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Jeux-vidéo / MMORPG - Age of Conan
« le: 27 Décembre 2013, 20:21:53 »
"Sache, ô Prince, qu'entre l'époque qui vit l'engloutissement de l'Atlantide et des villes étincelantes et celle de l'avènement des Fils d'Aryas, il y eut un Âge insoupçonné, au cours duquel des royaumes resplendissants s'étalaient à la surface du globe tels des manteaux bleus sous les étoiles: la Némédie, la Brythunie, l'Hyperborée, Zamora avec ses femmes aux cheveux noirs et ses tours mystérieuses aux horreurs arachnéennes, Zingara et sa chevalerie, Koth, qui jouxtait les prairies de Shem, la Stygie et ses tombes protégées par des ombres, l'Hyrkanie, dont les cavaliers étaient vêtus d'acier, de soie et d'or. Mais le plus illustre des royaumes de ce monde était l'Aquilonie, dont la suprématie était incontestée dans l'Occident rêveur. C'est en cette contrée que vint Conan, le Cimmérien - cheveux noirs, regard sombre, épée au poing, un voleur, un pillard, un tueur, aux accès de mélancolie tout aussi démesurés que ses joie - pour fouler de ses sandales les trônes constellés de joyaux de la Terre."
Conan le barbare, pour beaucoup un nom qui se résume aux films avec ce bon vieux Schwarzenegger dans le rôle du célèbre barbare, et éventuellement la redite sortie en 2011, qui n’a pas vraiment connu le succès de son prédécesseur.
Avec le succès du premier opus, on a eu droit pendant longtemps au fantasme du barbare musclé, primaire et brutal, pourfendant le mal de son épée de 2 mètres de long, et ce aussi bien dans les dessins animés que les bandes-dessinées et comics, sans oublier bien entendu les jeux-vidéos. Si on ajoute en plus que Rambo est sorti exactement la même année (1982), on comprend aisément que les héros musclés aient eu leur heure de gloire pendant de longues années, avant de retomber peu à peu dans l’oubli, le public préférant peu à peu se tourner vers des modèles moins basiques comme des elfes, nains et autres créatures fantastiques.
Autant dire que sortir un MMORPG prenant lieu et place dans les environnements hostiles de l’Hyboria, alors que le mastodonte WOW écrasait toute concurrence depuis quelques années déjà était un pari risqué. Et quand on connait après coup les problèmes auxquels fut confronté le jeu dès de sa sortie en 2008 (bugs, promesses de contenu non tenues, poudre aux yeux vite dissipée passé le tutoriel de Tortage), on se dit que même avec le passage en « free-to-play » et les nombreux correctifs apportés pour avoir enfin un produit qui tienne la route, c’est presque un miracle qu’il soit encore actif aujourd’hui.
Partant de ce constat, AOC est-il un jeu maudit qui n’a pas eu droit au destin auquel il aurait pu prétendre s’il avait bénéficié d’une meilleure finition ? Aurait-il pu devenir un acteur majeur sur le marché vidéoludique, plutôt qu’un simple produit d’exception à la communauté réduite (3 serveurs actifs) composée essentiellement des fans de la première heure et/ou d’afficionados de la licence créée par Robert E. Howard.
Commençons par le commencement et donc, comme dans tout MMO qui se respecte, par la création du personnage.
Que l’on souhaite incarner un guerrier athlétique, une véritable montagne de muscles, un « eunuque » avec un embonpoint certain ou même un gringalet rachitique adepte de magie, l’éditeur d’avatar reste encore à ce jour un des plus complets qui soit. Proposant de multiples éléments paramétrables aussi bien concernant la stature que le visage, il sera pratiquement impossible de croiser un clone au cours de l’aventure. Pour rajouter un peu plus de diversité, il existe 4 peuplades disponibles aux traits caractéristiques… Les Aquiloniens sont l’équivalent des peuples gaulois et celtes d’Europe occidentale. Les Cimmériens sont issus des populations primitives du nord, ayant à peine dépassé le statut des hommes de Cro-Magnon. Les Stygiens sont plutôt les ancêtres des Egyptiens davantage tournés vers les arts magiques, et les Khitan (disponibles uniquement avec un compte premium) viennent des lointaines régions d’Asie, bref les premiers Chinois…
Outre l’aspect général du personnage, la race influera également sur les classes disponibles, 12 au total, équitablement réparties selon les 4 catégories classiques : guerriers, roublards, prêtres et mage. Pour faire simple, n’espérez pas jouer un magicien si vous avez décidé d’incarner un Cimmérien (peuple de Conan au passage), tout au plus un chaman, et c’est déjà pas mal… A part ça, pas vraiment de différences de caractéristiques selon le peuple choisi : le choix est davantage cosmétique ou fluffique qu’en rapport avec le gameplay, et un guerrier Aquilonien frappera aussi fort qu’un Cimmérien ou un Stygien...
Et dans l’univers violent et brutal du roi Conan, pas de sexisme : les femmes savent aussi bien se défendre que les hommes. Croyez-moi, la première fois que vous verrez une Cimmérienne tuer à main nue (ou avec une grosse hache) une panthère, un gorille ou toute autre créature du bestiaire, ça vous fera bizarre.
L’éditeur de personnage prouve d’ailleurs qu’il n’est pas nécessaire d’avoir des elfes, des femmes chats ou une moyenne d’âge dépassant à peine l’adolescence pour obtenir des avatars particulièrement désirables. Avouons-le, tester AOC sans créer au moins un personnage féminin, c’est comme donner de la confiture aux cochons. Bien sûr il est possible de créer un laideron mais curieusement, j’ai surtout croisé de très charmantes amazones depuis mes premiers pas, parfois même dans l’appareil le plus simple que propose le jeu (pagne pour ces messieurs, strings pour ces dames), avec la poitrine modélisée sans complexe en mode topless (pas de petit smiley pour cacher le téton comme dans Secret World, du même éditeur). On ne remerciera jamais assez le mode « apparat » qui permet de faire apparaitre son personnage avec un skin différent de celui du véritable équipement porté, et qui permet ainsi de se balader presque à poil alors qu’on porte en réalité une armure complète sur le dos…
Bref, même si depuis on a fait mieux, l’éditeur reste encore à ce jour un des plus complet que j’ai pu voir aussi bien dans un MMO que dans un jeu solo.
Une fois son personnage modélisé, nommé et la classe choisie, il est alors temps de se lancer dans l’aventure. Celle-ci débute sur Tortage, petite île de pirates isolée, subissant depuis peu le joug d’un horrible tyran. Faisant office de tutoriel jusqu’au niveau 20-25, c’est ici que l’on fera ses premières armes, accomplira ses premiers exploits et débutera une saga épique. L’évolution du personnage se déroule de manière relativement classique : pour progresser, il faut tuer et accomplir des quêtes pour les différents PNJs. Celles-ci sont relativement classiques, il s’agira le plus souvent de tuer X adversaires, d’aller chercher tel objet ou d’accompagner (et protéger) tel PNJ coincé dans un coin tellement dangereux qu’aucun être sensé n’y serait allé. Mais rien à faire, vous êtes un barbare (du moins un aventurier en quête de gloire) et ce ne sont pas quelques obstacles sur votre route qui vont vous effrayer. Comme le dit l’adage : « si ça saigne, ça peut se tuer avec une épée, et si ça ne saigne pas…bah ça peut se tuer quand même, avec une grosse épée » ; les primitifs incarnés ne sont pas reconnus pour la subtilité de leur raisonnement et privilégient largement la tactique du « dans le doute, tape encore »...
Les combats, notamment au corps à corps, reposent sur des combinaisons de coups à porter au bon moment, gagnant en complexité au fil de leur progression pour un résultat de plus en plus destructeur et impressionnant. Pour les mener à bout, il conviendra de taper au bon endroit (gauche/droite/face) dans un ordre précis. Et pour un maximum d’efficacité, il faudra également tenir compte de la défense de l’adversaire qui se portera d’un côté ou de l’autre, réduisant ainsi drastiquement les dégâts infligés sur les zones les plus défendues. Enfin, une attaque dans le dos annulera une bonne partie des bonus défensifs. Bref, frapper comme une brute c’est bien, mais ajouter un minimum de tactique (notamment avec un placement judicieux), c’est mieux. A niveau équivalent, il est risqué, voire mortel, d’engager plus d’un (ou deux si on aime le risque) ennemis, et ceux-ci se montreront impitoyables avec vous, même en début d’aventure. Malgré ce qu’on pourrait croire, AOC n’est pas un jeu pour bourrins, demande une certaine subtilité dans son approche et propose donc un challenge nettement plus relevé que la plupart de ses concurrents.
En récompense, vous aurez parfois l’occasion d’assister à une « fatalité », mise à mort particulièrement sanglante d’un adversaire dont il ne restera généralement après qu’un corps décapité ou un tas pulpeux de chair sanguinolente. Systématiquement accompagnées de gerbes de sang jaillissant jusque sur l’écran, ces mouvements finaux sont particulièrement jouissifs, et s’apprécient avec une pointe de sadisme sur le visage.
Abordons maintenant l’univers et l’histoire tournant autour de personnage. On commence le jeu en tant qu’esclave enchaîné aux rames d’une galère. Celle-ci, prise dans une tempête, ne tarde pas à sombrer dans les eaux profondes, au-dessus de ce qui fut autrefois l’Atlantide. Par une intervention presque divine, on se réveille néanmoins sur une plage de la petite île de Tortage, presque nu comme un ver et désarmé, mais en vie. Impossible de se rappeler sa propre identité, et le seul élément de réponse à cette question est une curieuse marque apposée sur le corps. Très vite, on croise une jeune femme attachée à un arbre, celle-ci s’avère être une catin de l’île, capturée par une tribu sauvage et promise en sacrifice à une divinité quelconque de ceux-ci. En échange de sa libération, elle accepte de nous conduire à la ville la plus proche, où l’on aura peut-être l’occasion d’en savoir un peu plus sur le moyen de rejoindre le continent pour échapper aux esclavagistes et assassins qui ne tardent pas à se présenter. Avec une arme de fortune trouvée sur la plage il faut d’abord traverser la jungle, mais rapidement, il s’avère que loin d’être un(e) simple esclave, notre avatar possède quelques rudiments dans l’art du combat (ou de la magie selon le choix), une énigme de plus à résoudre pour découvrir son identité.
Voilà en gros comment débute l’aventure dans AOC, dont l’île de Tortage n’est que le prologue, un simple échauffement avant de passer aux choses sérieuses. Très rapidement on retournera dans le territoire d’origine de la race choisie, avant de s’élancer vers les terres sauvages du vaste monde qui nous entoure. Au cours du voyage, on fera de multiples rencontres : aussi bien des populations locales désirant l’aide d’un sauveur que d’autres aventuriers ayant un bon coup (et quelques pièces d’or) à partager, sans oublier les autorités des territoires visités, toujours débordées par une menace X ou Y… Si les exploits accomplis (notamment au cours de la quête épique) sont suffisamment important, peut-être même aura-t-on l’occasion de rencontrer le roi Conan en personne.
Bref, on nage en plein récit épique, et les développeurs essayé de coller au mieux à l’œuvre littéraire de Robert E. Howard, aussi bien dans la narration et l’histoire que dans la représentation du monde. Si l’aspect graphique a (bien) vieilli depuis 2008, la direction artistique est irréprochable : on a véritablement l’impression de parcourir un univers qui oscille encore entre 2 voies. D’un côté les terres sauvages, peuplées de tribus plus ou moins agressives et de l’autre, quelques îlots de civilisations encore fragiles. Et pour couronner le tout, des démons et autres créatures maléfiques s’invitent chez les mortels. Il faudra les traquer et les éliminer pour ramener l’ordre, quitte à se servir de leurs pouvoirs pour arriver à un résultat satisfaisant.
Mais même en tant qu’adepte de la magie noir, on doit suivre le scénario prévu par les développeurs. Comprenez que même si on aimerait réveiller son côté « dark », et bien que les dialogues proposent des réponses plus ou moins colorées, le déroulement des quêtes reste globalement inchangé, et l’on fait partie du côté des « gentils » quoi que l’on décide. Pas de factions opposées, le seul personnage qui fasse autorité auprès des PJ dans ce monde sanguinaire, ça reste le roi Conan. Bien sûr, en rejoignant un des 2 serveurs JcJ (sur les 3 existants), on s’offre la possibilité de massacrer tous les joueurs qui croisent notre chemin, mais on prend également le risque de se faire éclater à la première rencontre, ce qui arrive plus vite qu’on ne le pense. Bref, réserver le JcJ aux aventuriers un brin sadomasochistes…
Si vous ne vous en doutiez pas encore à la lecture des précédents paragraphes, le jeu est classifié 18+, bref à réserver à un public mature. La violence, les mises à mort sanglantes, l’univers généralement glauque et gore sont bien entendu une des principales raisons.
Ensuite vient tout naturellement le thème de la sexualité et de ce point de vue, il ne manque plus au jeu que des séquences « d’amour » et de « romances » (avec beaucoup de guillemets) façon The Witcher & co pour être complet. Après tout, dans presque chacune de ses aventures, Conan finit avec une (voire plusieurs) femmes dans ses bras, avec qui les rapports sont généralement aussi passionnés que brutaux, primaires diraient certains.
Mais même sans cela, le contenu des dialogues est suffisamment explicite pour faire galoper l’imagination, et ce n’est pas un hasard si la première personne amicale avec qui on a la possibilité d’interagir est une prostituée court-vêtue… Et ce ne sera sûrement pas la dernière à faire tourner la tête du barbare que l’on incarne.
En parallèle de ça, d’autres sujets matures seront abordés, en brisant notamment un tabou des jeux-vidéos : les enfants. En plus d’être présents dans le monde visité, ceux-ci prendront régulièrement une part plus ou moins active dans les quêtes disponibles, parfois même en tant que victimes de mauvais traitements, de malédictions ou de la faim de créatures maléfiques. Et comme les aventures n’ont pas forcément droit à un happy-end dans ce jeu, j’imagine que certaines se révèleront particulièrement éprouvantes, aussi bien dans leur déroulement que leur conclusion.
Finalement, si je devais comparer le monde d’Hyboria à un autre, ce qui s’en rapprocherait le plus serait probablement l’univers de Berserk. Les connaisseurs n’auront pas besoin d’explications supplémentaires, j’invite les autres à découvrir le manga.
Vous l’aurez compris, Age of Conan est un jeu à réserver à un public mature, tant pour son univers retranscrit de manière assez fidèle de l’œuvre de Howard que sa violence ou les sujets qu’il aborde, sans oublier le challenge proposé par sa difficulté relevée. Bien que laissant la place aux erreurs de débutants, celle-ci peut se révéler frustrante aux yeux du profane qui n’aurait pas envie d’apprendre ou de s’adapter. Pour ceux qui souhaiteraient néanmoins tenter l’aventure, il propose une expérience pleine de promesses, à priori tenues (même si du chemin a été fait pour ça depuis sa sortie calamiteuse).
- Chroniques Némédiennes -
Robert E. Howard
Conan le barbare, pour beaucoup un nom qui se résume aux films avec ce bon vieux Schwarzenegger dans le rôle du célèbre barbare, et éventuellement la redite sortie en 2011, qui n’a pas vraiment connu le succès de son prédécesseur.
Avec le succès du premier opus, on a eu droit pendant longtemps au fantasme du barbare musclé, primaire et brutal, pourfendant le mal de son épée de 2 mètres de long, et ce aussi bien dans les dessins animés que les bandes-dessinées et comics, sans oublier bien entendu les jeux-vidéos. Si on ajoute en plus que Rambo est sorti exactement la même année (1982), on comprend aisément que les héros musclés aient eu leur heure de gloire pendant de longues années, avant de retomber peu à peu dans l’oubli, le public préférant peu à peu se tourner vers des modèles moins basiques comme des elfes, nains et autres créatures fantastiques.
Autant dire que sortir un MMORPG prenant lieu et place dans les environnements hostiles de l’Hyboria, alors que le mastodonte WOW écrasait toute concurrence depuis quelques années déjà était un pari risqué. Et quand on connait après coup les problèmes auxquels fut confronté le jeu dès de sa sortie en 2008 (bugs, promesses de contenu non tenues, poudre aux yeux vite dissipée passé le tutoriel de Tortage), on se dit que même avec le passage en « free-to-play » et les nombreux correctifs apportés pour avoir enfin un produit qui tienne la route, c’est presque un miracle qu’il soit encore actif aujourd’hui.
Partant de ce constat, AOC est-il un jeu maudit qui n’a pas eu droit au destin auquel il aurait pu prétendre s’il avait bénéficié d’une meilleure finition ? Aurait-il pu devenir un acteur majeur sur le marché vidéoludique, plutôt qu’un simple produit d’exception à la communauté réduite (3 serveurs actifs) composée essentiellement des fans de la première heure et/ou d’afficionados de la licence créée par Robert E. Howard.
Commençons par le commencement et donc, comme dans tout MMO qui se respecte, par la création du personnage.
Que l’on souhaite incarner un guerrier athlétique, une véritable montagne de muscles, un « eunuque » avec un embonpoint certain ou même un gringalet rachitique adepte de magie, l’éditeur d’avatar reste encore à ce jour un des plus complets qui soit. Proposant de multiples éléments paramétrables aussi bien concernant la stature que le visage, il sera pratiquement impossible de croiser un clone au cours de l’aventure. Pour rajouter un peu plus de diversité, il existe 4 peuplades disponibles aux traits caractéristiques… Les Aquiloniens sont l’équivalent des peuples gaulois et celtes d’Europe occidentale. Les Cimmériens sont issus des populations primitives du nord, ayant à peine dépassé le statut des hommes de Cro-Magnon. Les Stygiens sont plutôt les ancêtres des Egyptiens davantage tournés vers les arts magiques, et les Khitan (disponibles uniquement avec un compte premium) viennent des lointaines régions d’Asie, bref les premiers Chinois…
Outre l’aspect général du personnage, la race influera également sur les classes disponibles, 12 au total, équitablement réparties selon les 4 catégories classiques : guerriers, roublards, prêtres et mage. Pour faire simple, n’espérez pas jouer un magicien si vous avez décidé d’incarner un Cimmérien (peuple de Conan au passage), tout au plus un chaman, et c’est déjà pas mal… A part ça, pas vraiment de différences de caractéristiques selon le peuple choisi : le choix est davantage cosmétique ou fluffique qu’en rapport avec le gameplay, et un guerrier Aquilonien frappera aussi fort qu’un Cimmérien ou un Stygien...
Et dans l’univers violent et brutal du roi Conan, pas de sexisme : les femmes savent aussi bien se défendre que les hommes. Croyez-moi, la première fois que vous verrez une Cimmérienne tuer à main nue (ou avec une grosse hache) une panthère, un gorille ou toute autre créature du bestiaire, ça vous fera bizarre.
L’éditeur de personnage prouve d’ailleurs qu’il n’est pas nécessaire d’avoir des elfes, des femmes chats ou une moyenne d’âge dépassant à peine l’adolescence pour obtenir des avatars particulièrement désirables. Avouons-le, tester AOC sans créer au moins un personnage féminin, c’est comme donner de la confiture aux cochons. Bien sûr il est possible de créer un laideron mais curieusement, j’ai surtout croisé de très charmantes amazones depuis mes premiers pas, parfois même dans l’appareil le plus simple que propose le jeu (pagne pour ces messieurs, strings pour ces dames), avec la poitrine modélisée sans complexe en mode topless (pas de petit smiley pour cacher le téton comme dans Secret World, du même éditeur). On ne remerciera jamais assez le mode « apparat » qui permet de faire apparaitre son personnage avec un skin différent de celui du véritable équipement porté, et qui permet ainsi de se balader presque à poil alors qu’on porte en réalité une armure complète sur le dos…
Bref, même si depuis on a fait mieux, l’éditeur reste encore à ce jour un des plus complet que j’ai pu voir aussi bien dans un MMO que dans un jeu solo.
Une fois son personnage modélisé, nommé et la classe choisie, il est alors temps de se lancer dans l’aventure. Celle-ci débute sur Tortage, petite île de pirates isolée, subissant depuis peu le joug d’un horrible tyran. Faisant office de tutoriel jusqu’au niveau 20-25, c’est ici que l’on fera ses premières armes, accomplira ses premiers exploits et débutera une saga épique. L’évolution du personnage se déroule de manière relativement classique : pour progresser, il faut tuer et accomplir des quêtes pour les différents PNJs. Celles-ci sont relativement classiques, il s’agira le plus souvent de tuer X adversaires, d’aller chercher tel objet ou d’accompagner (et protéger) tel PNJ coincé dans un coin tellement dangereux qu’aucun être sensé n’y serait allé. Mais rien à faire, vous êtes un barbare (du moins un aventurier en quête de gloire) et ce ne sont pas quelques obstacles sur votre route qui vont vous effrayer. Comme le dit l’adage : « si ça saigne, ça peut se tuer avec une épée, et si ça ne saigne pas…bah ça peut se tuer quand même, avec une grosse épée » ; les primitifs incarnés ne sont pas reconnus pour la subtilité de leur raisonnement et privilégient largement la tactique du « dans le doute, tape encore »...
Les combats, notamment au corps à corps, reposent sur des combinaisons de coups à porter au bon moment, gagnant en complexité au fil de leur progression pour un résultat de plus en plus destructeur et impressionnant. Pour les mener à bout, il conviendra de taper au bon endroit (gauche/droite/face) dans un ordre précis. Et pour un maximum d’efficacité, il faudra également tenir compte de la défense de l’adversaire qui se portera d’un côté ou de l’autre, réduisant ainsi drastiquement les dégâts infligés sur les zones les plus défendues. Enfin, une attaque dans le dos annulera une bonne partie des bonus défensifs. Bref, frapper comme une brute c’est bien, mais ajouter un minimum de tactique (notamment avec un placement judicieux), c’est mieux. A niveau équivalent, il est risqué, voire mortel, d’engager plus d’un (ou deux si on aime le risque) ennemis, et ceux-ci se montreront impitoyables avec vous, même en début d’aventure. Malgré ce qu’on pourrait croire, AOC n’est pas un jeu pour bourrins, demande une certaine subtilité dans son approche et propose donc un challenge nettement plus relevé que la plupart de ses concurrents.
En récompense, vous aurez parfois l’occasion d’assister à une « fatalité », mise à mort particulièrement sanglante d’un adversaire dont il ne restera généralement après qu’un corps décapité ou un tas pulpeux de chair sanguinolente. Systématiquement accompagnées de gerbes de sang jaillissant jusque sur l’écran, ces mouvements finaux sont particulièrement jouissifs, et s’apprécient avec une pointe de sadisme sur le visage.
Abordons maintenant l’univers et l’histoire tournant autour de personnage. On commence le jeu en tant qu’esclave enchaîné aux rames d’une galère. Celle-ci, prise dans une tempête, ne tarde pas à sombrer dans les eaux profondes, au-dessus de ce qui fut autrefois l’Atlantide. Par une intervention presque divine, on se réveille néanmoins sur une plage de la petite île de Tortage, presque nu comme un ver et désarmé, mais en vie. Impossible de se rappeler sa propre identité, et le seul élément de réponse à cette question est une curieuse marque apposée sur le corps. Très vite, on croise une jeune femme attachée à un arbre, celle-ci s’avère être une catin de l’île, capturée par une tribu sauvage et promise en sacrifice à une divinité quelconque de ceux-ci. En échange de sa libération, elle accepte de nous conduire à la ville la plus proche, où l’on aura peut-être l’occasion d’en savoir un peu plus sur le moyen de rejoindre le continent pour échapper aux esclavagistes et assassins qui ne tardent pas à se présenter. Avec une arme de fortune trouvée sur la plage il faut d’abord traverser la jungle, mais rapidement, il s’avère que loin d’être un(e) simple esclave, notre avatar possède quelques rudiments dans l’art du combat (ou de la magie selon le choix), une énigme de plus à résoudre pour découvrir son identité.
Voilà en gros comment débute l’aventure dans AOC, dont l’île de Tortage n’est que le prologue, un simple échauffement avant de passer aux choses sérieuses. Très rapidement on retournera dans le territoire d’origine de la race choisie, avant de s’élancer vers les terres sauvages du vaste monde qui nous entoure. Au cours du voyage, on fera de multiples rencontres : aussi bien des populations locales désirant l’aide d’un sauveur que d’autres aventuriers ayant un bon coup (et quelques pièces d’or) à partager, sans oublier les autorités des territoires visités, toujours débordées par une menace X ou Y… Si les exploits accomplis (notamment au cours de la quête épique) sont suffisamment important, peut-être même aura-t-on l’occasion de rencontrer le roi Conan en personne.
Bref, on nage en plein récit épique, et les développeurs essayé de coller au mieux à l’œuvre littéraire de Robert E. Howard, aussi bien dans la narration et l’histoire que dans la représentation du monde. Si l’aspect graphique a (bien) vieilli depuis 2008, la direction artistique est irréprochable : on a véritablement l’impression de parcourir un univers qui oscille encore entre 2 voies. D’un côté les terres sauvages, peuplées de tribus plus ou moins agressives et de l’autre, quelques îlots de civilisations encore fragiles. Et pour couronner le tout, des démons et autres créatures maléfiques s’invitent chez les mortels. Il faudra les traquer et les éliminer pour ramener l’ordre, quitte à se servir de leurs pouvoirs pour arriver à un résultat satisfaisant.
Mais même en tant qu’adepte de la magie noir, on doit suivre le scénario prévu par les développeurs. Comprenez que même si on aimerait réveiller son côté « dark », et bien que les dialogues proposent des réponses plus ou moins colorées, le déroulement des quêtes reste globalement inchangé, et l’on fait partie du côté des « gentils » quoi que l’on décide. Pas de factions opposées, le seul personnage qui fasse autorité auprès des PJ dans ce monde sanguinaire, ça reste le roi Conan. Bien sûr, en rejoignant un des 2 serveurs JcJ (sur les 3 existants), on s’offre la possibilité de massacrer tous les joueurs qui croisent notre chemin, mais on prend également le risque de se faire éclater à la première rencontre, ce qui arrive plus vite qu’on ne le pense. Bref, réserver le JcJ aux aventuriers un brin sadomasochistes…
Si vous ne vous en doutiez pas encore à la lecture des précédents paragraphes, le jeu est classifié 18+, bref à réserver à un public mature. La violence, les mises à mort sanglantes, l’univers généralement glauque et gore sont bien entendu une des principales raisons.
Ensuite vient tout naturellement le thème de la sexualité et de ce point de vue, il ne manque plus au jeu que des séquences « d’amour » et de « romances » (avec beaucoup de guillemets) façon The Witcher & co pour être complet. Après tout, dans presque chacune de ses aventures, Conan finit avec une (voire plusieurs) femmes dans ses bras, avec qui les rapports sont généralement aussi passionnés que brutaux, primaires diraient certains.
Mais même sans cela, le contenu des dialogues est suffisamment explicite pour faire galoper l’imagination, et ce n’est pas un hasard si la première personne amicale avec qui on a la possibilité d’interagir est une prostituée court-vêtue… Et ce ne sera sûrement pas la dernière à faire tourner la tête du barbare que l’on incarne.
En parallèle de ça, d’autres sujets matures seront abordés, en brisant notamment un tabou des jeux-vidéos : les enfants. En plus d’être présents dans le monde visité, ceux-ci prendront régulièrement une part plus ou moins active dans les quêtes disponibles, parfois même en tant que victimes de mauvais traitements, de malédictions ou de la faim de créatures maléfiques. Et comme les aventures n’ont pas forcément droit à un happy-end dans ce jeu, j’imagine que certaines se révèleront particulièrement éprouvantes, aussi bien dans leur déroulement que leur conclusion.
Finalement, si je devais comparer le monde d’Hyboria à un autre, ce qui s’en rapprocherait le plus serait probablement l’univers de Berserk. Les connaisseurs n’auront pas besoin d’explications supplémentaires, j’invite les autres à découvrir le manga.
Vous l’aurez compris, Age of Conan est un jeu à réserver à un public mature, tant pour son univers retranscrit de manière assez fidèle de l’œuvre de Howard que sa violence ou les sujets qu’il aborde, sans oublier le challenge proposé par sa difficulté relevée. Bien que laissant la place aux erreurs de débutants, celle-ci peut se révéler frustrante aux yeux du profane qui n’aurait pas envie d’apprendre ou de s’adapter. Pour ceux qui souhaiteraient néanmoins tenter l’aventure, il propose une expérience pleine de promesses, à priori tenues (même si du chemin a été fait pour ça depuis sa sortie calamiteuse).