Attention spoil dans cette critique

Oula, je le sais en commençant cette critique : je m’attaque à gros. Je sens bien que je vais choquer, donc cette critique s’adresse aux lecteurs avisés supportant la critique d’un monument.
A ma première lecture de 20th century boy, je m’étais dit : tiens c’est pas mal du tout. Dessin sympa, intrigue obscure, personnage évoluant dans le temps…etc. Je n’étais pas loin d’être emballé, je dois le confesser.

Pour autant, un jour, j’ai prêté plusieurs tomes à l’un de mes frères dont le jugement fut sans appel : « heu ton truc c’est sympa, mais ça part trop en live et c’est n’importe quoi ». Intrigué je me demandais : étais-je passé au travers de quelque chose ? Mon existence était-elle un mensonge ?

J’entrepris donc de réitérer ma lecture. Et là, vlan ! Le nuage se dissipait. Tout ce qui n’était que charme auparavant s’évaporait dans un nuage de tristesses, laissant ainsi place à un désarroi sans nom. 20 th Century boy était bien moins bon que ce que je ne l’avais ressenti initiallement.

Mon frère avait raison.

Alerte spoil active à partir de ce moment :

Pourquoi donc me direz-vous ? D’un point de vue scénaristique, l’ensemble tiendrait presque la route si ce n’était 2 problèmes majeurs, incarnés par 2 personnages.

Tout d’abord Kenji : bien que disparu, et présumé mort on sent bien que ce personnage est la clé de voute du manga, et qu’il reviendra à un moment ou à un autre (en plus ce n’est pas comme si tous ceux qui était censés être mort ne réapparaissait pas comme par miracle chacun à leur tour). Le seul problème, c’est que l’auteur fait monter cette envie, indépendamment du fil logique du scénario. Qui peut croire un instant que ce personnage ne revienne qu’à l’approche de la fin de l’histoire, sous la forme d’un clochard hippie ? Qui peut croire à cette trop facile amnésie, qui l’aurait laissé dans un désespoir sans nom et l’aurai empêché d’intervenir à aucun moment au milieu de l’œuvre ? Dans ce cas, pourquoi revenir à ce moment ? Je veux bien que la culpabilité soit une forte émotion en soit, mais en fait………. De quoi se sent-il coupable ? D’avoir fui ? D’avoir été lâche ? C’est tout de même étonnant que ce sentiment, n’ai disparu qu’aussi longtemps après le début de l’aventure.

D’autant plus qu’on est en présence d’un personnage qui entretenait une relation fusionnelle avec Kana. Une telle absence m’apparait incohérente par rapport à cette dernière. A l’inverse, le culte que la nièce voue à son oncle me laisse perplexe, eu égard à l’âge qu’elle avait lors des évènements déclencheurs de l’intrigue.

Non, c’est à mon sens, et pardon si cela choque, du pur fan service. Il fallait qu’il revienne, alors quoi de mieux qu’un concert pour un ex musicien pour boucler la boucle ? Quitte à faire quelques chapitre sur son périples précédent son retour, pour habiller de cohérence ce dernier. Non décidemment, trop facile !

Autre problème : « Ami ». Autant la première partie est cohérente avec un personnage facilement identifiable et identifié. A ce niveau-là pas de problème de cohérence. Mais une fois le premier « ami » trucidé, c’est la foire au n’importe quoi. Déjà que la ficelle des gamins tendait à s’élimer (car oui, rajouter régulièrement des gosses dans les souvenirs, sans que personne ne s’en souvienne au départ, oui, ce n’est pas crédible) mais l’idée de recréer un méchant qui n’a finalement aucun lien avec l’histoire (en tout cas celle que l’on connait jusque-là), si ce n’est un lien créé à la va-vite, ça me laisse perplexe. Encore une fois, un manga qui n’a pas su s’arrêter où il aurait dû (mort de Fukamushi).

Autant à la première lecture, ce procédé n’est pas choquant parce que tu ne sais pas qui est ce deuxième « ami », et tu cherches dans la liste des protagonistes qui pourrait l’incarner. Autant lors de la deuxième lecture, tu sais que ce n’est quelque part qu’un anonyme. Et là ça devient bien moins intéressant. Qu’elle est l’enjeu de ce personnage, si personne ne le connait ?

Ajoutez à cela des grosses ficelles scénaristiques avec le retour peine prévisible de chaque protagonistes de début du manga tout au long de l’histoire, une importance démesurée accordée à une chanson, vous obtenez un scénario, qui, une fois l’effet de la découverte et l’effet de surprise passé, devient bien trop bancal à mes yeux pour être qualifié de chef d’œuvre.

Bon j’ai conscience que mes souvenirs se sont légèrement estompé par rapport à l’œuvre, que peut-être j’omets ou fausse quelques détails. J’imagine aussi que je passe au travers d’un certain nombre de choses, ou de symboles, avec le rapport à l’enfance, tout ça, mais je ne peux décemment pas attribuer à 20th century boy le titre de chef d’œuvre.

A ne lire qu’une fois, sous peine d’être éventuellement déçu comme moi.

Première lecture : 9/10 (oui, j’avais vraiment aimé, en fait)
Deuxième lecture : 3/10 (oui, j’ai vraiment plus aimé)
La moyenne des deux, donc