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Critique du manga Tsubasa Reservoir Chronicle

» par Deluxe Fan le
08 Septembre 2010
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Tsubasa Reservoir Chronicle : Super Smash Bros. Clamp

A force de lire les avis des uns et des autres sur le sujet, j’ai l’impression que Clamp est un peu au manga ce que… par exemple… Gainax est à l’animation : dès qu’on en parle, on a obligatoirement un débat acharné entre adorateurs chevronnés et détracteurs haineux. Et quand en plus il s’agit d’une œuvre connue et populaire, la discussion vire bien vite à la foire d’empoigne. Les avis que j’ai lu ici sont intéressants, mais ils sont pour certains malheureusement incomplets. Ayant lu le manga en intégralité (par X et Y moyens), j’espère écrire une critique qui, loin d’être la parole de Dieu, prendra en compte le maximum d’éléments.

Commençons par un point purement formel. TRC est-il un shôjô (spécialité de Clamp ?), un shônen ou un seinen ? J’aimerais dire que bon nombre des mangas de cet auteur échappent à la classification classique ; et TRC comme d’autres peut être aussi bien lu par des filles, des mecs, mais de préférence ados ou plus âgés. Simplement parce que loin d’être un manga fast-food comme le sont certaines séries, TRC demande à son lecteur une attention particulière pour bien renter dedans. Autre point important : il est vivement recommandé de maîtriser l’univers de Clamp, au risque de passer à côté de l’aspect très fan-service de ce manga-là (j’y reviendrai).

Si je passe autant de temps sur de tels détails, c’est que TRC a beaucoup été attaqué pour son côté complaisant à l’égard du lectorat de masse. Sur ce sujet, je dirais que je préfère un manga grand public qui ne se prend pas la tête, plutôt que l’ésotérisme qui rend certaines œuvres peu compréhensibles et les force à rester dans l’ombre. Je ne vise personne, bien entendu.

Ma critique aura pour but de montrer que TRC est le symbole de l’évolution d’un auteur, une évolution critiquable, mais qui va dans le sens qui me plaît (je dis un auteur, mais je sais qu’elles sont quatre, hein…).

Le dessin, d’abord. Je fais partie de ceux qui estiment que Clamp est parmi les auteurs les plus talentueux de leur époque. Et quand je parle d’une époque, je parle de… maintenant. Car oui, je préfère nettement ce que nous proposent les quatre filles de Kyōto dans des œuvres telles que Chobits ou même Code Geass, que le dessin ultra-typé shôjo d’un Sakura ou d’un Tokyo Babylon que personnellement je n’aime pas. Je ne pense donc que ce design hybride, très reconnaissable, est ce vers quoi le studio doit tendre pour imposer sa « marque ». Mais pour aller vite, niveau dessin, TRC balaye la concurrence d’un revers du crayon, sans problème.

Niveau scénar, deux points sont à considérer : le premier, c’est que l’histoire est très lente à démarrer, et qu’elle ne dévoile son plein potentiel qu’au bout du bout. Clamp a l’habitude d’écrire d’abord ses histoires en entier avant de les raconter, ce qui rend leurs scénarios, de mon point de vue, un peu plus cohérents et logiques que la concurrence. TRC ne fait pas exception : l’affaire des plumes à récupérer pour rendre sa mémoire à la demoiselle n’est que la partie émergée de l’iceberg. Le manga part très loin, et les personnages secondaires tels que Fay ou Kurogane s’avèrent moins secondaires que l’on pourrait le penser. Le défaut : la fin est du genre apocalyptique avec révélations de dernière minute, disparitions de persos importants et tutti quanti. Mais j’avoue qu’elle m’est complètement passée au dessus, trop compliquée pour un esprit simple comme le mien. Elle a cependant le mérite de répondre à toutes les questions, un exploit pour une histoire qui avait fini par atteindre des hauteurs vertigineuses dans ces derniers tomes. Dernière chose : le manga est du genre bien dramatique et violent quand il faut. On ne rigole pas des masses dans TRC. L’arc dans Tokyo dévasté, ou encore les flashbacks concernant les histoires de Kurogane et Fay sont à ce titre bien représentatifs d’un manga pas si grand public que ça, finalement (encore que la violence fait vendre, c’est bien connu).

Second point, particulièrement important, l’aspect cross-over de l’ensemble. Si je ne me trompe pas, TRC a été originellement écrit pour commémorer les vingt ans d’existence de Clamp. On retrouve donc des références à beaucoup d’œuvres du studio, comme X, Chobits, RG Veda, Ou Cat’s eye (bon celui-là il n’est pas de Clamp mais il y est quand même). Rien d’insurmontable pour un non initié, mais deux œuvres sont particulièrement représentées. Il s’agit de Card Captor Sakura, dont TRC reprend beaucoup de persos comme, bien évidemment, les personnages principaux Sakura et Shaolan. Certains ont accusé TRC de jouer la carte du fan-service sur ce point-là, et ils avaient en grande partie raison. Mais les auteurs sont malins : pour justifier tout cela, elles ont mis en place le système de mondes parallèles où les personnages sont les mêmes mais dans des situations différentes. Un système habile et très bien utilisé par la suite. Et pour combler le tout, on apprend lors d’un énorme flash-back dans les derniers tomes que [SPOIL ON] TRC n’est autre que la suite directe de CCS [SPOIL OFF], ce qui permet de voir le manga d’un tout autre point de vue. Ensuite, il faut savoir que TRC est un cross-over avec un autre manga de Clamp, xxxHolic. Je ne vais pas en parler beaucoup puisqu’à ce jour xxxHolic n’est pas terminé. Mais je dois dire deux choses : le lien entre les deux mangas ne se limite pas à une apparition ponctuelle de Yûko, il prend de l’importance au fil de l’histoire jusqu’à devenir particulièrement étroit. D’ailleurs je pense que ce système d’histoires qui s’imbriquent l’une dans l’autre est une excellente idée du point de vue marketing mais handicape lourdement les deux mangas. Un sacré caillou dans la chaussure, à mon avis.

(D’autant que d’un point de vue strictement personnel, xxxHolic est un pur manga dont l’intérêt doit être de l’ordre de cent fois celui de toutes les œuvres de Clamp réunies, à tous les niveaux.)

Il va falloir conclure. TRC est sans doute le blockbuster de Clamp, celui qui restera dans les mémoires, ne serait-ce que par sa longueur - 28 tomes, ça se remarque. Ce n’est pas mon favori, mais je pense qu’il s’agit d’un ajout appréciable dans la bibliographie de Clamp. Quand on compare à leurs précédentes créations, on ne peut que noter l’évolution, l’innovation dans leur style, qui conquerra les amateurs modérés comme moi. Et puis si ça peut servir de passerelle pour aborder les autres mangas du studio, c’est que le manga aura atteint un de ses principaux objectifs (ça n’a pas raté pour moi).

Enfin pour répondre aux jeunes filles hystériques de la Japan Expo 2009 (j’y étais), je leur dirais que la fin du manga répond amplement à leurs attentes concernant la relation Sakura-Shaolan… Mais n’hurlez pas la prochaine fois !

Les plus

- Le dessin dynamique et très détaillé

- Une réelle évolution du scénario, qui prend son temps

- Le destin parfois cruel des personnages

- Tout le casting de Clamp est de sortie

Les moins

- Les amours platoniques de Clamp. Je vous déjà dit que j'aimais pas ça ?

- Les derniers tomes sont un pur mindfuck

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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