho-Pass est notable pour son inexpérience : le superviseur du projet, Katsuyuki Motohiro, est originaire du monde des dramas et aucun background dans l’animation (j’ai d’ailleurs vu le drama qui l’a fait connaître, il est plutôt bon mais n’a pas vraiment de rapport avec le ton ou le propos de Psycho-Pass). Le réalisateur de la série, Naoyoshi Shiotani, n’a fait son entrée dans le cercle des réalisateurs d’animes que très récemment ; c’est d’ailleurs sa première série télé à ce poste. Pareil pour le compositeur Yuugo Kanno qui a toutefois fait un travail très correct. Le chara-designer est par contre bien plus connu, il s’agit de Akira Amano, la mangaka auteur de Reborn! Mais sa contribution, bien que réussie, n’est pas déterminante.
On a donc l’impression que pour cette fois Production IG n’a pas capitalisé sur son staff, se contentant de mettre en avant Urobuchi pour attirer la curiosité de ses nombreux détracteurs (ce qui a réussi vu à quel point la série s’est fait basher par les commentateurs qui s’intéressaient plus au bonhomme qu’à la série elle-même).

Après la catastrophe Guilty Crown l’an dernier, Production IG est revenu à la raison en proposant dans la case NoitaminA une série contenant peu de vulgarité, avec un propos et une vision, et rendant un hommage appuyé aux œuvres qu’elle emprunte. On reste juste insatisfait du peu de moyens techniques que la production s’est donnée, que ce soit par son animation tout juste acceptable, sa direction artistique passe-partout et le peu de soin accordé aux détails, en particulier dans la première moitié de la série. Psycho-Pass reste toutefois un agréable divertissement que je conseille, le seul qui m’a maintenu dans l’actualité de japanime ces six derniers mois.

Les plus
- Un propos intéressant et correctement présenté
- Une nette progression dans la seconde moitié
- Musique et designs sympathiques, génériques très réussis

Les moins
- Pas mal de fautes dans la première partie
- Animation dans le bas du niveau actuel
- Quelques personnages et sous-intrigues superflues

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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