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« La grandeur de l’homme est dans sa décision d’être plus fort que sa condition. » – Albert Camus.

» Critique du manga Samidare par Maya* le
29 Octobre 2014
Samidare - Screenshot #1

Le monde est en péril.

Pour le sauver : Une princesse. Samidare, c’est son nom, est aidée par douze chevaliers-animaux, chacun d’entre eux étant accompagné d’une bestiole lui conférant son titre.

Yuuhi, notre héros, un étudiant des plus banals et appréciant la routine de son quotidien, se retrouve affublé du titre de chevalier lézard et d’une bestiole : Noi, ledit lézard.

Au début réticent et grognon, on suit l’évolution de sa relation avec la princesse, mais également son évolution en tant que personne. A force de flirter avec la mort et grâce aux rencontres exceptionnelles que sont les autres chevaliers, on voit son regard sur le monde et sur les autres changer, perdre en amertume et s’imprégner de ce sentiment si précieux : L’espoir.

N’est-ce pas que cela parait bien simple et niais ?
Vous pensez avoir affaire à un énième récit où des japonais courageux doivent sauver le monde ?

Oui. Mais en fait, non.

Là où Samidare apparaît initialement comme une simple série comédie-action-aventure, ce n’est que pour se révéler, assez vite, moins manichéenne qu’elle ne semble. Là où on s’attendrait à une lutte entre le bien et le mal, toutes les cartes sont redistribuées dès que les réelles intentions de notre princesse et de notre héros - devenu son fidèle serviteur -, se dessinent. Dès cet instant, il n’y a plus de doute possible, la suite ne peut que s’avérer des plus imprévisibles. Chaque volume apporte son lot de rebondissements et le récit nous tient en haleine tout du long, sans aucune fausse note.

Samidare - Screenshot #2L’auteur joue habilement des différentes relations entre les personnages : Amitié, fraternité, traîtrise, rivalité, mentor et pupille, romance, admiration… et au final, malgré tous les différends et ce feu d’artifices d’émotions réuni dans un même groupe,les chevaliers forment une grande famille dont nous avons l’impression de faire partie.

Si la mise en place du volet tranches de vie avec l’introduction et l’évolution des personnages peut sembler se faire longuette au détriment du volet action, on se rend vite compte que les deux volets sont consubstantiels et se fendent l’un dans l’autre. Les combats seraient bien moins intenses sans le teamwork (qui est assez peu mis en avant dans les séries du genre pour être grandement apprécié ici) et les stratégies élaborées auparavant, le développement de la psychologie des personnages serait bien moins percutant s’il ne faisait pas écho à leurs parcours en tant que combattants.

Même si Samidare et Yuuhi restent l’ancre de l’histoire, l’ensemble du casting est dignement traité, tout en évitant soigneusement le pathos malgré les tragédies qu’ils traversent.
Et sans même le réaliser tant la narration est subtile, on se laisse séduire par la volonté de Yuuhi, l’espièglerie de Samidare, la générosité de Hangetsu, le courage de Nagumo, la gentillesse de Kusakabe, la créativité de Shimaki, la bestialité de Mikazuki, l’amitié sincère et fusionnelle de Subaru et Yukimachi (la petite fille à couettes qui s’avère être l’un des personnages les plus GAR du manga), la fragilité de Akane, ou encore la force autant physique que mentale de l’impressionnante Yayoi. Et on ne s’attache pas seulement aux chevaliers mais également aux bébêtes qui les accompagnent. (D’accord, je l’avoue, j’ai passé tout le dernier volume à sangloter tant j’étais triste de devoir les quitter…)

Samidare - Screenshot #3Toutefois, il n’y a pas que les protagonistes qui soient réussis, les antagonistes le sont tout autant. A côté du Grand Méchant débraillé et fringué en pyjama, on retrouve Maimakterion, il m’est inconcevable d’écrire cette critique sans le mentionner, tant il a réussi à m’émouvoir. Ce personnage parvient à creuser la définition même de ce qu’est qu’être humain, tant il ne sait et on ne sait ce qu’il est, ce à quoi il aspire, ni pourquoi il existe. Sa quête n’est pas différente de celle des autres, et pourtant bien plus désespérée tant ses réponses ne se trouvent que dans la mort.

Et voyez-vous, on ne blague pas avec la mort dans ce récit, aucun personnage n’est à l’abri, le propos est sombre, celui qui meurt ne revient pas à la vie, l’auteur ne se décrédibilise pas et on a sincèrement peur pour les personnages et leur avenir. Malgré les tropes shonen que l’on peut retrouver, le titre les déconstruit et propose un parcours initiatique du héros jonché de pertes parmi ses compagnons d’armes.

Un parcours qui saura se montrer convaincant tout en sobriété, en évitant de tirer en longueur et dont la conclusion arrive à point nommé. Les dix volumes sont orchestrés avec une précision chirurgicale où l’auteur sait pertinemment où il emmène son héros comme son lecteur, sans perdre aucun des deux en chemin.

Samidare - Screenshot #4Graphiquement, il faut admettre que ce n’est pas très sexy. Ce n’est pas le genre de livre qui va vous attirer grâce à sa couverture, mais plutôt avec son contenu et sa réputation. Le dessin n’en sert pas moins dignement l’histoire, avec des traits expressifs et des planches de combat très dynamiques. Certains passages sont grossièrement dessinés, mais ça donne un certain style. Dans l’ensemble, ce n’est pas de toute beauté, mais définitivement en harmonie avec l’histoire et servant correctement le propos dans les moments de tension comme dans les moments plus calmes.

Pour conclure, je dirai que Samidare est un titre très reconnu dans la sphère otaque mais malheureusement encore très peu connu. Certains s’en amuseront en prétendant qu’il est réservé à l’élite, mais il n’en reste pas moins qu’il ne pourrait exister meilleur étendard à la culture manga tant il allie tout ce qui attise notre passion : Aventure, action, magie, romance, intrigue bien ficelée et personnages attachants.

On ne pourrait proposer meilleur titre pour représenter ce qu’on aime et ce qu’on cherche. S’il y en a encore parmi vous qui sont réticents au vu du synopsis complètement barré, ne vous y trompez pas, passer à côté de ce titre sous n’importe quel prétexte est une triste erreur que je regrette avoir moi-même longtemps commise.

Un hymne à la vie. Un hymne à la liberté. Une aventure humaine alliant humour et sensibilité, ainsi qu’une leçon de vie sur les principes à transmettre à la future génération. Une belle métaphore sur nos propres chaînes à briser afin de pouvoir déployer nos ailes et nous envoler le plus loin, le plus haut possible. Un saut dans le vide, dans l’incertitude, un saut en dehors du cocon de l’enfance peureuse.

Avant de pouvoir se considérer véritablement comme un adulte, il existe deux étapes dans la vie : L’avant Samidare, et l’après Samidare.

Verdict :9/10
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A propos de l'auteur

Maya*, inscrit depuis le 01/02/2012.
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